Auguste Brouet - le journal2024-02-22T13:04:30+00:00urn:md5:d3720dec99d2daf6ef9c89a9fb060287DotclearMeilleurs voeux pour l'année 2023 !urn:md5:f184bba48c5909cff4139bb37a29efa72023-01-22T20:00:00+00:002023-01-23T20:31:50+00:00Etienne Barthel <div><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/recueil.png" title="recueil.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.recueil_m.png" alt="recueil.png" style="margin: 0 auto; display: block;" title="recueil.png, janv. 2023" /></a></div>
<div style="width:60%; margin-left: auto; margin-right: auto;text-align:center;"><strong>Quelques vues d'un volume relié d'eaux-fortes de Brouet provenant de la collection de Jean Borderel. De gauche à droite, le <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/403.htm">Portrait d'Edmond de Goncourt</a>, trois épreuves du <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/50.htm">Marchand de Mouron (2e planche)</a> et le <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/151.htm">Maquillage</a>, épreuve dédicacée à Borderel. Les deux derniers sont des illustrations de menu offertes par Borderel à l'occasion des banquets des Amis des Livres.<br /></strong></div>
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<div>Comment, l'année 2022 est déjà terminée ? Officiellement oui, mais à vrai dire pour ce blog, non ! Car le billet annuel millésime 2022 est toujours en cours de maturation. Et pourquoi un tel retard ? Parce que 2022 sera une très bonne année ! Qu'on en juge : le sort fit tomber un beau recueil entre mes mains, et voilà : son commanditaire n'est autre que M. Borderel. Oui, Jean Borderel dont par 7 fois Boutitie a écrit : "La planche appartient à M. Borderel". Et à chaque fois il y a eu banquet pour les Amis des Livres et à chaque fois M. Borderel les a régalés... d'un menu illustré par Brouet. Kudos ! </div><div>Pour le billet 2022, je conçus donc l'idée d'enquêter sur Jean Borderel, cet inconnu dont l'ombre dépasse derrière presque chaque page du catalogue raisonné. Je me suis plongé dans les archives. Je me suis plongé dans la presse. Dans les rapports du conseil supérieur du travail. Dans des livres. Une carte postale d'Adèle à Louise : Albert est venu la chercher en voiture ! (1904). Et comme ces statues antiques qu'on dégage peu à peu des sédiments marins, où chaque effort précise un détail, ou révèle l'attache puissante d'un élément nouveau, et quelquefois projette le récit d'un coup dans une dimension insoupçonnée, les linéaments du personnage semblent s'étendre sans limite : Jean Borderel est plus grand que nature, c'est un géant ! Tour à tour inventeur, philanthrope, charpentier bibliophile, escrimeur à la plage, esthète bâtisseur, il est aussi collectionneur progressiste ou despotique, c'est selon, et lecteur du Gaulois fortuné, et constructeur d'automobiles... à six roues. Et encore, je n'ai parlé ni de Ravachol, ni du procès de Thérèse Lambert ! Comment donc écrire sur Jean Borderel une notule, en hâte, un 29 décembre à 22h00 ? Un peu de patience...</div><div>Alors, et pour 2023 ? Eh bien, mes voeux les meilleurs !</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/22/Meilleurs-voeux-pour-l-ann%C3%A9e-2023-%21#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/85M. Borderel, bibliophile et charpentier (I)urn:md5:0f1dec6a482456270a2ecc6d19fbccbd2022-12-31T23:59:00+00:002023-01-30T06:57:10+00:00Etienne Barthel<p>Le 5 mars 1926, Brouet reçoit un visiteur de marque à son atelier, au 1er étage du 4 rue Camille Tahan : c'est Jean Borderel, venu voir quelques estampes, et qui repart avec un Coin de la Rue Lepic et deux états du Cirque ambulant. Pour les amateurs de Brouet, ce nom n'est pas inconnu : le catalogue Boutitie mentionne plusieurs planches dont les cuivres "appartiennent à M. Borderel". Qui est-il ?</p> <h2>L'estampe, le délassement du travailleur industriel</h2>
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<div class="illustration gauche" style="width:20%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/exlibris_9039.jpg" title="Ex-libris Lotz-Brissonneau/Lepère"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.exlibris_9039_s.jpg" alt="Ex-libris Lotz-Brissonneau/Lepère" title="Ex-libris Lotz-Brissonneau/Lepère, janv. 2023" /></a><center><a href="http://art-exlibris.net/exlibris/9039?query=person-6418&pt=owner">Ex-libris d'Alphonse Lotz-Brissonneau</a> par Auguste Lepère (L.-B. 111)</center></div>
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Nous avons déjà évoqué ici brièvement <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/04/21/L-amateur" title="les amateurs d'estampe" class="http">les amateurs d'estampe</a>. Avec Prouté, nous avons côtoyé le rentier, le médecin, le professeur de droit, le magistrat... et négligé beaucoup d'autres. Jean Borderel nous donne l'occasion de rouvrir le grand répertoire des amateurs d'estampe à la page des homme de l'art... industriel. Le genre est intéressant : il s'épanouit sous une IIIe République marquée par une irrépressible ébullition entrepreneuriale et de larges errements esthétiques. Parmi ses représentants, nous avons déjà fait connaissance avec <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/03/18/Un-courrier-de-Georges-Grignard" title="Georges Grignard." class="http">Georges Grignard</a>, homme d'affaire, agent en France de la société britannique Grafton, qui fabrique des indiennes, et aussi collectionneur. Nous avons également suivi la carrière de <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/08/25/Boutitie" title="Gaston Boutitie" class="http">Gaston Boutitie</a>, ingénieur de l'Ecole centrale qui s'intéressa à l'automobile et à l'éclairage au gaz avant de se consacrer à l'édition d'art. Nous avons également mentionné Albert Bonabeau (1873-1972), entrepreneur de travaux publics (avec une spécialité de travaux maritimes) et peintre et sculpteur amateur à ses heures : le catalogue Boutitie lui doit beaucoup et nous lui consacrerons "bientôt" la note approfondie qu'il mérite. Emblématique du genre, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alphonse_Lotz-Brissonneau" title="Alphonse Lotz-Brissoneau" class="https">Alphonse Lotz-Brissoneau</a> (1840-1921), patron d'<a href="https://patrimonia.nantes.fr/home/decouvrir/themes-et-quartiers/brissonneau.html" title="industrie mécanique" class="https">industrie mécanique</a> et grand amateur de gravure, tout particulièrement nantaise. Egalement catalographe, tout comme Grignard et Boutitie, il fut un thuriféraire de Lepère, qui grava pour lui un ex-libris <a href="https://ia600200.us.archive.org/1/items/loeuvregravedeau00lotz/loeuvregravedeau00lotz.pdf" title="(Lotz-Brissoneau n° 111)" class="https">(Lotz-Brissoneau n° 111)</a> représentant "la Gravure, le Livre et les Arts intéressant et reposant le travailleur industriel". Un programme iconographie prometteur, ici traité de façon très classique puisqu'on y distingue "à gauche une femme assise, vue de dos, l’épaule découverte, la main droite appuyée sur un carton entr’ouvert, [qui] tient un livre de la main gauche ; à droite, un homme nu accroupi masque une roue dentée ; son regard se dirige sur le livre que tient la femme. Au fond, des cheminées d’usines." Poussin n'aurait pas mieux fait. Après tout, l'ex-libris est un ornement intime, et on admettra volontiers une certaine candeur dans l'allégorie... Bref, avec Bonabeau et Lotz-Brissoneau, on voit que les patrons d'industrie ce sont pas en reste : Jean Borderel est un des leurs.
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<h2>Le gendre idéal</h2>
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En 1865, Antoine Borderel, charpentier, décède à Argenteuil à l'âge de 35 ans, laissant derrière lui quatre enfants et une veuve. Fort heureusement, celle-ci sut faire face à l'adversité : elle s'établit marchande de nouveautés<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup>, réussit à marier assez bien ses deux filles et plaça ses deux fils, il est vrai vifs et industrieux, chez des artisans des environs. Ernest, le cadet, d'apprenti serrurier parviendra assez vite à la tête de son entreprise et saura lui donner une enviable réputation parmi les ferronneries d'art parisiennes en s'assurant les services de collaborateurs de premier plan, d'abord Emile Robert au tournant du siècle, puis <a href="https://madparis.fr/coiffeuse" title="Raymond Subes" class="https">Raymond Subes</a> dans l'entre-deux-guerres. Quant à Jean, l'aîné, il suit la tradition familiale et entre au service d'un certain François Bernard, entrepreneur en charpente. Moins de lustre ici, quoique la maison ait bénéficié en 1878 d'un brutal coup de publicité, à la suite d'une des premières catastrophes industrielles parisiennes. En effet, <a href="http://vergue.com/post/686/Catastrophe-rue-Beranger" title="le 14 mai, au 22 de la rue Béranger" class="http">le 14 mai, au 22 de la rue Béranger</a>, une explosion souffle l'immeuble : c'était un commerce en gros de... jouets d'enfant qui possédait un stock considérable d'amorces en chlorate de potassium. Appelé de toute urgence par la préfecture, François Bernard assure alors l'étayage des immeubles attenants : sa diligence lui valut les éloges du préfet et la légion d'honneur.<br />
Son établissement était situé à l'extrémité de la rue de Clignancourt, au n° 135, dans ce quartier populaire<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> qui s'étend de Montmartre aux fortifications, accoté à la voie ferrée du Nord. L'époque était favorable aux métiers de la construction : Paris est en pleine fièvre ! On rénove les quartiers centraux tout en conquérant les espaces périphériques. On construit force hôtels particuliers, immeubles de rapport ou bâtiments publics, on restaure et orne les édifices anciens, le tout pour le plus grand profit des entreprises du bâtiment. Dans cette atmosphère de prospérité, le jeune Borderel, d'une intelligence et d'une activité peu communes, sait s'attirer les bonnes grâces du patron, qui lui donne sa fille, Adèle, en 1879, avant de lui confier les rênes de son établissement en 1882<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> .
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<h2>Le charpentier et l'entrepreneur</h2>
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<div class="illustration droite" style="width:55%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/PXL_20230121_104406690_.jpg" title="plancher_Borderel"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/PXL_20230121_104406690_.jpg" alt="plancher_Borderel" title="plancher_Borderel, janv. 2023" /></a><center>Dépliant pour les planchers Jean Borderel, vers 1900 (?).</center></div>
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Que fait un charpentier-entrepreneur parisien à la fin du XIXe siècle ? On trouve de tout dans son carnet de commande, de la charpente de l'hôtel particulier de Mme Montero de Arguelle au <a href="https://www.retronews.fr/journal/la-loi/7-juillet-1901/1703/3724695/1?from=%2Fsearch%23allTerms%3D%2522J.%2520Borderel%2522%26noneTerms%3DSteinheil%26sort%3Dscore%26publishedBounds%3Dfrom%26indexedBounds%3Dfrom%26tfPublicationsOr%255B0%255D%3DMidinette%26excludePublications%3Dtrue%26advancedUi%3Dtrue%26page%3D1%26searchIn%3Dall%26total%3D5326&index=4" title="5 de l'avenue Hoche" class="https">5 de l'avenue Hoche</a> à la construction de <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57905427/f40.item.r=%22Borderel" title="pavillons légers, démontables et transportables, avec abri pour automobile, voiture ou chevaux, pour les besoins de l'empire colonial" class="https">pavillons légers, démontables et transportables, avec abri pour automobile, voiture ou chevaux, pour les besoins de l'empire colonial</a> français, en passant par l'occasionnelle intervention de réfection sur la<a href="https://www.retronews.fr/journal/l-humanite/22-avril-1908/40/291137/1?from=%2Fsearch%23allTerms%3D%2522Borderel%2522" title=" Gare du Nord" class="https"> Gare du Nord</a>. Mais les métiers de la charpente ne sont pas que bâtisseurs. Remédier aux inévitables désordres, parfois dramatiques, qui ne manquent pas d'advenir — affaissements, effondrements rapportés avec gourmandise par la presse populaire, surtout quand il y a des victimes — requiert aussi les services des hommes de l'art. Et les autorités semblent bien connaître Borderel et faire volontiers appel à lui pour des accidents de toute nature qui nécessiteraient soudain levage, étayage ou soutainement. Et ils sont fréquents : des immeubles parfois <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k535775k/f3.image.r=Borderel?rk=493564;4">s'effondrent sans prévenir</a> ; et Montmartre tout entier est <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5345024/f2.item.r=Borderel.zoom">bâti sur des carrières</a>... Quand ce n'est pas la fatalité, c'est l'intention dolosive : au début des années 1890, des pétards en tout genre continuent d'apporter au charpentier quelques affaires retentissantes : on est en pleine vague d'attentats anarchistes... Et c'est Borderel qui, en 1892 rue de Clichy, déblayera l'<a href="https://www.retronews.fr/journal/le-petit-journal/29-mars-1892/100/413701/2?from=%2Fsearch%23allTerms%3D%2522J.%2520Borderel%2522">immeuble du substitut Bulot</a> soufflé par la bombe de Ravachol et en étayera les maisons voisines ; et à nouveau quelques mois plus tard, après l'<a href="https://www.retronews.fr/politique/echo-de-presse/2018/11/19/1892-attentat-anarchiste-commissariat-des-bons-enfants" title="attentat de la rue des Bons-Enfants" class="https">attentat de la rue des Bons-Enfants</a> perpétré par Emile Henry... <br />
Mais si dans les pas de Borderel, le bâti de Paris semble assez précaire, ce sont bien ses activités de constructeur qui trouveront leur consécration lors de l'exposition universelle de 1900 où il apparaît sur tous les fronts. Il sera bien sûr exposant dans la section "Charpente", mais il recevra également la commande de deux pavillons pour l'esplanade du Champ de Mars, ainsi que la passerelle de circulation piétonne d'Antin, terminée dans la hâte, sur réquisition, la veille de l'inauguration. Il est vrai que l'avancement des travaux avait été ralenti par une grève des ouvriers charpentiers, en janvier. Et c'est bien sûr Borderel qui négociera une fin rapide à cette grève, intervention qui illustre une autre facette de sa personnalité : la patron à fibre sociale<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> . Bref, en 1900, Borderel triomphe et son activité bouillonnante lui vaudra bientôt la <a href="https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/44175#spotlight" title="légion d'honneur." class="https">légion d'honneur.</a><br />
On voit aussi au tournant du siècle ses champs d'action s'étendre : les établissements Borderel se divisent et se multiplient. La charpente en bois est dangereusement concurrencée par le métal ? Qu'importe ! C'est lui qui construira l'ossature métallique de (l'infortuné) casino de Trouville, dont il sera d'ailleurs aussi le promoteur<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup> . Il pressent un resserrement du marché de la charpente ? Il ajoute à son offre les parquets — la concurrence de l'acier y est d'ailleurs moins à craindre... Les lames de chêne viennent de la forêt de Marchenoir où un chantier d'exploitation s'est installé à la lisière d'une chênaie. Vers 1910, cette branche de l'entreprise est si prospère et qu'elle se transporte rue Letort où s'ouvre une succursale<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> . </p>
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<div class="illustration gauche" style="width:35%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/PXL_20210404_162433753_.jpg" title="Six_roues_Borderel"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/.PXL_20210404_162433753__m.jpg" alt="Six_roues_Borderel" title="Six_roues_Borderel, janv. 2023" /></a><center>Carte postale publicitaire illustrée par Louis Morin pour l'automobile à six roues Jean Borderel, vers 1908.</center></div>
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Dans les nouveaux marchés, où s'arrêter ? Le XIXe siècle est une période baroque où la technique et l'économie se développement dans un esprit très libéral : le registre des possibles paraît s'étendre à l'infini, sans limites ni dans les esprits ni dans les lois ni dans les moeurs. Un les expérimentations les plus débridées se répandent sans grand frein et à côté des artisans établis et des industriels en pleine gloire, les Bouvard et Pécuchet de la technologie, avançant en rangs serrés, courrent après la trouvaille lucrative qu'ils s'efforcent de placer auprès du public à grand renfort de publicité souvent tapageuses. Outrepassant la simple évolution technologique, même rapide, d'un métier il est vrai assez traditionnel, le charpentier Borderel va adhérer très largement à l'esprit de son temps.<br />
Il produit brièvement, vers 1908, un poële à gaz en fonte (breveté en France et aux Etats-Unis). Le poële Borderel, "élégant et hygiénique"<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup> assure une parfaite combustion du carburant et supprime tout risque de dégagement de monoxyde de carbone. Ornés de motifs plus ou moins colorés en émail, on peut encore en trouver quelques exemplaires sur <em>le Bon Coin</em> (mais seulement pour la décoration, nous précise-t-on) au prix modique de 60 € (prix neuf : 33 francs il y a un siècle). Pourquoi s'est-il intéressé aux poëles ? Mystère. Mais surtout, Borderel va, comme beaucoup, cèder devant les séductions de l'automobile. Il développe avec l'entreprise Cail, fabricant de matériel ferroviaire à Denain, un véhicule à... six roues, avec deux essieux directeurs, l'un à l'avant, l'autre à l'arrière ! Cette particularité est-elle héritée du wagon ou de la charpente ? En tout cas, tout celà est affaire de chassis et on espère qu'ainsi le véhicule, stabilisé par un système de balancier, permettra "la réalisation de cet idéal qu'est la suppression du pneumatique". Se contentant de bandages pleins, il sera plus simple à fabriquer et à entretenir. Ainsi, pendant ces quelques années, on voit Borderel arpenter le Salon de l'Automobile et faire la promotion de son invention, fabriquée à Suresne. Ainsi dans ce numéro de l'Auto-Vélo, à la question "Convient-il d'avoir un Salon de l'Auto annuel ?" il répond après le président de l'ACF, le marquis de Dion, que... il faut voir ! On notera aussi en pied de page, un intrigant <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46237071/f3" title="concours de... pannes" class="https">concours de... pannes</a> (ou plutôt de réparation)<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-8" id="rev-pnote-8">8</a>]</sup> . Entrefilet prémonitoire ? En tout cas, peut-être trop en avance sur son temps, la Borderel à 6 roues ne semble pas trouver son marché et disparaît assez vite. D'ailleurs le pneumatique a plutôt prospéré. Et si on trouve le nom de Borderel sur la liste des engagés pour la course du Circuit européen (endurance) en 1900 et 1906, on n'a pas de détails sur sa partipation aux épreuves<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-9" id="rev-pnote-9">9</a>]</sup> . Dès lors, de la passade de Borderel pour l'automobile ne subsistera que le "garage modèle" qui, situé "au milieu du quartier des automobiles" (plus précisément au 46 rue Saint-Ferdinand, soit immédiatement voisin de... G. Grignard), propose toutes réparations d'automobiles pour des prix raisonnables<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-10" id="rev-pnote-10">10</a>]</sup> .
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<h2>Le patron</h2>
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Si à titre privé Borderel est un <a href="https://www.retronews.fr/journal/la-petite-republique/10-septembre-1900/667/1645443/2?from=%2Fsearch%23allTerms%3D%2522J.%2520Borderel%2522" title="philanthrope" class="https">philanthrope</a>, il fait également preuve d'une conscience aigüe de la responsabilité sociale des entreprises dont il sera sa vie durant un inlassable promoteur. Apôtre engagé, il présida avec autorité, pendant plusieurs décennies, le Groupe des Chambres Syndicales du Bâtiment et participa aussi de manière très active à la Commission permanente du Conseil supérieur du Travail, puis se fera élire en 1919 à la Chambre de Commerce. Partout il défend des vues progressistes visant à améliorer les conditions d'existence des ouvriers. Il est un ardent partisan de l'apprentissage, la formation professionnelle, l'assurance et les retraites. Prônant des approches de bon sens, il recherche avec constance l'intérêt mutuel bien compris et la négociation<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-11" id="rev-pnote-11">11</a>]</sup> . L'échange qui suit<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-12" id="rev-pnote-12">12</a>]</sup> , à l'occasion de la fête annuelle des Chambres Syndicales du Bâtiment, qui se tint à la Sorbonne, donnera un aperçu de ses principes et de ses positions :</p>
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"M. le président Borderel. dans un discours très applaudi, a fait l’énumération des diverses oeuvres créées par le groupe pour aider au mieux-être des ouvriers et récompenser ceux qui par leur zèle, leur probité, se sont particulièrement distingués, qu'on honore aujourd’hui et qui servent d’exemple aux bons travailleurs sachant résister aux théories révolutionnaires. M. Métin, [le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, qui préside la cérémonie,] prend ensuite la parole. [...]</p>
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<em>Vos paroles évoquaient dans mon esprit ces mots d’un grand industriel de Mulhouse : « Le patron n’a pas donné tout ce qu’il doit à l’ouvrier lorsqu’il a payé le salaire. » Si le précurseur auquel je faisais allusion pensait surtout à la bienfaisance individuelle, votre président va plus loin avec toute son époque. Au nom de votre groupement, il affirme le devoir pour le gouvernement de la République d’assurer à chaque travailleur l’assurance, l'encouragement à la prévoyance sous une forme qui ne laisserait rien à l’arbitraire... Il ne s’agit point ici simplement de l'obéissance que tout citoyen doit aux lois, mais d’une adhésion à leur principe. Parmi les nombreuses institutions corporatives décrites par M. Borderel, il en est une à laquelle il convient de donner le plus tôt possible la même vie qu’aux autres : c’est la caisse syndicale dont la constitution est annoncée pour l’application franche et loyale de la loi des retraites ouvrières, suivant l’expression de M. Borderel. Intéresser les organisations professionnelles aussi bien que la mutualité à l’administration de leurs propres affaires, c’est contribuer a l’éducation de la démocratie.</em><br />
Prenant [pré]texte du cadre artistique et littéraire dans lequel se déroule la fête, M. Métin conclut en montrant que « la République honore également toutes les formes du travail et qu’en s’attachant à une nécessaire et indispensable amélioration matérielle elle prépare l’élévation intellectuelle et morale de tous les citoyens. »</p>
</blockquote><br />
On note aussi que Borderel, homme de terrain résolument pragmatique, recherchait semble-t-il également une certaine profondeur d'analyse : en témoigne son <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5447024n/f247.image.r=Borderel" title="adhésion" class="https">adhésion</a> à la société internationale de Sciences Sociales, que l'on mettra en parallèle de son abonnement au <em>Gaulois</em> : le quotidien d'Arthur Meyer, assez à droite, était peu enclun à chasser sur les terres de Jaurès... Pourtant, lors des grêves de 1908 en faveur de la journée de 9h, l'attitude de Borderel — il impose la journée de 8 heures à ses ouvriers qui en restent tout interdits — lui vaut les <a href="https://www.retronews.fr/journal/l-humanite/24-avril-1908/40/291135/2" title="louanges" class="https">louanges</a> de l'<em>Humanité</em> ! Louanges conditionnelles néanmoins, le journal redoutant "un piège". C'est donc avec une exagération finalement somme toute modérée que Lamathière, dans son Panthéon de la Légion d'Honneur, put célèbrer en Borderel une "vie consacrée au travail et à la philanthropie"<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-13" id="rev-pnote-13">13</a>]</sup> .
<h2>La vie bourgeoise</h2>
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<div class="illustration droite" style="width:45%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/s-l1603.jpg" title="Villers_sur_Mer_Borderel"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/.s-l1603_m.jpg" alt="Villers_sur_Mer_Borderel" title="Villers_sur_Mer_Borderel, janv. 2023" /></a><center> Vue de la plage de Villers-sur-Mer, vers 1900. On aperçoit le pignon de la villa Myosotis, la villégiature d'été de M. et Mme Borderel, à l'arrière plan, juste derrière l'homme à la canne, à la hauteur de son canotier (vers 1905 ?).</center></div>
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<p>
Le succès professionnel de Borderel se traduit par une élévation sensible de train de vie. Est-ce une marque d'évolution sociale ? A partir de 1892 et pendant une dizaine d'années, les Borderel sont pris de passion pour le sport, alors un passe-temps pour riches<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-14" id="rev-pnote-14">14</a>]</sup> . Et si l'on considère la hiérarchie des sports au tournant du siècle, juste en dessous des sports équestres vient l'escrime, passion familiale des Borderel. Ils pratiquent avec assiduité à la salle Leconte-Cherbouquet, 81 rue Saint-Lazare, mais aussi dans de multiples rencontres que l'on pourrait presque qualifier de mondaines - poule à l'épée l'après-midi dans leur jardin, assaut à la salle du Figaro,... - puisque rapportées dans les feuilles spécialisées en des alinea fleuris<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-15" id="rev-pnote-15">15</a>]</sup> . D'ailleurs, un ouvrage consacré aux salles d'armes parisienne<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-16" id="rev-pnote-16">16</a>]</sup> nous propose les portraits sommaires, mais vraisemblables, des trois Borderel :</p>
<ul>
<li>Borderel, Jean. — Gaucher difficile, tireur de tempérament qui bondit, marche, court et touche.</li>
<li>Borderel, Ernest. — Frère du précédent, moins fort, mais plus académique, plus tenu.</li>
<li>Borderel, Albert (Fils de Jean). — A peu d'armes, mais plein de volonté, adroit, audacieux dans ses attaques; un peu plus de travail, gare les lames et gare les vestes.</li>
</ul>
On remarque également à la salle d'arme une élite variée de banquiers, artistes, hommes de loi ou hommes de sciences en vue et encore, pour le decorum, quelques nobles d'origine étrangère. Extraits choisis :<br />
<ul>
<li>Daudin Henri. — Tireur de bons moyens, appliqué, donnera des résultats. Esthète es armes et peintre de talent [1864 - 1917].</li>
<li><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Sir_Charles_Dilke,_2nd_Baronet" title="Dilke, Sir Charles" class="https">Dilke, Sir Charles</a><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-17" id="rev-pnote-17">17</a>]</sup> . — de toute première force au fleuret et à l'épée, ne traverse jamais le détroit sans venir croiser la lame, en casser au besoin un nombre dont tressaillent les novices.</li>
<li>Falize, André<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-18" id="rev-pnote-18">18</a>]</sup> . — Jeu délicat, fin, serré, uni, fait très bien ; et Falize, Jean. — Frère du précédent, fera un gaucher puissant et dangereux.</li>
<li>Fumouze, père<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-19" id="rev-pnote-19">19</a>]</sup> . — Tireur posé, belles passes, phrasant classiquement, chaudement ; Fumouze, Marcel. — Fils du précédent, difficile, très difficile à l'épée ; et Fumouze, Paul. — Frère du précédent, bonne main, donne déjà d'excellents résultats ; quelques efforts encore, et la lutte publique est au bout.</li>
<li>Gallimard, Gaston<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-20" id="rev-pnote-20">20</a>]</sup> . — Bonne vitesse, du goût, de la main et de l'entrain ; et Gallimard, Raymond. — Frère du précédent, passionné pour les armes, s'obstine à bien faire, s'applique à prouver qu'on peut progresser en peu de temps.</li>
<li><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Robert" title="Robert, Henri" class="https">Robert, Henri</a><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-21" id="rev-pnote-21">21</a>]</sup> . — Je ne dirai point que cette illustration du Barreau manie aussi bien l'épée que la parole et qu'il soit aussi habile à la salle d'armes qu'à la Cour d'Assises; je dirai simplement que ce vaillant et si sympathique avocat est d'une très belle force à l'épée et que les quelques courts instants qu'il peut passer à l'escrime y sont employés en vue du progrès qui s'accentue à chaque nouvelle séance.</li>
<li>Rothschild, Baron Edmond de<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-22" id="rev-pnote-22">22</a>]</sup> . — Fort tireur d'épée qu'il pratique avec passion ; Rothschild, James-Armand. — Fils du précédent, a laissé le fleuret pour se consacrer absolument à l'étude de l'épée qu'il manie avec beaucoup d'autorité ; et Rothschild, Maurice. — Frère du précédent, mordant, actif, nerveux, fait réellement fort et prend chaque jour un peu de l'acquis de ses professeurs.</li>
</ul>
et encore bien d'autres...
<p>
La situation personnelle de Borderel est même chaque jour plus florissante ! Vers 1900 il achète une parcelle et y fait bâtir un immeuble. C'est ainsi qu'il transporte sa demeure du XVIIIe arrondissement au 16 rue Alfred de Vigny, au coin du parc Monceau, un quartier récemment aménagé par les frères Pereire<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-23" id="rev-pnote-23">23</a>]</sup> . Les nouveaux voisins sont des banquiers d'affaires, des industriels, des généraux, des diplomates... Dans la seule rue Alfred-de-Vigny, on note en 1907, Reynaldo Hahn le compositeur, salonnier notoire, ami intime de Proust et familier du salon de Madeleine Lemaire (au 9), Emile II Pereire, fils d'Emile Pereire, le banquier d'affaire (au 10 - madame reçoit le vendredi), Edmond Bapst, l'ambassadeur (au 12), Fernand Gavarry, ministre plénipotentiaire (au 14 - madame reçoit le jeudi)<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-24" id="rev-pnote-24">24</a>]</sup> . De plus, à partir de 1904, on va aussi apercevoir M. et Mme Borderel à Villers-sur-mer, où ils ont fait acquisition de la villa Myosotis, qui donne directement sur la promenade... des planches, le front de mer ! Leur villégiature d'été dure habituellement de juillet à septembre<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-25" id="rev-pnote-25">25</a>]</sup> .
</p>
<p>
Cette aisance manifeste ne semble cependant pas s'être ensuivie de changements profonds dans le mode de vie de Jean Borderel, qui reste celui d'un bourgeois aisé, discret et laborieux. On ne voit pas que Mme Borderel ait pris un jour. Une correspondance partie de la villa Myosotis est adressée à un certain Jacques Fontane : son oncle Edouard est président du syndicat général de garantie des chambres du bâtiment -- un collègue ; d'autres à Louise, épouse de M. Torcheux, cultivateur dans la Beauce, ou encore à Elisabeth, épouse de M. Pux, professeur de sciences<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-26" id="rev-pnote-26">26</a>]</sup> . Et Mlle Borderel épousera en 1922 un commerçant du boulevard Ornano, dans le quartier de Clignancourt, Robert Douillet, grossiste en mercerie<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#pnote-27" id="rev-pnote-27">27</a>]</sup> . Rien donc qui trahisse une ambition sociale manifeste.
</p>
<p>
Borderel aura donc laissé une empreinte par la construction de nombreux bâtiments. C'est sans doute la fréquentation de Villers-sur-Mer qui l'a conduit à monter un projet d'érection d'un nouveau casino à Trouville - Succès d'architecture métallique, l'établissement se révèlera un cuisant echec commercial. Il a aussi laissé des traces de son influence sur l'organisation sociale du travail sous la IIIe République. Il a tâté de l'automobile, et même brièvement de la politique. Mais le domaine dans lequel il a absolument laissé son nom, c'est la bibliophilie. Dans le prochain billet, nous traiterons de Borderel le bibliophile, des mille et un volumes de sa bibliothèque (éditions originales et illustrés modernes) et de l'épais recueil d'estampes d'Auguste Brouet qui s'y trouvait.
</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] Argentueil, recensement de 1872, rue du Port n° 9. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] Mme Brouet mère y vécut d'ailleurs un temps, au 9 de la rue Boinod, dans les années 1890. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] Mariage le 29 octobre à Paris 18e - procuration le 23 juin 1882.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] "La maison Borderel, de Paris, exposait des modèles de combles en charpente, fer et bois, des dessins et photographies de nombreux et importants travaux exécutés, notamment dans les domaines de Chambly (Oise) et de Villechétive (Yonne) et à divers palais de l'Exposition à l’Esplanade des Invalides, etc.; en raison de la compétence et du soin avec lesquels les travaux exposés ont été exécutés, le Jury a décerné à la maison Borderel une médaille d’argent." <a href="https://archive.org/details/rapportsdujuryin61expo_0/page/40/mode/2up?q=Borderel">Rapport du jury (1902) groupe VI 1ere partie p. 41</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] On en trouvera un descriptif précis <a href="http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.75/596/100/647/5/637" title="ici" class="http">ici</a>, juste avant un intéressant essuyeur rallonge-plumeau qui mérite lui aussi le détour,</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-8" id="pnote-8">8</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-9" id="pnote-9">9</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-10" id="pnote-10">10</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-11" id="pnote-11">11</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-12" id="pnote-12">12</a>] Le Petit Moniteur universel, 15 décembre 1913.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-13" id="pnote-13">13</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-14" id="pnote-14">14</a>] Le peuple en effet, traité à 10h de travail par jour la semaine durant
n'a de toute façon accunement la possibilité, encore moins l'idée, de
participer ou de s'y intéresser [Weber]. C'est ainsi que, loin de nos
kermesses mondiales écloses au pays de nulle part et retransmisent
partout, on peut lire dans <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6156784/f3" title="Le Petit Journal du 15 avril 1901, p. 3" class="https">Le Petit Journal du 15 avril 1901, p. 3</a>
: "Football — Le match final du championnat de France de
football-association s'est joué hier à Bécon-les-Bruyères. II n'a pas
donné de résultat, chacune des équipes en présence, le
Havre-Athletic-Club et le Standard-Athletic-Club ayant réussi un but.
Deux prolongations de vingt minutes chacune n'ayant pas changé la
position des concurrents, la partie a été déclarée nulle. Elle se
rejouera ultérieurement au Havre.» Alors que les confrontations trans
Manche était très régulièrement défavorables aux Bleus (10-0 pour les
rosbeef - Weber), on savait du moins éviter l'embarrassante séance de
tirs au but...
</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-15" id="pnote-15">15</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-16" id="pnote-16">16</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-17" id="pnote-17">17</a>] 2nd baronet - homme d'état britannique à la retraite - <a href="https://www.retronews.fr/journal/le-matin/27-janvier-1911/66/153909/3?from=%2Fsearch%23allTerms%3D%2522Charles%2520Wentworth%2520Dilke%2522%26" title="fait des visites fréquentes" class="https">fait des visites fréquentes</a> en France.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-18" id="pnote-18">18</a>] Les <a href="https://www.richardjeanjacques.com/2018/03/les-falize-3-generations-de-joailliers.html" title="frères Falize" class="https">frères Falize</a>, auteurs de pièces d'orfèvrerie d'une opulence très fin-de-siècle, viennent de prendre la succession de leur père Lucien.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-19" id="pnote-19">19</a>] [<a href="http://rep.auguste-brouet.org/Blog_page_files/Fumouze_victor.html" title="Victor Fumouze" class="page">Victor Fumouze</a> - pharmacien-entrepreneur, comme son père, et ses fils]</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-20" id="pnote-20">20</a>] [Alors très jeunes, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Gallimard" title="fils du collectionneur Paul Gallimard" class="https">fils du collectionneur Paul Gallimard</a> viennent en voisins : ils habitent au 79 rue Saint-Lazare]</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-21" id="pnote-21">21</a>] [Avocat de renom, il sera l'un des avocats de Mme Humbert lors de son
procès pour escroquerie, au cours duquel l'un des jurés les plus en vue
sera... Jean Borderel]</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-22" id="pnote-22">22</a>] [Trois membres bien connus de la célèbre famille de banquiers, collectionneurs et mécènes]</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-23" id="pnote-23">23</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-24" id="pnote-24">24</a>] d'après le Bottin Mondain (<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205233j/f418.image.r=%22Jean Borderel%22?rk=364808;4" title="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205233j/f418.image.r=%22Jean Borderel%22?rk=364808;4" class="https">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205233j/f418.image.r=%22Jean Borderel%22?rk=364808;4</a>),</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-25" id="pnote-25">25</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-26" id="pnote-26">26</a>] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#rev-pnote-27" id="pnote-27">27</a>] </p>
</div>
<!-- End wiki content -->http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2023/01/28/Borderel-2#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/87Avec mes meilleurs vœux pour l'année 2022 !urn:md5:5a5e3aa5ed44f2d129f26521ad06f58e2022-01-01T00:01:00+00:002022-01-08T07:50:50+00:00Etienne Barthel <p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/PXL_20220102_121302489.jpg" title="PXL_20220102_121302489.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.PXL_20220102_121302489_m.jpg" alt="PXL_20220102_121302489.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="PXL_20220102_121302489.jpg, janv. 2022" /></a></p>
<div style="width:60%; margin-left: auto; margin-right: auto;text-align:center;"><strong>...et une année joyeuse et aérée, avec cette vue du sommet de Montmartre par <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/02/05/Trowbridge-and-Brouet">Vaughan Trowbridge</a>, datant de ses débuts (1902). La tour Eiffel avait treize ans...</strong></div><div style="width:60%; margin-left: auto; margin-right: auto;text-align:center;"><strong>Employé de bureau à New-York, Trowbridge s'était, la trentaine venue, reconverti en artiste parisien. Adepte comme lui de la gravure originale en couleur, il était un proche ami de Brouet.</strong></div><div>Et ces vœux sont l'occasion de donner quelques nouvelles d'auguste-brouet.org. Sur le plan technique, du côté cuisines, donc, la nouvelle base de donnée sur laquelle s'appuie désormais le catalogue est fonctionnelle. Configuration cousue main d'un logiciel professionnel mais libre de gestion de collections muséales (<a href="https://www.collectiveaccess.org/">Providence</a>), et quoique pas encore complètement éprouvée, elle donne satisfaction. C'est elle qui a permis, par exemple, du côté public, de mettre en ligne facilement et dans de bien meilleures conditions de consultation (voir par exemple la Concierge <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/13.htm">ici</a> - cliquer sur "full page" pour en parcourir les détails), les nombreuses illustrations nouvelles qui m'ont été fournies cette année par quelques amateurs de Brouet ainsi que par un musée, que je remercie à nouveau tous ici. </div><div><p>Quant au billet, son rythme reste annuel, les détails biographies qui
émergent encore étant d'accès plus difficile et aussi de nature de plus en plus anecdotique
(récemment, la marque de la voiture de <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard">G. Grignard</a> (une Renault) et le prénom de son
chauffeur (Franz)...). Le billet de cette année, consacré à l'<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz">Eté à la Campagne</a>,
quoique qu'un peu audacieux, souligne aussi l'originalité du travail
de Brouet illustrateur. A vrai dire, j'ai longtemps fait peu de cas de ses
illustrations, mais plusieurs amateurs ont fini par me convaincre que ses planches sont, pour certains ouvrages, de
premier ordre. Et surtout dans les premiers volumes, l'originalité de l'artiste ne fait aucun
doute. Je vais donc à l'avenir me pencher un peu plus, et faire partager, cet aspect de l’œuvre.</p>
<p>En attendant, voici les sujets qui me tiennent à cœur en ce moment, et qui pourraient se voir développés dans quelque billet à venir : Richard Ranft - son aîné, il aurait collaboré avec Brouet pour les planches de reproduction d'après Turner et son activité au tournant du siècle est proche de celle de Brouet-<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax">Dax</a> ; les neo-naturalistes qui l'ont soutenu, et d'abord Gustave Geffroy et Lucien Descaves, et aussi le journaliste extraordinaire Gaston de Pawlowski ; non sans lien avec les précédents, la Zone vue (et vécue...) par Brouet ; et enfin, sujet de technique, l'eau-forte et les métamorphoses - effaçage, coupe et autres transformations d’œuvres... Avec quelques autres thèmes obligés comme le cirque (il habitait juste derrière l'Hippodrome de Montmartre), de quoi tenir... plus d'un an !</p>
<p>Alors, bonne année 2022 !</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2021/12/23/Meilleurs-v%C5%93ux-pour-l-ann%C3%A9e-2022-%21#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/83With best wishes for 2022!urn:md5:9491a794ae70055bc163551c7499432f2022-01-01T00:01:00+00:002022-01-02T15:35:23+00:00Etienne Barthel <p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/PXL_20220102_121302489.jpg" title="PXL_20220102_121302489.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.PXL_20220102_121302489_m.jpg" alt="PXL_20220102_121302489.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="PXL_20220102_121302489.jpg, janv. 2022" /></a></p>
<div style="width:60%; margin-left: auto; margin-right: auto;text-align:center;"><strong>...and a happy and aereal new year, with this view of the top of Montmartre by Vaughan Trowbridge, dating from his early (artistic) days (1902). The Eiffel Tower was then only thirteen... An office worker in New York, <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/02/05/Trowbridge-and-Brouet">Trowbridge </a>decided in his late twenties he would become a Parisian artist. Like Brouet his close friend, he turned into an enthusiast of original colour etchings.</strong></div><div>And these wishes are of course the occasion to give some news about auguste-brouet.org. On the technical side, in the office, the new database on which the catalog is now based is functional. It is a hand-wrought configuration of a professional but free software for the management of museum collections (<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2022/01/02/www.collectiveaccess.org">Providence</a>), and although not yet fully tested, it gives ample satisfaction. It is with this program, for example, that I put online easily and in much better conditions of consultation (see for example the Concierge <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/13.htm">here</a> - click on "full page" to browse the details - on the French site only, for now), the numerous new illustrations that were provided to me this year by some Brouet amateurs as well as by a museum. I thank all of them again here. </div><div><p>As for the post, its rhythm remains annual, the biographical details that still emerge are more difficult to access and also increasingly anecdotal in nature (e.g. recently, the brand of the car of <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard">G. Grignard</a> (a Renault, 31 CV) and the first name of his chauffeur (Franz)...). This year, the post, devoted to un <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz">Eté à la Campagne</a>, though a little bold, also highlighted the originality of the work of Brouet as an illustrator. To tell the truth, I have long paid little attention to the illustrations, but several enthusiasts have finally convinced me that Brouet's plates are, for some select works, of prime interest. And especially in the early illustrations, the originality of the artist is not in
doubt. So in the future I will be looking into this aspect of his <em>œuvre</em> a little more.</p>
<p>In the meantime, here are the subjects that are close to my heart at the moment, and which could be developed in future posts: Richard Ranft, his elder, and who is thought to have collaborated with Brouet for the plates after Turner - his activities at the turn of the century are close to that of Brouet-Dax; the neo-naturalists who supported him in the mid-war years, Gustave Geffroy, Lucien Descaves and also the extraordinary journalist Gaston de Pawlowski; not without links to the previous ones, the Zone as seen (and experienced...) by Brouet; and finally a more technical subject, etching and metamorphoses - erasing, cutting and other transformations applied to the plates...) by Brouet... With a few other obligatory themes such as the circus (he lived just behind the Hippodrome de Montmartre), enough to last for... quite a few years!</p>
<p>Alors, bonne année 2022 !</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2022/01/02/With-best-wishes-for-2022%21#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/84Four Summers in the Countrysideurn:md5:0e26b72fd116f679cfec23711b50bc382021-11-01T00:01:00+00:002021-11-01T16:55:03+00:00Etienne Barthel<p> <em>Un Eté à la Campagne</em> is a classic of the French erotic literature. Published - and censored - in 1868, it is a casual exchange of letters between two college girls who narrate their explorations of amourous pursuits (also theirs but mainly others') in the Second Empire society. Half a century later, by an uncanny twist of social history, their quest resonates with the post-war spirit of liberation: within five years, the text inspired no fewer than four sets of illustrations, all with very different intents and resonances, and among them Brouet's first attempt in the field.</p> <!-- ************************* Notre-Dame du Pré **************************** -->
<div class="illustration gauche" style="width:45%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/Couvent_ND_du_pre.jpg" title="Couvent_ND_du_pré.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/.Couvent_ND_du_pre_m.jpg" alt="Couvent_ND_du_pré.jpg" title="Couvent_ND_du_pré.jpg, mar. 2021" /></a><center>Notre-Dame du Pré Abbey, Lisieux, of Sainte-Thérèse fame - The girls dormitory, with a strict design bordering on the chilly - The bed canopies are strangely echoed in the housekeeping sister's attire - Photographic album of the late XIX<sup>th</sup> century.<br /></center></div>
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<h2><em>Un Eté à la Campagne</em>: the novel</h2>
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<div>In the XIX<sup>th</sup> century, the education of bourgeois young women was mainly provided by boarding schools where teenagers were expected to improve their skills in all manner of graceful activities, at least those that would help out success in the one and only purpose of their lives: marriage. For example, young Marie Capelle remembers with horror the music salon<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> :<blockquote><p>Je crus devenir sourde en entrant dans une salle renfermant cinquante pianos, tous joués en même temps et qui faisaient une infernale harmonie de gammes, sonates, valses, exercices, romances, cadences, tous les degrés de force, tous les genres de musique se confondant, se heurtant, se faussant.</p>
</blockquote>
Not that the marriage was particularly successful in her case, and more horrors would follow... </div><div>At the end of the semester, the summer break would disperse the congregation of young ladies: the hagiographic literature of the time keeps ample memory of the ensuing letter exchanges between pupils, bereaved, well thinking and unctuous<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup>.<em> Un Eté à la Campagne</em> follows this lead and opens precisely on the first day of the summer break. Adèle is a young boarder. Albertine is a <em>sous-maîtresse</em>, only slightly older than, and fond of, her. <em>Very</em> fond. They do exchange bereaved letters but the feelings conveyed somehow stray away from the angelism, self effacement and mortification extolled by the educational principles of the <em>pensionnats</em>. In fact, suspecting that there is more to sex than they could find out between the two of them at the boarding house, they set out to make full use of their summer holidays and unveil as many facets as time and chance will permit<em>.</em> Carrying a systematic exploration among refined <em>connoisseurs</em> or, at least, seasoned practitionners, they strive to elevate both their theoretical understanding and their personnal competencies.</div><div>The narrative is alert: it thrives on the contrast between the obstinate scrutiny of the young female voyeurs, the salaciousness of their observations and the soft, allusive, naive wording of their reports. The style has this tongue in cheek elegance which amply justifies the common attribution to Gustave Droz.</div><div>In fact, written at a turning point of French literature, and society, <em>Un Eté à la campagne</em> (1868) pays tribute to its time. Published only three years after<span class="extiw"> Claude Bernard's </span><a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Introduction_%C3%A0_l%E2%80%99%C3%A9tude_de_la_m%C3%A9decine_exp%C3%A9rimentale" class="extiw" title="s:Introduction à l’étude de la médecine expérimentale"><em>Introduction à l’étude de la médecine expérimentale</em></a> (1865), the book showcases a genuine experimental strategy and as such, it can be considered, after <em>Germinie Lacerteux</em> (1864), as another evidence of the impact of positivism on literature. The young protagonists are all curious about the rich, open world which exists, so they sense, beyond the walls of their boarding house and of their bourgeois education, a situation artfully conveyed by Rop's frontispiece. They develop cunning observation strategies to capture the intimacy of their contemporaries <em>in situ</em> and <em>in actibus</em> before putting their intuitions to the test of their own experiments. In fact, to the greatest benefit of the plot, there is also a clever differentiation between the protagonists. Albertine owns up to her slightly more advanced age and her role as an educator, even though she is not more experienced than her pupil. In her aunt's house, Adele makes full use of the strategic vantage point given by her bedroom. Providential slits on both sides provide discrete views on the two adjacent bedrooms and the proceedings which they inevitably house. Other encounters will necessitate observation points outside the house, in the gardens or the barn... The letters exchanged by the young lovers at irregular intervals work as a labbook, each one in turn conveying hopes or desillusions, reporting on progress or expectations, sharing observations or analyses. And so it is that a most extensive array of Second Empire sexual appetences and combinations is rendered in a light, allusive and almost scientific style. The success of this initiatic but rational course is fully proven when Albertine, who by the way has not little in common with her proustian namesake, definitely confirms her personnal preference for women.</div>
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<div class="illustration droite" style="width:45%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/828-1.jpg" title="828-1.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.828-1_m.jpg" alt="828-1.jpg" style="float: left; " title="828-1.jpg, oct. 2020" /></a><center>Frontispice of the first edition (1868) by F. Rops.</center></div>
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<h2>The editions of l'<em>Eté</em></h2>
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<p>The book was immediately censored despite all its literary qualities and the graceful frontispiece by Rops <em>and</em> naturally enjoyed continuous undercover re-publications from all quarters during the last decades of the XIX<sup>th</sup> century. Two sets of illustrations appeared at that period. One, consisting of a frontispiece and five etchings, was the work of the prolific Fredillo. The other, with two (?) frontispieces and six etchings, is given to a Felix Lukkow. Both are rather naive but lively renditions of some of the most attractive <em>Pikanterien</em> in the text. </p>
<p>Somewhat later, around 1905, a first <a href="https://honesterotica.com/portfolios/2509">classical set of illustrations</a> was devised for a new edition by Hirsch. The highly refined artist remains anonymous but his drawings are very much in the style of Paul Avril to whom they are usually attributed. Interestingly, this set of illustrations is strongly male dominated, with a grand total of <em>one</em> (!) lesbian scene properly speaking, a strident discordance from the narrative. Maybe not completely by chance, the same consideration applies, to a lesser extent, to the illustrations by Barret in the 60s. Devised in a light, (gentle)men's magazine style, his inventions stand very close to Avril's in intent, if not in their execution. </p>
<p>In the intermediate period, the text sparked a sudden burst of graphic creativity in the 1920s. In the post-war period, work, clothing, consumer and sexual practices all evolved rapidly and gave rise to multiple feminine awakenings. Carrier paths were opening carefully, garments were shrinking noticeably in length and density, material or amorous quests were becoming more open in their diversity. In this context, the free spirited panache of the <em>Eté à la Campagne</em> would lend itself to multiple interpretations and the four illustrations by Geetere, van Maele, Mercier and Brouet all offer different forms
of projection. </p>
<p>Geetere self-edited his work, and these circumstances gave him free rein to indulge in an <a href="https://honesterotica.com/portfolios/1106">obsessive graphic rambling</a> on the dildo, admittedly an underpinning of the novel. Human figures seem to work as props for the dildo, any form of backdrop or setting being all but absent. In contrast, van Maele's constructions are balanced, with his solid, classical drawing here verging on <a href="https://honesterotica.com/portfolios/1546">comic strip objectivity</a>. It gives full prominence to artfully differentiated characters, circumstances and intercourses. Mercier's <a href="https://honesterotica.com/portfolios/1270">Art Deco stylistics</a>, with his gracile body forms, his chromatic dazzle and his focus on female-only scenes (males are scant, even when scantily clad) perfectly echoes the Zeitgeist of <em>la Garçonne</em>.</p>
<!-- **************************** 1926 Title ******************** -->
<div class="illustration gauche" style="width:45%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Illustrations/Ete_p_titre_s.png" title="Eté_p_titre_s.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Illustrations/.Ete_p_titre_s_m.png" alt="Eté_p_titre_s.png" title="Eté_p_titre_s.png, juin 2020" /></a><center>Title page of the ca. 1926 edition with illustrations by Auguste Brouet. Note the somewhat unexpected typo at "recueillie". The style tallies the illustrated books published by <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/08/25/Boutitie">Gaston Boutitie</a>, who had earlier published some lighter texts (Voltaire, Parny), with more general public illustrations, though.<br /></center></div>
<div><!-- ********************************************************** -->
As to Brouet, he was no Art Deco artist nor would he indulge in publicizing his most freudian drives... His small <a href="https://honesterotica.com/portfolios/1104">suite of 8 illustrations</a> also centers mostly on the female protagonists, so much so that two prints with men as their key characters where rejected, and even termed 'repentir'... Almost as steeped into the classical tradition as Maele, Brouet did not adhere to his almost albertian rendering of the human figures and interior sceneries. Yet, with his diffuse, sometimes evanescent drawing, and his own rather direct perception of the narrative, his illustrations certainly stand out as highly original.
</div><h2>The illustrations</h2>
<p>Opening the novel, the first few letters paint the feelings of the two young women just after the separation which was forced upon them by the summer break. These emotionally and sensually painful circumstances give rise to much lamentation on both sides, but the sense of loss is mitigated by burning hopes for new experiences and deeper knowledge.</p>
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<div class="illustration droite" style="width:45%"><a href="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-01.jpg?itok=MTPIybUp"><img src="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-01.jpg?itok=MTPIybUp" title="Eté_p29_s.png, juin 2020" /></a><center>A. Brouet - Ill. to letter I - Preliminary matters<br /></center></div>
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<p>In fact, for this opening moments the illustrators did not resort to inordinate treasures of imaginations : more or less clothed women are more or less reading or day-dreaming, and letting their imaginations run, and their fingers as well... Admittedly, this being an epistolary novel, reading appears as a natural occupation, but it is still surprising that we do not find any representation of a <em>writing</em> woman! And in fact, we find that she reads books, not letters... And so it is - we can surmise - that the (male) artists have (rather flatly) called in the XIX<sup>th</sup> century trope of the hazards of reading while a young women, as examplified by many edifying pamphlets<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> , or in many artworks such as the slightly earlier oil painting entitled <a href="https://www.facebook.com/924213510985171/photos/antoine-wiertz-la-liseuse-de-romans-1853de-romanlezeres-the-reader-of-novelscred/1757075521032295/">La liseuse de romans</a> by Wiertz<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> or - in a less allusive way - in the <a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8f/F%C3%A9licien_Rops_-_Le_biblioth%C3%A9caire.jpg">watercolor</a> by Rops himself... Indeed, education would severely limit reading matter for young women lest it might inflame their notoriously unbridled imagination, arouse their well-known hypersensitivity and populate their feable minds with demonic thoughts. The most subdued illustration in this genre is Geetere's, although the <a href="https://honesterotica.com/portfolios/1106#&gid=2&pid=1">Balthus-like abandonment</a> of his character leaves little to the imagination. One can only wonder why Geetere exceptionaly <em>forgot</em> to include a dildo in <em>this</em> image: but after all these are only liminary matters and the character is not even in the nude yet! On the other extreme, Avril has <a href="https://honesterotica.com/portfolios/882#&gid=2&pid=5">laid more emphasis on the observation taking place</a> than on the reading itself (although he has left the books - and pen and paper, for that matter - prominently in display). The other illustrations variously shift the balance between these two poles. In his frontispiece to the original edition, Rops inserts in the foreground a book with the inviting title <em>"Essai sur l'art d'être heureux"</em><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup> and this lofty philosophical ambition is unambiguously linked to a rather uncannily shaped travelling case bearing the mysterious label "My uncle" (more about "him" later) through a... fruit-bearing snake, the whole scene developping under the aegis of a rather sarcastic-looking little devil in the top right corner. In Brouet's plate, as in Mercier's, the innocent narrator is quite simply seen gathering her thoughts, for a thing, her eyes dreamily cast on a unidentified object sketchily evoked in the foreground, which could be a discarded letter or perhaps a book. The pose, if not the clothing, is reminiscent of the "<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/424.htm">Femme qui se gratte</a>", while the deep dark background in the upper right-hand corner of the composition is one of Brouet's favorite devices, as seen in the "<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/428.htm">Femme allongée</a>", which was also published at the same period.</p>
<p>In the next episode (letter V), Adèle makes timely use of the right hand slit in her bedroom and is rewarded by the revelation of the perfect shapes of her aunt's body: <em>"La Veleda du Luxembourg est une cagneuse comparée à ma tante"</em>! This scene is a clear nudge under the table for the illustrators, and several have taken up the challenge. <a href="http://honesterotica.com/portfolios/882#&gid=2&pid=2">Avril</a> produced a solid construction of pure 1900 esthetics, with a late classical pose, just decadent enough to recall the under-cover erotic postcards of the time, complete with the massive cheval glass (or <em>psyché</em>, in French). Maële similarly revels in the technical challenge posed by the <a href="https://i0.wp.com/parisolympiapress.com/wp-content/uploads/2020/05/un-ete-a-la-compagne-troizem_0008.jpg?ssl=1">nude and its reflection</a> in what is now, twenty years later, a more functional cabinet door miror. With <a href="http://honesterotica.com/portfolios/1270#&gid=2&pid=2">Mercier</a> the psyché is back but with a frame as strictly Art Déco as the nude figure, and he graces the image with an affluent sunhat sprawled on an armchair. There is no standing nude in front of a full length mirror with Brouet (even though mirror reflections occasionnaly appear in his work (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/144.htm">Ba 144</a>, <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/151.htm">151</a>, <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/435.htm">435</a>, <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/436.htm">436</a>)), whose female academies are not a strong point
nor for Geetere for whom an academy will not catch his fantasy.
</p>
<div><div class="illustration gauche" style="width:45%"><a href="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-02.jpg?itok=Xr7UFlKD"><img src="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-02.jpg?itok=Xr7UFlKD" title="Eté_p29_s.png, juin 2020" /></a><center>A. Brouet - Ill. to letter VI - Peeping on her aunt and her friend</center></div>
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<p>A much more original opportunity is offered by the terminal point of the same scene (letter VI) where the lovely aunt, whose husband is on military duty in Algeria, has bouts of loneliness. Still peeping onto her aunt, Adèle now dicovers how she recourses to a substitute for her husband, which she immediately nicknames "my uncle". The scene has understandably won sweeping popularity with many artists, although - no great surprise ? - it was spurned by the masculinists Avril and Barret. The challenge is actually how much of the action can be conveyed by the image. In fact, <a href="https://i1.wp.com/parisolympiapress.com/wp-content/uploads/2020/05/un-ete-a-la-compagne-troizem_0009.jpg?ssl=1">Maele</a>, with his attentive, homely bourgeois approach, has already got the dildo ready in the previous "Botticellian Venus" scene: it is seen lying around half hidden on an armchair, and quite in the foreground, working as a forerunner to the present scene. In quite an anticlimax, the aunt has now literally slipped out of her armchair and is half lying on a cushion on the ground, still clutching an arm with her free hand. <a href="http://www.honesterotica.com/portfolios/1270#&gid=2&pid=5">Mercier</a> has a similar but much more sophisticated pose, and actually a much more comfortable airmchair... Most strickingly, while he really goes out of his ways in actually drawing the dildo, he still keeps the scene clearly within the realm of wedlock by ostensibly displaying both the letter and the full length portrait of the uncle (the flesh and bone one). On the opposite end of the game, we find much more psychic concentration in <a href="http://www.honesterotica.com/portfolios/1106#&gid=2&pid=8">Geetere</a> where all decorum, furniture, background and of course all pieces of garments (not to mention hats...) have been suppressed: as sole accessory allowed on the premices stands the dildo, quite in the center of the action, and it will actually bring even more unity to Geetere's set of illustrations than it does to the text...
</p>
<p>What about Brouet ? With a good deal of originality, he actually includes the observer in the picture as well, resorting to a bit of a boulevard theater trick, also found in bawdy, popular images of the time, and simultaneously depicts the observation room with the observer and the adjacent room with the action. This is drawn with a unusually brisk, linear style actually reminiscent of more narrative artists like his neighbour Gus Bofa.</p>
<!-- ******************************* illustration 3 - Félicité and her bush ********************* -->
<div class="illustration droite" style="width:45%"><a href="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-03.jpg?itok=wDP-dmIQ"><img src="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-03.jpg?itok=wDP-dmIQ" title="Eté_p29_s.png, juin 2020" /></a><center>A. Brouet - Ill. to letter XI - Albertine and Félicie.<br /></center></div>
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<p>Letter XI takes the action up a notch as Albertine hires a new female servant, aptly named Félicie, who is soon in a position to instill fresh experience in the proceedings. The associated scene has enjoyed great popularity with the illustrators as well as the readers and Brouet was no exception. However, the most salient textual detail has been left aside by all the artists except, to be fair, Lükkow who does not shrink from the grotesque and was keen to display Félicité's flourishing pubic hair which interferes adversely with Albertine's progression. Let us note however that hair of all nature abound in the 1905 illustrations, equally shared by male and female characters, and a profuse pilosity is still retained but in a less prominent manner by the 1920's illustrators. It is only in the 1960s, however, that the perception of hair, along with hygiene, has completed its evolution: Barret then confronts us with mostly neatly picked (lower) body parts.</p>
<p>Another characteristics of the narrative in l'<em>Eté</em> is that it crosses through most of the strata of the Second Empire society: teachers, well-to-do officers, a lawyer, a rentier, but also the servants all go after their own amorous pursuits, and across classes. The gradual evolution from the status of mistress to affluent prostitute looks as natural as giving one's newlywed husband a child fathered by a different man: it happened so shortly before the mariage that the difference is of little significance! This overal permeability of the society was still felt by Zweig half-a century later, who contrasted it with a more german viewpoint, observing during his 1902 stay in Paris<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> : </p>
<blockquote><p>In Paris aber ging das Vermächtnis der Revolution noch lebendig im Blute um; der proletarische Arbeiter fühlte sich ebenso als freier und vollwichtiger Bürger wie sein Brotgeber, der Kellner schüttelte im Café dem galonierten General kollegial die Hand, fleißige, solide, saubere Kleinbürgersfrauen rümpften nicht die Nase über die Prostituierte auf demselben Gang, sondern schwatzten täglich mit ihr auf der Treppe, und ihre Kinder schenkten ihr Blumen.</p>
</blockquote>
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<div class="illustration gauche" style="width:45%"><a href="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-04.jpg?itok=14RBMFxD"><img src="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-04.jpg?itok=14RBMFxD" title="Eté_p29_s.png, juin 2020" /></a><center>A. Brouet - Ill. to letter XVI - The cook feels lonely too</center></div>
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<p>
The passage with Mme Pruneau, the cook, has been a favorite with the illustrators. Mercier however abstained, maybe because the rather trivial, popular flavour of the scene did not quite fit the Art deco sophistication of his illustrative scheme. But spurred by the definite 'piquant' of a nightly barn scene (and also because the second protagonist is a young man?), Avril devoted two plates to this passage: as expected, his rendition maintains the appearance of a male dominated situation, quite in spite of the text. Maële provides a textual but graphic account of the very situation as it transpires from Adèle's accounts and restores a more faithful rendition of the relations between the characters. Geetere, in keeping with line of thought, focuses on the bodies and discards so much superfluity of context that the man himself is reduced to the sole organ necessary to understand the course of action. But all three of them resorted to a rather standard depiction of the scene and the female character appears like any non-descript rather wholesome young lady, missing on the plain appearance of Mme Pruneau, a woman of the people. There again, Brouet comes forth with an original solution. Is it a sign of his own popular origins? Stepping back from conventional representations, he focuses instead on the coarseness of the proceedings through the confused barn setting, the half-clothed characters and emphasizes the dominant part taken by the cook through the dynamics of the conquering move of her robust, naked hind parts. Thus the image feels true to the text even though - or because - the more saucy details of the scene where left out.</p>
<!-- ******************************* illustration 5 - the ancient greek teacher ****************************** -->
<div class="illustration droite" style="width:45%"><a href="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-05.jpg?itok=5GtFfZUA"><img src="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-05.jpg?itok=5GtFfZUA" title="Eté_p29_s.png, juin 2020" /></a><center>A. Brouet - Ill. to letter XVIII - The schoolmaster of Ephesus</center></div>
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<p>In the construction of the novel, letter XVIII stands out as it describes the relationship between a young (male) pupil and his (male) teacher. The status of the passage in the novel is somewhat contrived. The text itself is a story in the story: the account of
the schoolmaster from Ephese as declaimed by Trimalchion to his fellow revellers in the Satyricon by Petronius. In a society where the classics are the sanctionning authority, citing
Petronius may have worked as an excuse around the spirit of the time. Piling up even deeper layers of intertextuality, the text appears in l'Eté under the guise of handwritten pages gleefully glossed upon by a few men during an <em>a parte</em> discussion in the garden. The manuscript is deftly spirited by Adele and transcribed in her evening letter. This rather cumbersome literary device provides deep padding around an elaborate scene of male homosexuality, which nobody seemed willing to endorse openly, neither the characters of the novel nor its author... So why choose to include it? Is it personnal interest, attraction for the litterary process, a challenge of some sort or the desire for a systematic declension of sexual practices as thinkable at the time? In any case, the scene clearly could not be built into the plot itself, unlike all the others, with what appeared as a truly offensive scene clashing violently with the moral constructs of the time. One should recall that homosexuality was then seen as a medical condition<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup> and that even such a socially advanced mind as the saint-simonian and outwardly feminist Suzanne Voilquin, writting her egyptian memoirs in 1866, condemned male homosexuality extremely harshly<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-8" id="rev-pnote-8">8</a>]</sup> .</p>
<!-- ********************************************************** -->
<div class="illustration gauche" style="width:45%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/Monumens_de_la_vie_privee__._Hancarville_Pierre-Francois_bpt6k1511446b_50.jpg" title="Monumens_de_la_vie_privee__._Hancarville_Pierre-Francois_bpt6k1511446b_50.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/.Monumens_de_la_vie_privee__._Hancarville_Pierre-Francois_bpt6k1511446b_50_m.jpg" alt="Monumens_de_la_vie_privee__._Hancarville_Pierre-Francois_bpt6k1511446b_50.jpg" ,title="Monumens_de_la_vie_privee__._Hancarville_Pierre-Francois_bpt6k1511446b_50.jpg, oct. 2020" /></a><center>Ill. from Hancarville, Monumens de la vie privée des douze Césars, Caprée, 1780 - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1511446b/f51.item">cameo n° VI</a></center></div>
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<p>Besides censors of all kinds, either official or self appointed, we note that this scene was no great hit with the illustrators either, even fifty years later! It may be surprising that, Avril, if he really was the author of the illustration of the 1905 edition, did not find inspiration in this passage since he provided highly worked out drawings to enlighten the readers about all sections of Forberg's Manual. Of course, in the 20s, one would not expect Mercier, who introduced few male characters in his whole set of illustrations, to draw a pair, nor Geetere, whose whole work works out as an ode to the dildo! As a result, besides Brouet, only de Maële ventured into <a href="https://i0.wp.com/parisolympiapress.com/wp-content/uploads/2020/05/img_20200530_143652.jpg?resize=225%2C300&ssl=1">an attempt of his own</a>. And it is probably not by chance that this one illustration is missing from most copies... Following the text, both artists maintained a reference to antiquity. While Maele created an accurate rendition of the master/pupil relation, Brouet took again more licence with the text and the pupil has clearly gained in age in his version. The sources of Brouet's picture can be made out fairly accurately: his drawing is partly based on Avril's own <a href="https://www.honesterotica.com/portfolios/876#&gid=2&pid=8">plate</a> for the Socrates paragraph in Forberg's second chapter (De paedicatione). The overal composition and some details such as the pleated cushion and the architectural elements of neo-classical decoration are indeed very similar. At the same time, Brouet seems to refer more directly back to the Hancarville cameo (n° VI - August and Caesar) in the protagonist's attitudes and gazes. Interestingly, the same double reference can be found in the frontispice to the <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques">Manual</a>.</p>
<p>In fact, given the limited number of erotic illustrations by Brouet, compared to more specialized artists, he seems to have been uncommonly willing to render male homosexual scenes. Attesting to his personnel interest in the theme, this very same composition also found its way into the <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/Le-Calamiste-Aliz%C3%A9-I">Calamiste</a>, and it is said he even made a small clay (or plaster ?) model of it<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-9" id="rev-pnote-9">9</a>]</sup> . Moreover, he also provided drawings for the illustration of the 1936 (?) edition of the french translation of Rocco's Alcibiade<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-10" id="rev-pnote-10">10</a>]</sup> . Based on the reproduction in Dutel<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-11" id="rev-pnote-11">11</a>]</sup> , these illustration are very much in the spirit of the Manual's <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques">frontispiece</a>.</p>
The novel has an immediately symetrical text depicting the nightly frolickings of two women - interestingly, this scene has received much more approval from all involved, Adèle herself, and the ilustrators, with Geetere, Maële and Mercier indulging in their own rendition, while Brouet also contributed an interesting cul de lampe. Avril alone spurned the sequence altogether. </div><div><!-- ********************************************************** -->
<div class="illustration droite" style="width:45%"><a href="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-06.jpg?itok=Pl_25zrz"><img src="https://www.honesterotica.com/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/illustrations/2020-12/brouet-un-ete-la-campagne-06.jpg?itok=Pl_25zrz" title="Eté_p29_s.png, juin 2020" /></a><center>Brouet, ill. to letter XXI – "C'est donc un monstre cet homme-là !"<br /></center></div>
<!-- ********************************************************** -->
But the climax of Brouet's originality (we refrain from writing idiosyncrasy) is found in the illustration to letter XXI, in which the narrative gathers pace and Adèle is witness to the first midnight encounter between Rose the plump, Rubenesque maid and J. the paunchy lawyer. Frustratingly, the candle has been blown out and enigmatic sighs and noises remain the hapless Adèle's clues to the action taking place. In the <em>next</em> night (letter XXIII), the candle was left alight, stepping up the intensity further. Maële, with his unwavering sense of practicality, depicted this second night. But Brouet does not shy away from a higher challenge: conveying the sheer eagerness of the pair in pitch dark night as made out from sighs, sounds and cries. From Adèle's account
<blockquote><p>Ah ! les gémissements redoublent... Rose pousse un cri aigu, un cri assurément arraché par la douleur. Plus rien... tout est consommé...<br />C'est donc un monstre, cet homme-là, qui fait ainsi souffrir les femmes !... (Letter XXI)</p>
</blockquote>
as well as Albertine's reply
<blockquote><p>J'ai pu suivre pas à pas les hauts faits de ton vilain singe d'avocat. Qu'eût-ce été, bon Dieu ! si la bougie ne se fût pas éteinte ! (letter XXII)</p>
</blockquote>
<div>he introduces a rather uncanny, somewhat simian, diminutive figure of a devil as symbolic of Adèle's mixed conjectures/expectations. The image works as an echo to Hokusai's <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Dream_of_the_Fisherman's_Wife">Dream of the Fisherman's Wife</a> with his
momentous, sprawling octopus, and short sighted with that, as already
noted by Edmond de Goncourt<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-12" id="rev-pnote-12">12</a>]</sup>, though it is a rather submissive devil which busies itself here, a graphic scheme which somehow befits the obscurity of the actual situation in the text. In this sense, Brouet tries to match Pawlowski's prediction, who wrote in 1922<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#pnote-13" id="rev-pnote-13">13</a>]</sup> : <blockquote><p>[...] ses dernières œuvres annoncent déjà des chefs-d'œuvre qui, par leur probité et leur réalisme intense, éclipseront bientôt <a href="https://www.metmuseum.org/art/collection/search/383785">celles d'un Rops</a>.</p>
</blockquote>
</div><div>If each illustration set is a program, we can say that Geetere's psychoerotic introspection or Mercier's decorative esthetics both demonstratively claimed their right to dissociate from the text, its intents, its temporality. Brouet and Maële where both more willing to adhere to the letter but while Maële crafted a solid, down-to-earth and true-to-life interpretation, Brouet, for his first known attempt at erotic illustration, successfully wielded his freedom of the needle and let his inventivity speak. Dutel, in the general introduction to his volume, remarked: <q>[..] Publishers of lesser importance also dabbled with pornography: [...] Georges (sic) Boutitie, the friend of Gustave (sic) Brouet, published a charming (<em>belle</em>) edition of <em>Un Eté à la Campagne</em></q>. From an authority in the field, these praises speak volumes, while his rather approximate familiarity with the duet guarantees total impartiality.</div>
<!-- **************** illustration 6 - this man is a monster ************************** --> </div><div><h4>Appendix - a list of editions of l'<em>Eté à la Campagne</em></h4>
<div><ul><li><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5831559d.r=%22Un%20%C3%A9t%C3%A9%20%C3%A0%20la%20campagne%22?rk=42918;4">1868</a> - first edition by Poulet-Malassis, with a frontispiece by Ropswhile</li>
<li><a href="https://www.pba-auctions.com/en/lot/20561/4245497">1875 ?</a> - A. Christiaens, Brussels, dated 1868 - 2 tomes, with 8 illustrations attr. to Felix Lukkow </li>
<li>1880 - Geneva, no ill. - some with the ill. by Fredillo.</li>
<li>1886 - Amsterdam no ill.</li>
<li>1887 - n. p. [Kirstemaekers, Bruxelles] - some with the ill. by Fredillo.</li>
<li><a href="https://www.honesterotica.com/portfolios/882">1905 </a>- Hirsch, frontispiece & 8 ill., anon., maybe Paul Avril.</li>
<li><a href="https://archive.org/details/untlacampa00droz/page/2/mode/2up">1910</a> - Mytilène, G. Briffaut, preface by Apollinaire, no ill.</li>
<li><a href="https://parisolympiapress.com/2020/05/29/books-for-trade-anon-gustav-droz-un-ete-a-la-campagne-a-mitylene-n-p-paris-n-d-1920-illustrations-by-van-troizem-van-maele/">ca 1920</a> - <em>the same</em>, ill. by van Maerle, 12 etch.</li>
<li><a href="https://www.honesterotica.com/portfolios/1104">1926 </a>- Paris, prob. Boutitie, ill. by A. Brouet, 8 etchings + 2 </li>
<li><a href="https://www.honesterotica.com/portfolios/1106">1928 </a>- Geetere ed. & ill., 1 col. etching (front.) & 9 etchings </li>
<li><a href="https://www.honesterotica.com/portfolios/1270">1928 </a>- 12 color lithographs by Mercier.</li>
<li><a href="https://www.honesterotica.com/portfolios/800">1960 </a>- J. Haumont, 12 color ill. by Barret.</li>
</ul>
</div></div><div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2037160/f19">Mémoires de Madame Lafarge</a></em>, Michel Levy, 1867.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] <span>See for instance the <em>Vie d'Alice Bizot</em> in the <em>Mémorial des Enfants De Marie - Maison des Oiseaux - Seconde Partie - 1868.</em></span></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] See for instance the <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57878299/f18">Vie de M<sup>elle</sup> Marie-Amélie Sauvage, décédée à
St-Servan, le 13 août 1817</a></em>, by the abbé Sauvage, cited by
Odile Arnold, Le Corps et L'Ame, Seuil 1984 - "Ces deux anecdotes de la
vie d'Amélie montrent bien que si les parents, au lieu de vanter les
romans, la comédie et les autres amusements dangereux, avaient soin de
n'en parler devant leurs enfants que comme en doivent parler des
chrétiens, l'on ne verrait pas tant de jeunes personnes se livrer à ces
lectures corruptrices, qui dessèchent le coeur, exaltent l'imagination,
nourrissent l'orgueil et souvent corrompent les moeurs. [...] Cependant,
malgré les nombreux et affligeants exemples que nous fournit ce siècle
corrompu, beaucoup de parents sont d'une effrayante négligence sur un
point si important".</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] Note on the left the hand providing novels by inter alios A. Dumas but
also the barely discernible juvenile face of the kind librarian, who
bears horns on his forehead...</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] Incidentaly, this is precisely the title of a 1811 book by Gustave's namesake <em>Joseph</em> Droz (no apparent family connection). The book, quite popular, was in its 8<sup>th</sup> edition in the mid XIX<sup>th</sup> century so its inclusion in the frontispiece may not be entirely fortuitous.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] Paris en 1902 in Stefan Zweig, <em>Die Welt von Gestern</em>, Bermann-Fischer Verlag AB, 1942. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] Histoire de la vie privée, tome IV, 2000. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-8" id="pnote-8">8</a>] Souvenirs d'une fille du peuple, ou <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Souvenirs d'une fille du peuple, ou La Saint-Simonienne en Égypte">La Saint-Simonienne en Égypte</a>, Sauzet, 1866, p. 363.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-9" id="pnote-9">9</a>] Private communication.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-10" id="pnote-10">10</a>] See <a href="http://scissors-and-paste.net/pdf/dawes_library.pdf">scissors-and-paste.net</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-11" id="pnote-11">11</a>] I thank John from <a href="https://honesterotica.com">honesterotica.com</a> for pointing out the reference and providing the reproduction from Dutel.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-12" id="pnote-12">12</a>] E. de Goncourt, <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5815928x">Hokousai</a>, Charpentier, 1896.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#rev-pnote-13" id="pnote-13">13</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76080893/f2.item.r=Pawlowski%20Brouet.zoom">Le Journal, 22 mars 1922</a>.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/08/29/Droz#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/74Happy new year !urn:md5:be0914371e261c152ae6288e7fabbd5a2021-01-31T00:00:00+00:002021-01-31T14:30:40+00:00Etienne Barthel <p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Danseuses1.jpg" title="Danseuses1.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Danseuses1_m.jpg" alt="Danseuses1.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Danseuses1.jpg, janv. 2021" /></a></p>
<div style="width:60%; margin-left: auto; margin-right: auto;text-align:center;"><strong>All the vaporous delicacy of the aquatint, barely modelled by a few rapid dry-point inflections: an evocation of enigmatic futures? One dancer peers over the footlight, the other turns around as if seized by a last hesitation. A thick line separates them, along which the etcher's saw will soon <a href="http://www.auguste-brouet.org/en/Catalogue/Pages/437.htm">divide the plate into two prints</a>. Similarly we leave 2020 peering into the evanescent nebulosity of a new year...</strong></div>
<br />
<p>2020 saw only two posts published due to inaccessibility of the archives and attrition of the raw material. On the flip side, maturation of the posts became slower so they grew more density. After <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard">Grignard</a>, the hyperactive industrialist turned wholehearted patron, we also met <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot">Quignolot</a>, the classicaly educated pedagogue who taught a whole generation of artists lightness of pencil and freedom of spirit: how better to enter a new century? </p>
<p>2021 will not see many more new posts... One is getting ready on some illustrations and I will give more information on Brouet's original color prints, but my plans are mainly a deep rejuvenation of the Web site, or at least of both its textual content and the underlying cybernetic paraphernalia... I am just now testing a framework based on the <a href="https://www.collectiveaccess.org/">CollectiveAccess</a> freeware for print cataloguing. With this, I am confident I should be able to resume regular updating of the print catalog, which had come to a standstill due to outdated software. Of course, I will also share the software itself (the new one!) with anyone interested by print cataloguing and not too much put off by the <span class="eg deg">whimsicality of </span>computers.</p>
<p>With this, I wish you the best for 2021!</p>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2021/01/31/Happy-new-year-%21#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/81Et une excellente année 2021 !urn:md5:04eabb0d70061bba988b580e752de2522021-01-18T00:00:00+00:002021-01-30T08:34:21+00:00Etienne Barthel <p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Danseuses1.jpg" title="Danseuses1.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Danseuses1_m.jpg" alt="Danseuses1.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Danseuses1.jpg, janv. 2021" /></a></p>
<div style="width:60%; margin-left: auto; margin-right: auto;text-align:center;"><strong>Toute la délicatesse vaporeuse de l'aquatinte, tout juste modelée par quelques rapides inflexions à la pointe sèche : une évocation de futurs énigmatiques ? Une danseuse scrute l'outre-rampe, une autre se retourne comme saisie d'une dernière hésitation. Un épais trait carré les sépare, le long duquel la scie du graveur va bientôt <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/437.htm">diviser la planche en deux estampes</a>. De même nous quittons 2020 en scrutant les nébulosités évanescentes d'une année nouvelle !<br /></strong></div>
<br />
<p>Certes la lente érosion du nombre annuel de billets sur Brouet se poursuit... la production ne s'élève guère qu'à deux unités pour 2020... Mais la difficulté d'accès aux archives et l'attrition de la matière brute entraînent une maturation plus longue qui, paradoxalement, produit des billets plus fournis, voire touffus. Cette année, deux personnages mystérieux se sont révélés un peu plus nettement à nos yeux. Après <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard">Grignard</a>, l'industriel hyperactif devenu mécène désintéressé, voici <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot">Quignolot</a>, le pédagogue au classicisme impeccable qui inculque à toute une génération d'artiste légèreté du crayon et liberté d'esprit : comment mieux entrer dans un siècle nouveau ? </p>
<p>En 2021, la production ne devrait pas ralentir ! Nos fidèles lecteurs auront ainsi bientôt l'occasion de mieux connaître voire découvrir l'illustration que Brouet donna pour un livre fameux : j'avais promis cette analyse le... 15 août 2019. Toute sa production n'est pas également remarquable dans ce domaine, mais celle-ci vaut le coup d'oeil... et nous permettra également de replacer notre artiste dans le foisonnement créatif des années vingt. J'ai aussi presque fini la liste de ses eaux-fortes originales <em>en couleur</em>, qui va donc enfin paraître dans les pages documentaires. Elle y rejoindra la liste des œuvres de reproduction, qui va elle-même s'allonger un peu...</p>
<p>Enfin, invisible encore, mais grosse d'avenir, une révolution s'achève ! Pour établir le catalogue, j'ai enfin réussi à me défaire de mon précédent logiciel, OpenOffice, qui ne me permettait plus d'entretenir et encore moins de faire croître la base de données. Le gros œuvre d'un nouveau système est désormais terminé. Il s'appuie sur un logiciel de gestion de collections muséales en accès libre (du moins financièrement parlant ; ça reste un peu technique à la prise en main...), <a href="https://www.collectiveaccess.org/">Collective Access</a> - appellation prometteuse, on voudra bien en convenir - et qui semble utilisé assez largement par les institutions publiques à travers le monde. Je vais donc pouvoir à nouveau mettre à jour les notices et les enrichir des informations et remarques que vous m'apportez chaque année plus nombreuses ! Les nouvelles pages (illustrées !) qui décrivent la <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/29.htm">Fruitière</a> et les <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/96.htm">Baraques de la zone</a>, restées longtemps quelque peu déshéritées, témoignent déjà de cette esprit de jouvence.</p>
<p>Par ailleurs, une fois les inévitables étapes de rodage surmontées, je mettrai le logiciel lui-même en ligne. L'amateur d'estampe au tropisme taxonomique aura alors à sa disposition un outil moderne, robuste, fonctionnel et gratuit pour décrire l’œuvre de son artiste favori et ainsi contribuer grandement à le tirer de l'oubli dans lequel il est inexplicablement resté depuis tant d'années ! CollectiveAccess lui permettra aussi de partager librement ces trésors d'esthétique et d'érudition sur la toile, s'il le désire, tant pour sa propre satisfaction morale que pour le bénéfice du connaisseur avide d'élégances graphiques ou intellectuelles. On se souviendra alors opportunément que Grignard, philanthrope anglophile, grand amateur de technologies d'avant-garde - il fut adepte dès leurs débuts de la bicyclette et de la photographie - et par dessus tout collectionneur de l’œuvre de Brouet, fut aussi son premier catalographe. Nul doute qu'il se serait précipité...</p>
<p>Avec ces auspices cybernétiques et cet élan de renouveau, je vous souhaite à tous une excellente année 2021 !</p>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2021/01/02/Bonne-Ann%C3%A9e-%21-Happy-New-Year%21#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/80Eugène Quignolot : le maître et ses élèvesurn:md5:7c0818ace79a4a2b025ae10f9570865a2020-10-04T20:00:00+01:002023-06-03T13:03:43+01:00Etienne BarthelQuignolot<p>En 1886, pas même un an après la panthéonisation de Victor Hugo, un
gavroche arpente Montmartre : Auguste Brouet, jusqu'alors élevé aux Lilas par sa
grand-mère, vient de poser ses hardes chez
ses parents. Sans le sou et pratiquement livré à lui-même, il va recevoir quelques éléments d'éducation artistique grâce à un dénommé Eugène Quignolot, professeur de dessin aux cours du soir, avec qui nous faisons ici connaissance.</p> <!--
************************************************* exposition ***************************************
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<div class="illustration droite" style="width: 40%;"><a title="0285.T.286.832.1247.jpg" href="https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/dossiers-thematiques/le-mad-depuis-1864/des-luttes-pacifiques-les-expositions-de-la-seconde-moitie-du-xixe-siecle/les-expositions-de-l-union-centrale"><img title="0285.T.286.832.1247.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right;" alt="0285.T.286.832.1247.jpg" src="https://madparis.fr/IMG/jpg/deuxia_me-expo-des-baai-1865-309-2-23-bis.jpg" /></a><center>Vue photographique de la deuxième <em>Exposition des Beaux-Arts appliqués à l’Industrie</em> (1865). Au premier plan, <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9622699n/f216">François Reverchon</a>, caméiste ; derrière lui, l'exposition est mise en abyme par <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9641170p/f109.item.zoom">Franck</a>, photographe rue Vivienne (Bibliothèque du <a href="https://madparis.fr/">MAD</a>, Album Maciet 309.2)</center></div>
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A treize ans révolus, le jeune Auguste, fils d'un <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/07/25/Toussaint-Brouet%2C-p%C3%A8re-d-Auguste">plumassier en rupture de ban</a> et d'une <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/07/25/Julienne-Mass%C3%A9%2C-un-portrait-de-la-m%C3%A8re-de-l-artiste">couturière</a>, va pouvoir commencer sa vie laborieuse ! Placé en apprentissage successivement chez un lithographe, un certain Delaye, qui donne dans la partition musicale, puis chez un luthier italien, et enfin chez un autre lithographe, <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/02/03/Premiers-pas-dans-la-carri%C3%A8re-%3A-Faria-et-Paulus">Faria</a>, il acquerra peut-être plus tard quelques rudiments du métier ; pour l'heure, il est cantonné aux basses tâches de l'atelier, sans autre profit que quelques sous qu'il rapporte au domicile maternel... quand il y rentre !
<h3>De l'apprentissage à l'<em>Art industriel</em></h3>
<p>Mais les esprits avancés du siècle perçoivent aussi combien les inconséquences de l'apprentissage et les déficiences nombreuses de l'instruction primaire menacent l'essor de l'industrie, alors que les progrès du machinisme multiplient les défis techniques et intensifient la concurrence étrangère. Le péril est même d'ordre esthétique ! Il prend brutalement corps en 1855 à l'Exposition universelle où se manifeste de façon éclatante la supériorité créatrice de l'industrieux anglais. Ainsi, dans son rapport sur l'exposition<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> , le comte de Laborde fustige avec amertume l'abaissement général du goût en France :
</p>
<blockquote><p>
Comprenez-vous comment l'art n'a pas été radicalement tué sous deux générations de fossoyeurs qui se succèdent lugubrement depuis soixante ans, occupés exclusivement à fouiller les tombeaux des générations passées, [...] à les copier aveuglément, servilement, sans choix, et comme poussés par un fétichisme fanatique [...] ? Comprenez-vous quelle atmosphère sépulcrale plane sur ces hommes et combien est grande la nécessité d'aérer et de parfumer ces caves de l'art moderne [...]; combien il est urgent de constituer des hommes pratiques d'une génération saine, vigoureuse, et qui sachent faire une distinction radicale entre l'art créateur et les monuments du passé, comme on distingue la vie réelle de l'histoire ?
</p>
</blockquote>
et de proclamer que <q>l'avenir des arts, des sciences et de l'industrie est dans leur association</q>. Les initiatives en faveur de ce qu'on appellera alors l'<em>Art industriel</em> font ainsi florès au mitan du siècle : des revues voient le jour, comme <em>L'Art pour tous</em> : <em>encyclopédie de l'art industriel et décoratif</em> (1861-1906)<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> et on crée l'<em>Union centrale des Beaux-Arts appliqués à l'Industrie</em>, qui en organise la promotion par de massives expositions abritées par le bien nommé Palais de l'industrie.
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************************************************* buste de Guillaume ********************
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<div class="illustration gauche" style="width: 35%;"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Guillaume_buste_Rodin.jpg" title="Guillaume_buste_Rodin.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Guillaume_buste_Rodin_m.jpg" alt="Guillaume_buste_Rodin.jpg" title="Guillaume_buste_Rodin.jpg, sept. 2020" /></a><center>Buste d'Eugène Guillaume, par Auguste Rodin. Bronze, 1903. (<a href="https://collections.musee-rodin.fr/fr/museum/rodin/buste-masculin-eugene-guillaume">Musée Rodin</a>).<br /></center></div>
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Erigé au débouché des Champs-Élysées à l'occasion de l'exposition universelle de 1855, cet écrin ressortit assez de la <q>manie archéologique</q> critiquée par Laborde : selon Mirbeau<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> , l'édifice tenait à la fois <q>du temple sacré, de la gare de chemin de fer, du music hall et du temple babylonien</q>, et déployait <q>la grâce du bœuf foulant un parterre de roses</q>...</div><div>Quant aux expositions de l'Union centrale, outre un panorama rétrospectif et bien sûr une vaste sélection de réalisations contemporaines, elles donnaient aussi à voir un large choix de dessins des écoliers et des élèves des écoles de dessin de tout le pays. C'est ainsi qu'on accordait désormais à l'apprentissage populaire du dessin une place centrale, à la croisée de la tradition et de l'innovation, dans l'espoir de soutenir activement le développement technologique, industriel et commercial de la nation.
</div><h3><q>Une vérité à la fois physiologique et mathématique</q></h3>
<p>C'est dans cet esprit que l'organisation de l'enseignement du dessin, dans toutes les écoles de France, fut confiée à Eugène Guillaume, sculpteur, professeur aux Beaux-Arts, doublement académicien, bientôt directeur de la villa Médicis et grand-croix de la Légion d'honneur. Nommé en effet, en 1878, directeur des Beaux-Arts au ministère de l'Instruction publique, Guillaume avait édicté les principes d'un tel enseignement bien avant cette date et, quoiqu'il professât ne pas vouloir former des artistes<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup>, comme beaucoup, il reconnaissait les défauts de la méthode traditionnelle d'apprentissage : reposant sur la copie des dessins, elle conduisait à <q>abuser des modèles estampes qui produisent des dessins fades, transparents et sans relief, trop peu modelés [...].</q> Il prônait donc une approche par le volume, qui nécessitait de <q>pourvoir l'école [...] de moulages ainsi que des spécimens de vases et de tapisseries de façon à éviter l'abus des leçons données d'après les dessins estampes</q><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup>
</p>
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************************************************* menu du congrès *******************************************************
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<div class="illustration droite" style="width: 35%;"><a title="0285.T.286.832.1247.jpg" href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/0285.T.286.832.1247.jpg"><img title="0285.T.286.832.1247.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right;" alt="0285.T.286.832.1247.jpg" src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/0285.T.286.832.1247.jpg" /></a><center>Menu du banquet du premier congrès international de l'enseignement du dessin. Pour des dîneurs fin-de-siècle, les professeurs de dessin semblaient avoir adopté des régimes étonnamment légers...<br /></center></div>
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C'est même une conception tout à fait positiviste du dessin qu'il défend<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> et à vrai dire, toute sa rhétorique pédagogique est pétrie de vocables mathématiques ! Ainsi la ligne qui, <q>sans grosseur appréciable, n'est qu'une abstraction pour exprimer l'endroit où les surfaces et les solides expirent, [...] définition mathématique [qui] donne la véritable manière d'entendre les contours</q><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup> . Et de constater avec délice que<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-8" id="rev-pnote-8">8</a>]</sup>
<blockquote><p>l'application que l'on fait de [c]es règles donnent aux œuvres une autorité incontestable. Et comment en serait-il autrement, puisque les solutions obtenues ont le caractère de vérités à la fois
physiologiques et mathématiques !</p>
</blockquote>
<h3>Triomphe et déclin de la Méthode</h3>
<p>L'apothéose d'Eugène Guillaume fut célébrée le 1er septembre 1900, au restaurant de la Lune, au pied de la tour Eiffel. C'est là que se tint le banquet de clôture du premier <em>Congrès international d'enseignement du dessin</em>. En l'absence du maître, retenu à Rome par ses fonctions directoriales, ses théories et la subséquente régénération des pratiques pédagogiques furent célébrées par un toast éloquent du président du congrès, Jules Pillet. Polytechnicien, professeur de dessin d'architecture et accessoirement bras droit du grand homme, il rapporta en outre cette confession reçue de Guillaume quelques jours auparavant<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-9" id="rev-pnote-9">9</a>]</sup> : </p>
<blockquote><p>je vous jure, parce que ma conscience m'ordonne de parler ainsi, à vous et à mes dévoués disciples, que ce que nous avons fait depuis 22 ans est bien, et que la vérité tient dans notre méthode.</p>
</blockquote>
<p>L'ornementation du menu rend compte elle aussi de l'état d'esprit qui présidait au congrès. D'une esthétique toute 1900, on y découvre au premier plan des céramiques contemporaines aux formes tendues, graciles, décorées de motifs floraux bien de leur temps (on n'ose écrire <em>un peu Bing-Bing</em>...), soulignant la fonction du dessin placé au service de la création industrielle. Plus intrigants, quelques vases et coupes antiques, en tête de la feuille, comme stockés au-dessus d'un placard après avoir été exhumés d'un sépulcre, rendent ce qui est sans doute un ultime hommage à une école de pensée qui allait bientôt se diluer dans le siècle nouveau. Car l'approche positiviste du dessin, quand bien même elle avait mis en avant le dessin des machines<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-10" id="rev-pnote-10">10</a>]</sup>, ne s'était pas pour autant défaite des modèles classiques.</p>
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************************************************* modèle de Bilardeaux *******************************************************
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<div class="illustration gauche" style="width: 30%;"><a title="Bilardeaux illustration" href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/M5051_FDN044-84395.JPG"><img title="Modèle antique par Bilardeaux" alt="Modèle antique par Bilardeaux" src="https://media.vam.ac.uk/media/thira/collection_images/2016HY/2016HY5071_jpg_l.jpg" /></a><center>Photographie d'un moulage de statue antique, planche proposée comme modèle pour l'apprentissage du dessin dans les écoles municipales -<em> Etudes de Dessins d’apres l’Antique et les Grands Maîtres</em> par Auguste Bilordeaux (1864 - <a href="http://collections.vam.ac.uk/item/O1326516/ecoles-municipales-etudes-de-dessins-photograph-bilordeaux-adolphe/">collection du V&A)</a>. <br /></center></div>
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<p> Et si le caractère ouvertement utilitariste et froidement mathématique de la méthode Guilllaume faisait frissonner d'horreur un Ravaisson, pour qui <q>prendre la science comme principe de l'art, c'est commettre l'erreur du matérialisme</q><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-11" id="rev-pnote-11">11</a>]</sup>, le modèle classique restait, pour l'un comme l'autre, la pierre de
touche et son imitation seule pouvait révéler le sens esthétique supérieur nécessaire à l'élévation de l'artiste<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-12" id="rev-pnote-12">12</a>]</sup> . Aussi ne devait-on s'épargner aucun effort pour donner à tous le plus libéral accès aux sources classiques - les plus sophistiqués étant sans nul doute ces modèles publiés pour Ravaisson en 1864 d'après
des fragments de statues antiques d'abord moulés en plâtre puis photographiés, succession d'opérations qui, par les nombreuses possibilités de retouche offertes à chaque étape, garantissait une synthèse de légitimité et d'idéalité
qui semblait à l'époque inégalable... </p>
<p>Las ! Quand bien même on avait pu voir son triomphe célébré en grande pompe sur le Champ de Mars à l'aube du siècle nouveau, la méthode Guillaume était déjà contestée et l'extrémisme classico-cartésien dans les affaires esthétiques allait bientôt sombrer, victime des pédagogues. Dès 1909, on lit dans la <em>Revue
pédagogique</em> <sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-13" id="rev-pnote-13">13</a>]</sup> qu'on a
</p>
<div><blockquote><p> ... adopté de nouveaux programmes pour l’enseignement du dessin dans les lycées et collèges de garçons et de jeunes filles. Il ne s’agit pas ici de simples remaniements et retouches. A la méthode qui, depuis bientôt trente ans, était la méthode officielle, on substitue une méthode, non seulement nouvelle, mais contraire.</p>
</blockquote>Et l'auteur d'ajouter, pour qui en douterait encore : <q>c’est une réforme d’ensemble et fondamentale</q> : la vérité tenait bien dans la méthode, mais cette vérité-là avait fini par lasser... </div><div>A vrai dire, le positivisme artistique avait déjà été enterré d'une autre manière en mars 1905, quelques jours après le décès du statuaire à Rome. Louis Vauxcelles donnait alors dans le <em>Gil Blas</em> cet éloge funèbre d'Eugène Guillaume<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-14" id="rev-pnote-14">14</a>]</sup> :</div><blockquote><div>Consciencieux, fort en thème, glacial, rétrograde dès l'adolescence, auteur vers 1845 d'un prix de Rome de mythologie, naturellement pompière, il accumula d'innombrables commandes d'Etat, qu'il perpétra avec la régularité d'un irréprochable industriel.</div></blockquote>
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************************************************* les académies ***************************************************************
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<div class="illustration droite" style="width: 55%;">
<div style="width: 50%; float: left;"><a title="Demeny illustration" href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/M5051_FDN044-84395.JPG"><img title="Demeny illustration par Quignolot" alt="Demeny illustration" src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.M5051_FDN044-84395_m.jpg" width="100%" /></a></div>
<div style="width: 50%; float: left;"><a title="Demeny illustration" href="http://www.ensba.fr/ow2/catzarts/images/M5051_FDN043-84394.JPG"><img title="Demeny illustration par Quignolot" alt="Demeny illustration" src="http://www.ensba.fr/ow2/catzarts/images/M5051_FDN043-84394.JPG" width="100%" /></a></div>
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<img title="Demeny illustration par Quignolot" style="width: 20%;" alt="Demeny illustration" src="http://www.ensba.fr/ow2/catzarts/images/M5051_FDN040-84391.JPG" />
<img title="Demeny illustration par Quignolot" style="width: 20%;" alt="Demeny illustration" src="http://www.ensba.fr/ow2/catzarts/images/M5051_FDN042-84393.JPG" />
-->
<div style="width: 95%;">
<center>Dessins d'académie à l'Ecole des Beaux-Arts, à gauche par l'élève Eugène Quignolot, à droite par son camarade Auguste Mengin, qui leur vaudront chacun une seconde médaille (1871).<br /></center></div></div>
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avant de l'achever ainsi :
<blockquote><p>De tous les bustes de feu Guillaume, il y en eut un fort beau — le sien.<br />Il est vrai qu'il est d'Auguste Rodin.</p>
</blockquote>
<h2>Un professeur de dessin sous la troisième république</h2>
<p>Mais revenons au banquet du 1er septembre 1900 ! Tandis que Pillet tresse des couronnes à son mentor, voici un participant, discrètement assis au pied de la tribune, qui écoute attentivement les toasts : c'est Eugène Quignolot, chargé d'en recueillir <q>avec une exactitude parfaite</q><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-15" id="rev-pnote-15">15</a>]</sup> les textes…</p>
<h3>Carrières d'artistes</h3>
<p>Né en 1847, fils d'un petit artisan de Dijon<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-16" id="rev-pnote-16">16</a>]</sup> , Eugène Quignolot devient <q>dessinateur</q> et entre en 1868 à l’École des Beaux-Arts où il est élève de Pils. L'institution a d'ailleurs conservé de sa main une académie qui lui valut une seconde médaille. Au contraire de quelques camarades, comme Auguste Mengin, Quignolot ne fit pas carrière comme peintre, quoiqu'il ait exposé au Salon de 1880 un grand portrait en pied<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-17" id="rev-pnote-17">17</a>]</sup> , mais comme pédagogue : occupation moins en vue et par laquelle il est encore plus difficile de se faire un nom. C'est ainsi que <em>Byblis</em> en 1923 mentionne les <q>cours du soir chez <em>Kignolet</em></q> tandis que le catalogue du Salon de 1903 nous gratifie d'un <q>Guignollot</q><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-18" id="rev-pnote-18">18</a>]</sup> , d'ailleurs repris par l'IFF<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-19" id="rev-pnote-19">19</a>]</sup> !</p>
<p>Or, à partir de 1865, le recteur de la ville de Paris, l'infatigable Octave Gréard<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-20" id="rev-pnote-20">20</a>]</sup> s'était attelé à la rénovation de l'enseignement primaire et des cours pour adultes : il avait pourvu à l'aménagement des locaux, toiletté les programmes et les examens et surtout, il avait relevé la sélection des maîtres. Ainsi pour enseigner le dessin <q>il ne suffi[sai]t plus [...] d'avoir exposé au Salon et la position de professeur de dessin n'[était] plus considérée comme une compensation donnée à ceux pour lesquels la carrière des Arts ne s'[était] pas autant ouverte qu'ils l'auraient désiré.</q><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-21" id="rev-pnote-21">21</a>]</sup> </p>
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************************************************* chronophotograpie *********************************************************
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<div class="illustration gauche" style="width: 60%;"><a title="Demeny - chronophotographie" href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/M5051_FDN044-84395.JPG"><img src="https://collectionapi.metmuseum.org/api/collection/v1/iiif/291656/619975/main-image" /></a><center>G. Demenÿ, 1906, chronophotographie<br />(collection du <a href="https://www.metmuseum.org/art/collection/search/291656">Metropolitan Museum</a>, New York).</center></div>
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<p>C'est donc en lauréat d'un concours exigeant que Quignolot fut recruté en 1872, alors qu'il était tout juste sorti de l'Ecole des Beaux-Arts, pour enseigner ensuite pendant trente cinq ans le dessin à vue et la composition décorative dans les écoles de Paris<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-22" id="rev-pnote-22">22</a>]</sup> . </p>
<h3>Demenÿ fait son cinéma</h3>
<div>
Mais si Quignolot ne nous est connu ni par des succès insignes ni par des refus éclatants au Salon, son nom se trouve associé à une entreprise éminemment fin de siècle, qui conjugua le goût revanchard pour le sport que l'époque vit naître et l'une des plus visionnaires inventions expérimentales de l'ère positiviste. A partir des années 1880 environ, à la Station physiologique du parc des Princes, Jules Marey développait la prise de vue photographique à haute cadence afin de déterminer la cinématique du mouvement animal et humain et en comprendre la physiologie. Il était assisté de Georges Demenÿ avec qui il semblait entretenir des relations de travail qui seraient vues d'un assez bon oeil par le pire mandarin universitaire de notre temps. Quelle fut la contribution de Demenÿ, devenu expert en chronophotographie, à l'invention du cinéma, c'est incertain<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-23" id="rev-pnote-23">23</a>]</sup> ! Toujours est-il que la paternité de l'invention fut <em>in fine</em> attribuée à Louis Lumière - avec un tel patronyme, c'était inévitable... Demenÿ put cependant se consoler par une carrière dans la pédagogie de l'éducation physique. Auteur de nombreux ouvrages didactiques sur le sujet, il fut ainsi chargé d'en superviser l'enseignement aux jeunes parisiens<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-24" id="rev-pnote-24">24</a>]</sup> .
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************************************************* le nu battant **********************************************
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<div class="illustration droite" style="width: 40%;"><a title="Demeny illustration" href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/big.jpg"><img title="Demeny illustration par Quignolot" alt="Demeny illustration" src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.big_m.jpg" /></a><center>Eugène Quignolot, illustration de <em>Mécanisme et éducation des mouvements</em> par G. Demeny, 1904, d'après les <a href="http://www.diva-portal.org/smash/record.jsf?pid=diva2%3A1282702&dswid=6765"><em>Etudes de Physiologie artistique</em> </a>(1893) réalisées par Marey et Demeny grâce à la chronophotographie.<br /></center></div>
</div>
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Etait-ce donc en collègue que Quignolot fut sollicité pour l'illustration de certains volumes ? Toujours est-il qu'il retranscrivit par le dessin quelques-unes des cinématiques photographiques de Marey et Demenÿ<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-25" id="rev-pnote-25">25</a>]</sup> , la facture des clichés étant sans doute jugée esthétiquement insatisfaisante. Intéressante réminiscence d'atelier des Beaux-Arts que ces instantanés d'athlètes en pleine action, traduits avec les codes de la figure académique<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-26" id="rev-pnote-26">26</a>]</sup>, devenue ici <em>dynamique</em>, et certifiée positive ! A vrai dire, ce balancement fin de siècle entre recherche esthétique et démarche scientifique n'est pas pour surprendre, qu'on pense aux entreprises de physiologistes comme Jean-Emile Charcot et son disciple Paul Richer, dont l'influence sur l'enseignement de l'anatomie artistique persiste jusqu'à nos jours, ou la place faite peu après chez certains artistes novateurs à la décomposition du mouvement, comme parmi tant d'autres le grand Marcel avec son <em>Nu descendant un escalier</em>.
<h3><q>Un modeste peintre qui forma de beaux artistes</q></h3>
<div>
A la ville de Paris, Quignolot enseigna dans plusieurs écoles, d'abord au 16 rue de la victoire<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-27" id="rev-pnote-27">27</a>]</sup> , puis aux Batignolles<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-28" id="rev-pnote-28">28</a>]</sup> (tous les soirs sauf le samedi) où le cours était hébergé sous un préau couvert, dans la cour<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-29" id="rev-pnote-29">29</a>]</sup> . Cette installation, d'autant plus précaire que l'enseignement du dessin nécessitait comme on l'a vu un matériel
abondant et volumineux témoigne assez du statut mal assuré de la discipline... A partir de 1900 environ, Quignolot enseigna également dans une école de jeune filles au 69 rue
du faubourg Saint-Martin, dans le Xème<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-30" id="rev-pnote-30">30</a>]</sup> .
En pas loin de de quarante ans de carrière, il eut loisir de former les ouailles les plus diverses, et quelques-uns apparaissent ici ou là, au hasard des annotations, avec des histoires personnelles parfois... pittoresques.</div><div>Ainsi, à une date inconnue, probablement vers 1900, il eut pour élève un certain Georges Garen (1854-1913), artiste assez discret, qui laissa nombre de gravures d'illustration, surtout pour des ouvrages d'histoire régionale, et d'autres créations de circonstance qu'il exposa régulièrement aux Artistes français<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-31" id="rev-pnote-31">31</a>]</sup>. En fait, Garen avait, dans une vie antérieure, fait une école de commerce<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-32" id="rev-pnote-32">32</a>]</sup> puis investi dans l'hôtellerie de luxe, avant que la faillite du Splendide Hotel<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-33" id="rev-pnote-33">33</a>]</sup> , près de l'Opéra, n'entraîne sa chute et - sans doute - sa réorientation professionnelle.</div>
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************************************************* jardin dans l'Esterel ****************************************************
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<div class="illustration gauche" style="width: 35%;"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Jardin_dans_l_Esterel.png" title="Jardin_dans_l_Esterel.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Jardin_dans_l_Esterel.png" alt="Jardin_dans_l_Esterel.png" title="Jardin_dans_l_Esterel.png, sept. 2020" /></a><center>Jardin dans l'Esterel, huile sur toile de Mathilde Arbey, vers 1930 (vente Joron Derem, 27 avril 2007, n° 52)</center></div>
<div>Autre élève un peu original, un certain Julien Champagne, né dans une famille de petits artisans et commerçants. Quignolot le présenta au concours de l'Ecole des Beaux-Arts avec succès<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-34" id="rev-pnote-34">34</a>]</sup> mais son nom est passé à la postérité plutôt grâce à sa passion pour l'hermétisme et l'alchimie<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-35" id="rev-pnote-35">35</a>]</sup>. Autre élève de Quignolot vers 1900, rejeton lui aussi d'un artisan, mais qui donnait plutôt dans la peinture en bâtiment, un dénommé Georges Braque<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-36" id="rev-pnote-36">36</a>]</sup>. A la même époque, Marie Laurencin, fille naturelle d'un député et d'une brodeuse bretonne fraîchement débarquée à Paris, s'essayait à la peinture sur porcelaine : après avoir suivi les enseignements de Quignolot, elle rejoignit, tout comme (et avec...) Braque, l'académie Humbert. Mentionnons encore Mélanie Faivre-Vallée (1874 - 1964), issue d'une famille de tisserands de l'Aisne et qui fut, comme tant d'autres, d'abord couturière puis se consacra à la miniature après qu'un médecin lui ait interdit les travaux d'aiguille, trop préjudiciables à sa santé<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-37" id="rev-pnote-37">37</a>]</sup>. Mentionnons encore les destins divers de Gustave Bastogne (1880-1962), plus tard professeur de dessin de la ville de Paris, Paul-Loys Armand (1873-1954), décorateur et illustrateur pour l'éditeur <a href="https://publicationscalamar.wordpress.com/2019/03/24/bibliographie-des-editions-cyral/">Henri Cyral</a>, Mathilde Arbey qui fréquenta elle aussi successivement la classe de Quignolot et l'académie Humbert, avant de faire fructifier la veine orientaliste, tout comme Yvonne Thivet<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-38" id="rev-pnote-38">38</a>]</sup> ... Et bien sûr Auguste Brouet... Comment donc ne pas souscrire à la jolie formule de Georges Normandy qui voyait en Quignolot un <q>modeste peintre qui forma de beaux artistes</q> ?<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#pnote-39" id="rev-pnote-39">39</a>]</sup> </div><div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6209459g/f416">De l'union des arts et de l'industrie, par le Cte de Laborde, Paris, 1856, p. 400<br /></a></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] revue dont la raison d'être est exposée <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5516423q/f8.item">ici</a></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] dans un <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k753233/f1012.item">article de la Revue des deux mondes, 1895, p. 888</a> intitulé <em>Pourquoi des expositions ?</em> qui fait étrangement écho à des réflexions contemporaines sur certaines très populaires manifestations à grand spectacle. Les jeux olympiques auraient-ils finalement remplacé les expositions internationales ?</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] dans son <a href="https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uc1.c2528036&view=1up&seq=12">Idée générale d'un enseignement des Beaux-Arts appliqué à l'industrie</a>, en 1866, Eugène Guillaume dit se placer <q>d'abord au point de vue [...] de l'art appliqué à l'industrie</q> pour <q>pourvoir aux besoins des branches les plus relevées comme les plus modestes de la production de notre pays</q></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6211949m/f6">Journal officiel, 30 juin 1879, p. 5822</a> </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] il affirme en effet dans son <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9686049k/f450">Rapport du jury</a> de l'Exposition de l'Union centrale de 1865, p. 450, que <q>le dessin doit être considéré au début bien plutôt comme un mode de représentation positive que comme un moyen d'exprimer des sentiments. Il faut le considérer surtout sous le rapport de la correction et de l'exactitude, l'envisager en un mot par son côté utile, qui consiste d'abord à bien copier</q>. Car Guillaume, statuaire, se défie de la peinture qui, à partir du XVIIème siècle, <q>à cause de ses qualités pathétiques expressives, prit le premier rang, et tous les arts sous son influence, bien qu'avec des ressources inférieures, se mirent à poursuivre l'expression. L'ordre moral fut ainsi substitué dans leur classification à l'ordre logique.</q> ibidem p. 457</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] et d'ajouter : <q>Du reste, tous les termes employés dans les arts pour exprimer les qualités essentielles des formes et leurs rapports sont empruntés aux sciences exactes.</q> ibidem p. 440 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-8" id="pnote-8">8</a>] dans <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k992873k/f10.image">L'enseignement du dessin</a>, par E. Guillaume et J. Pillet, p. 4, on comprend qu'universelle, cette méthode permettra d'aborder avec succès tous les genres que sont <q>le dessin linéaire et géométrique, le dessin d'art, le dessin pittoresque en général et celui de la figure humaine en particulier, l'étude des ornements, les dessin des machines et enfin le dessin de mémoire et composition.</q></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-9" id="pnote-9">9</a>] date à laquelle il devint <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k992873k/f20.item.zoom">directeur des Beaux-Arts</a> </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-10" id="pnote-10">10</a>] s'il se défie de la peinture, il s'affirme par contre <q>plein[s] de confiance dans l’avenir [...] en ce qui
concerne les formes générales des machines et les qualités expressives
que ces formes sont appelées <span style="color:Slategray;">à</span> revêtir</q> (<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k851722q/f68">Essais sur la théorie du dessin et de quelques parties des arts</a>, 1896). </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-11" id="pnote-11">11</a>] dans l'article "Dessin" du Dictionnaire pédagogique et d'instruction primaire dirigé par Ferdinand Buisson, Partie I (théorie), tome I. Voir aussi <a href="http://dessinoprimaire.blogspot.com/2012/02/lenseignement-du-dessin-dapres-felix.html">L'enseignement du dessin d'après Félix Ravaisson</a> sur http://dessinoprimaire.blogspot.com.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-12" id="pnote-12">12</a>] Et cet amour de l'antique, ils s'en défendent (Idée générale... p. 15) : <q>Nous savons qu'il peut exister chez plusieurs personnes une prévention très-forte contre l'antiquité considérée comme classique : on voit quelquefois dans l'importance qu'on lui accorde dans les études la cause du développement difficile de notre originalité. C'est oublier notre histoire et méconnaître les points de contact et les conformités remarquables qui existent entre le génie antique et notre génie national</q>.
</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-13" id="pnote-13">13</a>] <a href="https://education.persee.fr/doc/revpe_2021-4111_1909_num_54_1_5753">La réforme de l’enseignement du dessin</a>, Maurice Pellisson, Revue pédagogique Année 1909 54-1 pp. 22-40 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-14" id="pnote-14">14</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7528595v/f1.item">Gil Blas, 2 mars 1905</a> </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-15" id="pnote-15">15</a>] <a href="http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?8XAE501/295/100/347/0002/0346">Premier congrès international de l'enseignement du dessin</a> (29 août - 1er septembre 1900), Exposition universelle internationale de 1900, Paris : Cercle de la Librairie, 1902, p. 296</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-16" id="pnote-16">16</a>] le 17 janvier - son père est matelassier. Sa fiche de matricule (Dijon 1867 n° 26) nous indique qu'il est alors dessinateur à Paris.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-17" id="pnote-17">17</a>] représentant Mme M*, <q>debout et de face, en pleine lumière, posant la main sur les touches de son piano</q>], mais au delà de cette toile, à laquelle le critique trouve <q>style et qualités</q> avec cette <q>pose [...] sévère, la tête pâle, distinguée et intelligente</q>, on peine à identifier l'œuvre d'Eugène Quignolot [On peut lister pour le moment, outre l'académie de l'Ecole des Beaux-Arts, deux toiles, un pastel et un dessin.]</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-18" id="pnote-18">18</a>] catalogue du <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1183350g/f626">Salon des Artistes français</a> (Grand Palais), 1903, eau-forte de Georges Garen.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-19" id="pnote-19">19</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5489221t/f381">notice de G. Garen</a> dans l'IFF</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-20" id="pnote-20">20</a>] Gréard, un moraliste et un éducateur, P. Bourgain, Hachette 1907 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-21" id="pnote-21">21</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k992873k/f22">L'enseignement du dessin</a>... p. 16</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-22" id="pnote-22">22</a>] Quignolot pris sa retraite en 1909 - la retraite venait d'être instituée pour les professeurs de dessin de la ville de Paris - et disparut le 22 septembre 1921 à Jouarre. Il n'est donc pas sans intérêt de constater que les dates de naissance et de décès qui lui sont attribuées par de péremptoires parenthèses chaque fois qu'il est fait allusion à Quignolot sur la toile sont l'une et l'autre fausses, propagées sans aucune sorte de mise en garde par un rapide copier-coller peu regardant... y compris, d'ailleurs par moi-même...</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-23" id="pnote-23">23</a>] <a href="https://www.persee.fr/doc/1895_0769-0959_1995_num_18_1_1102">Glissements progressifs vers le plaisir.</a> Remarques sur l'œuvre chronophotographique de Marey et Demenÿ, L. Mannoni in 1895, revue d'histoire du cinéma, année 1995 n° 18 pp. 10-51 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-24" id="pnote-24">24</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6477397m/f22">Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris</a>, 24 novembre 1891 p. 2576 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-25" id="pnote-25">25</a>] <a href="http://www.diva-portal.org/smash/get/diva2:1282702/FULLTEXT01.pdf">Etudes de physiologie artistique</a>, par Marey et Demeny, 1893</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-26" id="pnote-26">26</a>] <a href="https://archive.org/details/b21934319/page/134/mode/2up">Mécanismes et éducation des mouvements</a>, G. Demenÿ, Alcan, Paris, 1904 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-27" id="pnote-27">27</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9316614/f233">Annuaire des beaux-arts et des arts décoratifs</a>, 1879</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-28" id="pnote-28">28</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6440130r/f4">Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris</a>, 4 octobre 1894, p. 2290 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-29" id="pnote-29">29</a>] le préau est décrit dans le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6446984x/f8">Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris</a>, 29 mai 1894 p. 1188 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-30" id="pnote-30">30</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3043440h/f268">L'enseignement technique en France</a>, Courriot et Delmas, 1900</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-31" id="pnote-31">31</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1182694c/f388">Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans</a>... 1885 p. 249 </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-32" id="pnote-32">32</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55682995/f119">Annuaire général</a> ... / Union des associations des anciens élèves des écoles supérieures de commerce, 1913</p>
<p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-33" id="pnote-33">[33</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55946052/f4">Archives commerciales de la France</a>, 25 novembre 1877 p. 1500 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55946052/f4] </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-34" id="pnote-34">34</a>] A.N. AJ52*, carton n°
289, d'après <em>Le puzzle Fulcanelli</em>, de Walter Grosse, édition
électronique - une copie de la recommandation de Quignolot pour le
concours des places est visible sur le site <a href="http://www.archerjulienchampagne.com/article-4265443.html">http://www.archerjulienchampagne.com/article-4265443.html</a> </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-35" id="pnote-35">35</a>] voir <a href="http://hermetism.free.fr/personne%20Fulcanelli.htm">http://hermetism.free.fr/personne%20Fulcanelli.htm</a> et <a href="http://www.archerjulienchampagne.com">http://www.archerjulienchampagne.com</a> </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-36" id="pnote-36">36</a>] <em>Braque</em>, Raymond Cogniat, Flammarion et <em>Life of Georges Braque</em>, Alex Danchev </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-37" id="pnote-37">37</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5515807p/f3.image.r=Quignolot%20Yon?rk=257512;0">Revue moderne des arts et de la vie, 15 décembre 1921, p. 3 </a></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-38" id="pnote-38">38</a>] Elles exposent toutes trois au <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98117334/f5">salon des Champs Elysées en 1913</a></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#rev-pnote-39" id="pnote-39">39</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5675047b/f342">La France active, 31 janvier 1929, p. 138</a> </p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2019/11/02/Eug%C3%A8ne-Quignolot#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/76A Grignard, le collectionneur reconnaissant !urn:md5:6be36da0026212b5ee9b1821c61fad322020-01-01T00:02:00+00:002021-01-02T21:35:48+00:00Etienne Barthel<p>Ce billet, consacré au <em>"Ursammler</em>" de Brouet, est dédicacé à ses collectionneurs actuels, dont le nombre a connu une progression foudroyante<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-0" id="rev-pnote-0">1</a>]</sup> très récemment !</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-0" id="pnote-0">1</a>] en proportion, du moins...</p>
</div> <div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Tete_de_Saint_Jean_Baptiste.png" title="Tête_de_Saint_Jean_Baptiste.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Tete_de_Saint_Jean_Baptiste_s.png" alt="Tête_de_Saint_Jean_Baptiste.png" title="Tête_de_Saint_Jean_Baptiste.png, déc. 2019" /></a><center>Rodin, tête de Saint-Jean Baptiste, vers 1878, terre cuite. Vente aux enchère du 11 mai 1943 à Nice, n° 104 du catalogue.<br /></center></div>
<p>Dans <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76325609/f2.image"><em>Le Journal </em>du 19 mai 1943</a> on lit :</p>
<blockquote><p>Nice - la vente de la collection d'un amateur dans le Hall du Savoy, dirigée par M° Terris, assisté de M. Martini, expert, a produit de brillantes enchères : tête de Saint Jean-Baptiste, terre cuite originale, par Rodin, 118.000 fr. ; les dessins de Bottini ont fait de 16.000 à 29.000 francs ; les aquarelles de Jongkind, de 12.500 à 44.000 fr. ; une toile de Lebasque, 39.000 fr. ; une aquarelle de Rouault, 25.200 francs ; les œuvres de Geo Page se sont également bien vendues.</p>
</blockquote>
<p>La tête de Saint-Jean Baptiste : si l'on devine sans peine que cette pièce fut le sommet de la vente, le <a href="http://bibliotheque-numerique.inha.fr/idurl/1/24077 ">catalogue</a> nous dévoile par ailleurs une collection assez originale de toiles modernes, pour la plupart de bonne tenue. Et parmi un large ensemble, on remarque un grand nombre de dessins signés Brouet, accompagnés d'un choix de premier ordre de ses eaux-fortes : en tout plusieurs dizaines d'épreuves. Parmi ces dessins, un <a href="https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/24077/?offset=#page=2&viewer=picture&o=bookmarks&n=0&q=">autoportrait</a> daté 1915, reproduit en frontispice du catalogue, attire l'attention : il est dédicacé <q>à mon vieil ami Grignard</q>. Car cet amateur que mentionne <em>Le Journal</em>, c'est bien lui : pour preuve, on retrouve sous les n° 105 et 106, <em>la Belle Heaulmière</em> et <em>l'Epave</em>, qu'il avait acquises pendant la première guerre mondiale<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> . Et c'est ainsi que cet amateur d'art inconnu, premier catalographe de Brouet, se rappelle une nouvelle fois à notre empathique souvenir.</p>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/sorolla__joaquin_playa_de_vale_landscape_sotheby_s_l15102lot.jpg" title="sorolla, joaquín playa de vale landscape sotheby's l15102lot.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.sorolla__joaquin_playa_de_vale_landscape_sotheby_s_l15102lot_m.jpg" alt="sorolla, joaquín playa de vale landscape sotheby's l15102lot.jpg" style="float: right; " title="sorolla, joaquín playa de vale landscape sotheby's l15102lot.jpg, déc. 2019" /></a><center>Sorolla, vue de la côte de Valence, vers 1900. Huile sur carton (Sotheby's, vente du 16 décembre 2015, n° 22).<br /></center></div>
<p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/06/15/Grignard">Georges Grignard</a>, c'est cet homme moderne, éduqué à New York, naturalisé
américain<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> -- et qui l'affiche : à son mariage, dans ses écrits, ce qui lui vaut d'être pris avec quelque hauteur par des correspondants à l'esprit un peu trop étroitement patriotique<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> ... - excellent connaisseur de la langue
anglaise, donc, industriel (ou négociant ?) représentant en France les intérêts d'un grand manufacturier de tissus anglais. C'est aussi un adepte des techniques les plus novatrices comme... le vélo -- il
est des premiers à s'adonner à cette pratique audacieuse, pour ne pas dire casse-cou, puisqu'on le
compte au rang des <em>velocemen</em> dès 1893<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> -- et... la photographie en 1900<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup> . </p>
<p>Au delà de la technique, Grignard sait aussi faire montre d'idées sociales avancées. Il est philanthrope, comme en témoignent ses <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/03/18/Un-courrier-de-Georges-Grignard">commentaires sur le repos hebdomadaire</a>, et les encouragements qu'il prodiguait aux jeunes gens. On l'a vu avec les <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/06/15/Grignard">retoucheurs pour la photographie</a>, dans une lettre, et de façon suivie avec Brouet, qu'il voulait <q>faire percer</q>. Etait-ce d'ailleurs pousser la logique jusqu'au bout que de se désintéresser de l'artiste, une fois le renom venu ? Car on se souvient que dans les années 20, il avait vendu sa collection de gravures, puis certains de ses dessins<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> . On voit ici qu'il en avait gardé quelques-uns, tout de même...</p>
Esprit méthodique, certainement : il avait aussi établi une double série de fiches en vue de publier un catalogue de l’œuvre gravé de Brouet... qui ne vit jamais le jour<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup> . Homme passionné, sans doute. Car Grignard est collectionneur dans l'âme, avant même que d'être amateur d'art. En effet, en 1891, on lui découvre une passion pour... les
timbres<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-8" id="rev-pnote-8">8</a>]</sup> , Philatèle<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-9" id="rev-pnote-9">9</a>]</sup> prosélyte, il écrit de volumineux articles didactiques avant de devenir rédacteur en chef d'un des canards de la discipline, d'autant plus férocement rivaux qu'ils étaient plus en mal de lecteurs, et de participer en 1913 à l'organisation d'une <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9800968f/f68.image.r=Grignard">exposition philatélique internationale</a> à Paris !<p>Mais revenons-en aux Beaux-Arts... Si l'on ne sait quand vint sourdre la passion, et sous quelle impulsion, on peut penser que c'est chez lui une affaire tardive. Quand en 1917, il écrit à Le Garrec qu'il en "pince toujours pour l'art"<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-10" id="rev-pnote-10">10</a>]</sup> , il semble presque s'en étonner, et quand il avoue en "découvr[ir] les
dessous du commerce", c'est pour ajouter : "ce n'est pas propre" ! Remarque qui ne semble pas en dénoter une bien grande expérience...</p>
<div class="illustration droite" style="width:40%"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Chevaux_de_halage_2.jpg" alt="Chevaux_de_halage_2.jpg" title="Chevaux_de_halage_2.jpg, déc. 2019" /><center>Luigini, Chevaux de halage, vers 1920, eau-forte en couleur.<br /></center></div>
<p>En fait, la première trace de la quête esthétique de Grignard est la mention, dans un courrier à Sagot daté du 23 Novembre 1905<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-10" id="rev-pnote-10">10</a>]</sup>, du <em>pont de Heidelberg</em>, une oeuvre de (ou d'après ?) Balestrieri, ainsi que d'épreuves de Waidman - un habitué des cimaises de la galerie Georges Petit - <em>Silhouette Bretonne</em> et de Louis Dauphin, <em>Quai de Toulon</em>. Ces deux dernières œuvres figurèrent d'ailleurs au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1906. Faut-il donc dater les débuts du collectionneur d'art de 1905 environ, alors qu'il est âgé de près de cinquante ans ? Quelques mois plus tard se tient la grande exposition personnelle de Sorolla à la même galerie Georges Petit, un succès retentissant qui contribua
très largement à la consécration du peintre. Grignard y est, qui s'offre une petite toile<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-11" id="rev-pnote-11">11</a>]</sup> , une <em>vue de la Côte d'Azur </em>de vingt centimètres de côté, qu'il conservera toute sa vie<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-12" id="rev-pnote-12">12</a>]</sup> .</p>
<p>Plus largement, c'est l'ensemble de sa collection qui témoigne de la constance de son attachement à la galerie Georges Petit et à un de ses avatars de l'entre-deux-guerres, la galerie de l'<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne">Estampe Moderne</a>. En effet, outre ces premiers achats, il collectionnera avec constance les artistes réguliers de la galerie. C'est ainsi que l'on trouve dans sa vente plusieurs huiles, pastels et estampes de Franz Charlet et de Ferdinand Luigini, deux peintres qui non seulement contribuèrent abondamment aux catalogues de l'Estampe Moderne, mais figurèrent également parmi ses sociétaires, et en furent même chacun un temps président<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-13" id="rev-pnote-13">13</a>]</sup> ! </p>
<p>Cette galerie, comme on le sait, était dirigée par <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne">Octave Bernard</a> dont l'action énergique au service de l'estampe en couleur lui valut l'amitié de Grignard. Celui-ci assista par exemple au - désormais fameux - banquet de 1926 qui célébra la réception du marchand dans l'ordre de la Légion d'Honneur<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-14" id="rev-pnote-14">14</a>]</sup> . Il marqua son soutien appuyé à la galerie jusqu'en 1930 au moins, achetant plusieurs de ces ouvrages illustrés<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-15" id="rev-pnote-15">15</a>]</sup> dont on sait qu'Octave Bernard assurait la promotion avec le plus grand zèle. Grignard choisissait généralement des exemplaires sur grand papier - avec une affection toute particulière pour le n°1 ! Détail curieux, il possédait deux exemplaires du <em>Florilège des Lyriques Latins</em>, ouvrage léger dont le choix, la traduction, les ornements et les illustrations avaient tous pour auteur André Lambert ! Or -- était ce un reste de l'éducation somme toute classique qu'il avait reçue au collège Saint-John de New-York ? -- Grignard était un bon connaisseur des langues mortes : en témoignent les <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96875879/f1.image.r=%22Geo%20Grignard%22">développements érudits</a> par lesquels il prit position dans la querelle étymologique qui opposa longtemps les timbrologues et des philatèles ! On ne peut donc affirmer si dans cet ouvrage, ce qui attira le plus son regard fut l'illustration ou le texte...</p>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Elegante_sur_un_sofa.jpg" title="Elegante_sur_un_sofa.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Elegante_sur_un_sofa_m.jpg" alt="Elegante_sur_un_sofa.jpg" title="Elegante_sur_un_sofa.jpg, déc. 2019" /></a><center>Bottini, Elégante sur un sofa, 1903, aquarelle et encre de chine. Vente Ader, 27 mars 2014, n° 60.<br /></center></div><p>Dans une veine un peu différente, sa collection est aussi remarquable par le grand nombre de dessins aquarellés de Georges Bottini, peintre montmartrois qui fut, jusqu'à sa disparition prématurée en 1907, un ami intime de Gaston de Pawlowski. Ce journaliste et homme de lettre très créatif porta un temps quelqu'attention à Brouet (nous écrirons bientôt (!) une notice à ce sujet) et Brouet fit plusieurs fois son portrait à l'eau-forte<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-16" id="rev-pnote-16">16</a>]</sup> . Mais ce que nous notons ici, c'est que la collection de Pawlowski<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#pnote-17" id="rev-pnote-17">17</a>]</sup> , comme celle de Grignard, rapproche dessins de Bottini et estampes de Brouet. Comment comprendre ce qu'on peut voir comme une communauté de perception ? Les deux oeuvres s'enracinent dans le quotidien du quartier (montmartrois bien sûr...) quoique Bottini ait élargi son champ de vision au delà de la vie populaire et se soit attaché à représenter aussi des catégories plus relevées de la société, et tout particulièrement l'élégance familière de la demi-mondaine. Il pratiquait un dessin au moins aussi lâché que celui de Brouet, mais le mettait au service d'une fantaisie pratique alimentée par des exubérances de coloriste rares. Chez Bottini, la plus petite scène du quotidien prend des tours de narration de vaudeville interrompue, d'instantané saisi au coeur d'une fable. Quand l’œuvre de Brouet, ancré dans un présent populaire, est gravé avec la sincérité de l'expérience quotidienne, Bottini claque sur les mêmes scènes des dessins d'une grâce enfantine et les enlumine de coloris de fauves. Le double exemple de Grignard et de Pawlowski nous incite ainsi à voir Brouet et Bottini comme deux faces d'une même sensibilité.</p>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Rosso_enfant_juif.jpg" title="Rosso_enfant_juif.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Rosso_enfant_juif_m.jpg" alt="Rosso_enfant_juif.jpg" title="Rosso_enfant_juif.jpg, déc. 2019" /></a><center>Medardo Rosso, l'Enfant Juif, vers <span class="st">1892</span>, bronze. Collection de Georges Grignard, n° 108 du catalogue de sa vente.<br /></center></div>
<p>Mais peut-être peut on pénétrer encore plus sûrement les goûts de Grignard en s'intéressant à d'autres sculptures de sa collection. Passons sur cette fonte des<em> Deux Enfants</em>, de Rodin, et arrêtons-nous plutôt sur deux œuvres de Medardo Rosso : l'<em>Enfant Juif</em>, un bronze fondu par l'artiste lui-même, que Grignard lui acheta en main propre en 1920 ; et l'<em>Enfant Malade</em>, une cire qui lui fut offerte en 1928 par le fils de l'artiste. On notera aussi une étonnante œuvre tardive de Paul François Berthoud, un masque en terre cuite teinte et rehaussée d'or, sculpture qui possède quelque similitude avec le <a href="https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/resultat-collection.html?no_cache=1&zoom=1&tx_damzoom_pi1%5Bzoom%5D=0&tx_damzoom_pi1%5BxmlId%5D=015162&tx_damzoom_pi1%5Bback%5D=fr%2Fcollections%2Fcatalogue-des-oeuvres%2Fresultat-collection.html%3Fno_cache%3D1%26zsz%3D9">masque</a> conservé au Musée d'Orsay. Ces trois têtes partagent des traits communs : laissées intentionnellement inachevées, manière qui ouvre à des recherches de segmentation, comme chez Berthoud, et confère ainsi à l’œuvre un caractère multiple, une nuance d'interrogation ; une dynamique du modelage visant à une contexture faussement aléatoire. La douceur irénique des visages animés par ces surfaces frémissantes traduisent peut-être mieux la sensibilité de Grignard que la robustesse antique des corps et le masque héroïque des têtes pétris par les mains de Rodin.</p>
<div class="illustration droite" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Vieille_Rue_aux_Damps_enfants.jpg" title="Vieille_Rue_aux_Damps_enfants.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Vieille_Rue_aux_Damps_enfants_m.jpg" alt="Vieille_Rue_aux_Damps_enfants.jpg" title="Vieille_Rue_aux_Damps_enfants.jpg, déc. 2019" /></a><center>Brouet, Vieille rue aux Damps (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/124.htm">Ba 124</a>), 1912, eau-forte (détail).<br /></center></div>
<p>Peut-être doit-on voir là dans l'esprit du collectionneur une affinité psychologique avec le graphisme des eaux-fortes de Brouet, leur modelé lumineux, les formes incertaines des humains qui les habitent, les traits évasifs, les regards détournés, hors de tout destin. Cette rêverie de l'instant sied particulièrement aux petites scènes enfantines qui animent le premier plan de certaines des meilleures pièces. </p>
<p>Il faudrait relever encore bien des noms pour rendre complètement
justice à la sureté de goût de Grignard collectionneur d'art. Certains sont bien connus, aux rangs desquels Jongkind, Lebasque, Rouault ; d'autres le sont moins, comme Paul Baignères, l'ami d'Edmond Evenpoel, Gaston Cirmeuse, Emilie Charmy,
Edmond Heuzé, <a href="http://www.leongard.fr">A. Léon Gard</a> et bien d'autres... quelques-uns enfin semblent désormais oubliés, tel ce Geo Page, artiste semble-t-il disparu des radars mais
dont la vente proposait un très large ensemble d’œuvres. Et bien sûr, ce catalogue n'établit pas la liste complète des œuvres d'art que
Grignard a pu détenir ! Mais on peut imaginer que pour une bonne part -- Geo Page était-il un dernier coup de coeur ? -- cette collection est
le résultat de la lente distillation de ses pièces favorites.</p>
<p>Georges Grignard est donc, comme on le voit, amateur d'un art figuratif de forme moderne, expressif et spontané, libre de tout académisme. Mais, peut-être parce qu'il est arrivé à l'art sur le tard, il reste ancré dans le XIXème, et n'a pas franchi le pas des révolutions esthétiques de son temps : il appartient bien à cette mouvance néonaturaliste moderne et sociale que forment les héritiers littéraires de Goncourt, au premier rang desquels on trouve Gustave Geffroy et Lucien Descaves. Fidèle de la galerie Georges Petit, puis de l'Estampe Moderne, on retrouve donc assez naturellement Grignard dans le <a href="https://archive.org/details/gri_33125007981828/page/n12">catalogue de l'oeuvre gravé de Raffaëlli par Delteil</a>, où son nom figure parmi ceux d'autres collectionneurs de ce cercle : Geffroy, Eugène Descaves (le commissaire, frère de Lucien), Clémenceau, mais aussi <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne">Mellerio</a> et <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/05/31/Le-portrait-de-M.-A.">Astre</a>, que nous avons déjà rencontrés ; néonaturalistes qui furent le bras armé de l'entreprise de promotion menée après la Grande Guerre par quelques marchands pour faire émerger Brouet, ce que nous essayerons d'analyser dans un prochain billet.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] selon sa lettre d'alors à Le Garrec du 29 nov. 1917 (INHA, archives Sagot, Grafton) :
</p>
<p><q>J'ai aussi acquis <em>Celle qui fut la Belle Heaulmière </em>et <em>L'Epave</em> de Rodin en bronze et une douzaine de toiles de jeunes fort intéressantes. Vous voyez que j'en pince toujours pour l'art.</q></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] voir un précédent billet : <q><a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/06/15/Grignard">Georges Grignard, industriel</a></q>. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] voir <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9803141z/f5.image.r=%22Geo%20Grignard%22"><em>le Postillon</em> du 10 février 1912</a>. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] voir la <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9687579r/f25.image.r=Grignard"><em>Revue philatélique française</em> de décembre 1893</a>. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] voir la <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6506690r/f38.image.r=%22Geo%20P%20Grignard%22?rk=107296;4"><em>Revue mensuelle du Touring-club de France</em> du 15 février 1900</a>. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] il vendit sa collection à Wiggins dans les année 20, grâce à l'entremise d'Heintzelman. Certains dessins apparurent dans une vente aux enchères à Paris le 20 avril 1929. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] probablement supplanté par celui de Boutitie, paru en 1923 : Grignard avait alors
fait don de ce précieux travail à l'acheteur de sa collection d'estampe. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-8" id="pnote-8">8</a>] on trouvera par example dans <a href="http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.36/87/100/536/5/420">La Nature, 1891, p. 83</a> et p. 122 un long article sur les timbres et les façons de les collectionner. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-9" id="pnote-9">9</a>] c'est ainsi qu'on appelait alors les adeptes de la... timbrologie ! </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-10" id="pnote-10">10</a>] INHA, archives Sagot, Grafton. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-11" id="pnote-11">11</a>] voir V. Gerard-Powell, <em>Sorolla et le marché de l'art parisien : l'exposition particulière de la Galerie Georges Petit (1906)</em> in Blanca Pons Sorolla and María López Fernández ed., <em>Sorolla, un peintre espagnol à Paris</em>, Musée des Impressionismes , Giverny, El Viso, 2016. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-12" id="pnote-12">12</a>] elle figure au catalogue de sa vente sous le n° 75. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-13" id="pnote-13">13</a>] INHA, archives Sagot, Octave Bernard. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-14" id="pnote-14">14</a>] <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4730215f/f2.item.r=%22Soci%C3%A9t%C3%A9%20de%20l'estampe%20moderne%22.zoom">Paris Midi, 7 juillet 1926</a>. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-15" id="pnote-15">15</a>] voir le catalogue de sa vente. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-16" id="pnote-16">16</a>] voir les n° <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/405.htm">405</a> et <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/406.htm">406</a> de notre catalogue. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#rev-pnote-17" id="pnote-17">17</a>] sa <a href="https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000033880?highlight=*&posInPage=0&bookmark=2ecd1065-1fa5-4ea8-9878-3e20a5349ba8&queryid=2c3e3cb0-d018-456d-8bdb-0ccd0a2140e1&searchType=">vente</a> à Paris le 22 février 1938. </p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Les-collections-de-Georges-Grignard#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/71Bonne année ! Happy new year !urn:md5:d5d8ea1ec353fe4e371d6d8fde1c07002020-01-01T00:01:00+00:002021-01-02T21:36:11+00:00Etienne Barthel <p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Carte_2020_v1.png" title="Carte_2020_v1.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Carte_2020_v1_m.png" alt="Carte_2020_v1.png" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Carte_2020_v1.png, janv. 2020" /></a></p>
<div style="text-align:center">Un ensemble de cartes postales de Léon Dax, vers 1900 <br /> A series of postcards by Léon Dax, ca. 1900</div>
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<div style="text-align:center">English below !</div>
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<div>L'année 2019 a vu l'émergence de <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax">Léon Dax</a>, peut-être l'avatar d'un jeune Brouet très fin de siècle : que nous réserve 2020 ? J'ai commencé à rassembler les contenus des billets passés pour une biographie. Les nouveaux billets vont donc combler les lacunes de cette trame. L'accent sera mis sur l'entre-deux guerre, une période que j'ai peu traitée car finalement mieux connue. Et puis il y reste encore des pistes que j'ai ouvertes ces derniers temps et qui n'ont pas encore connues leur épilogue : les illustrations érotiques, par exemple, en sont une ! Et comme le rythme des billets se ralentit, nous aurons du matériau pour 2020, 2021, ... Très bonne année, donc !</div>
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<div>Last year saw the emergence of <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax">Léon Dax</a>, perhaps the avatar of a young, very fin de siècle, Brouet: what does 2020 hold in store for us? I started to collect the material to write a biography. The new posts therefore now have one objective: to fill the gaps in this framework. Emphasis should now be placed on the interwar period, a period on which I have written less because events are then better documented. And then there are tracks that I opened recently and whose epilogue I have not yet written, such as the erotic illustrations, for example! Such ideas will also feed our column. As the pace of posts is now much slower, we will have material for 2020, 2021, ... Happy new year!</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2020/01/19/Bonne-ann%C3%A9e-%21-/-Best-wishes-%21#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/77La belle d'Avril et les caméesurn:md5:61307bf8265347754515953e0eecc5772019-08-15T20:00:00+01:002021-03-14T09:04:53+00:00Etienne Barthel<p>Une fois atteint par une certaine notoriété, Brouet, suivant la mode, se consacra principalement au livre de bibliophilie. En marge d'une production moralement impeccable, il commit aussi quelques illustrations érotiques, qui, pour avoir fait l'objet de moins de publicité, n'en connurent pas moins d'engouement. Nous saisissons ici le prétexte d'un frontispice non signé, apparu récemment en vente, pour reparler d'un certain <em>Calamiste</em>...</p> <div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Virgile.jpg" title="1509645373817171.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Virgile_m.jpg" title="Le marchand d'habits" style="width:85%" /></a><center>Illustration des Géorgiques, de Virgile, par Brouet (éd. Société de Saint-Eloy, 1928).</center></div>
<div>Au cours des années 20, Brouet fut sollicité pour illustrer d'assez nombreux ouvrages de bibliophilie. Par leurs récits et leurs personnages, les romans naturalistes de Goncourt (<em>les Frères Zemganno</em>) ou de Geffroy (<em>l'Apprentie</em>) lui ouvrirent, à l'invitation de l'éditeur <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/Frederic_Gregoire_1">Frédéric Grégoire</a>, des espaces thématiques sympathiques. Dans le même temps, d'autres éditeurs, aveuglés par la réputation de l'artiste, soudain bombardé "l'une des personnalités les plus en vue de l'estampe originale [du] moment <sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup>", s'ingénièrent à le mobiliser à contremploi : qui, par exemple, imaginerait un seul instant Brouet gravant avec entrain des bucoliques moutonnières pour orner une œuvre de Virgile, surtout dans la traduction de l'abbé Delille ?</div><div>Fort heureusement, loin de ces volumes parfois massifs illustrés avec componction et objets d'une publicité verbeuse, on rencontre aussi quelques pages qui excitent un peu plus... la curiosité. C'est sur ces opuscules parus au hasard des circonstances, mais tous avec une discrétion dont notre temps aurait peut-être un peu de mal à replacer la cause, que nous voulons ramener un peu de lumière.<h2>Un frontispice pour le <em>Manuel</em></h2>
<p>Pour cela, digressons un peu et parlons d'abord des <em>Apophoreta</em> de Friedrich Karl Forberg. Un humaniste italien, un certain Panormita, avait commis en son temps des épigrammes assez obscènes. Quoiqu'il les ait dédiés à Cosme de Médicis, certains bégueules avaient objecté, et les épigrammes étaient depuis longtemps tombés aux oubliettes de la littérature quand Forberg en retrouva un manuscrit pas trop corrompu au fond d'un placard du <a href="https://www.schloesser-coburg.de/deutsch/ehrenburg/riesensaal.htm">modeste logis</a> du duc de Saxe-Coburg dont il était bibliothéquaire. Il les publia en 1824 tout en rassemblant une masse de notes érudites qui allèrent gonfler un énorme appendice : les <em>Apophoreta</em>. Forberg était un philosophe, quelque peu connu pour la controverse qu'il soutint en 1798 avec Fichte, à grand coups de notices sur le concept de religion parues dans le <em>Philosophisches Journal einer Gesellschaft teutscher Gelehrten</em><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup>. Mais ses <em>Apophoreta</em> sont d'une nature un peu différente : travail philologique quasi obsessionnel, pot-pourri fourmillant d'une érudition encyclopédique, qui convoque tant les Martial, Ovide, Pétrone et autres antiques moins connus mais tous un peu salaces que le Rousseau de Mlle Lambercier et d'obscurs auteurs français de l'âge classique adeptes du dialogue grivois, pourvu qu'il soit en latin, cela va sans dire. La fortune critique de ces <em>Apophoreta</em>, œuvre pour le moins originale, semble rester nulle jusqu'à leur traduction en français, en 1880 <sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup>. Confronté à ce titre cryptique, l'éditeur, Isidore Liseux, allait frapper un grand coup en prononçant l'érection de l'ouvrage en <em>Manuel d'Erotologie Classique</em>. Chef d’œuvre de promotion commerciale, cette métamorphose lui assura une diffusion bientôt exponentielle, complètement incontrôlable ! Au début des années 30, une édition de l'ouvrage parut (officiellement !) sous la firme de René Bonnel, cas presqu'unique, puisque par essence, les ouvrages qu'il donnait avaient plutôt vocation a être distribués sous le manteau. Il est vrai que ce volume-ci n'était pas illustré, et comme l'auteur était un philosophe des religions, qui plus est allemand, on devait penser que la morale publique avait peu à craindre.</p>
</div><div class="illustration droite" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/1509645373817171.jpg" title="1509645373817171.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/1509645373817171.jpg" title="Le marchand d'habits" style="width:85%" /></a><center>Dessin au crayon anonyme, inséré comme frontispice dans un exemplaire du <em>Manuel d'érotologie classique</em> (éd. Bonnel, vers 1932).</center></div>
<p>Un exemplaire de cette édition fut vendu à Drouot le 17 Novembre 2017 pour trois bonnes centaines d'euros, alors que d'autres sont couramment cédés pour 12 piastres tout rond sur <em>Le Bon Coin</em>... O tempora, o mores ! Pourquoi tant de chaleur ? Très certainement parce que celui-ci était enrichi d'un frontispice, non signé, représentant, dans un décor à l'antique, une jeune femme alanguie sur un siège de style incertain. Une mince robe vient de glisser de côté, dévoilant des formes girondes que ne déparent pas quelques discrets ornements. Un gaillard hirsute, le cheveu crépu mal retenu par une ficelle nouée en serre-tête, la tunique trop courte, s'est agenouillé dans l'angle obtus de son entrejambe pour s'affairer buccalement à son horizon, dont il retient les fuites charnues d'un généreux plat de la main. L'hétaïre, précairement juchée sur sa bergère, invite son entreprise d'une main bienveillante tandis que de l'autre elle flatte un tout jeune homme debout à ses côtés. Ceint d'un diadème et à demi vêtu d'une courte cotte d'écaille à la romaine, il penche modestement la tête vers son membre qu'elle anime dextrement. Après tout, si c'est pour un <em>Manuel</em>...
</p>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/12_Edouard_Henri_Avril_-_Ancient_Times_plate_XII_of_De_Figuris_Veneris_by_FK_Forberg__-__MeisterDrucke-280778_.jpg" title="Calamiste - le Frontispisce"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.12_Edouard_Henri_Avril_-_Ancient_Times_plate_XII_of_De_Figuris_Veneris_by_FK_Forberg__-__MeisterDrucke-280778__m.jpg" title="Le marchand d'habits" style="width:85%" /></a><center>Forberg, Manuel d'érotologie classique - édition de 1906 - illustration de Paul Avril (pl. XII).<br /></center></div>
<h2>L'artiste a-t-il bien lu le <em>Manuel</em> ?</h2>
<p>Pour mieux apprécier ce dessin, il est utile de se référer aux éditions antérieures de l’œuvre de Forberg. Ecrite au début du XIXème, littéralement exhumée vers 1880, comme on l'a dit, l’œuvre connut ses premières illustrations originales par le crayon de Paul Avril, dans une nouvelle édition donnée en 1906. Une scrutation minutieuse de ces compositions révèle des parallèles avec le dessin qui nous occupe : certains éléments de poses (pl. XII, motif répété sur la pl. XIV, posture de la pl. XIX), mais plus encore de costume comme les bandeaux des personnages masculins et les sandales, des fragments de décor classique, jusqu'aux étranges courbures des klismos (pl. X et XVIII) qu'on retrouve suggérées dans la chaise... Non pas une simple resucée des illustrations d'Avril, donc, mais plutôt une série d'emprunts. </p>
<div class="illustration droite" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/Monumens_22.jpg" title="Calamiste - le Frontispisce"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/.Monumens_22_m.jpg" title="Le marchand d'habits" style="width:85%" /></a><center>Camée n° 22 - <em>Monumens de la vie privée des douze césars</em> - 1780 (d'Hancarville).<br /></center></div>Mais une deuxième série d'illustrations est étroitement associée au <em>Manuel</em> : Forberg y renvoie lui-même son lecteur avec insistance, en lui intimant de bien s'en pénétrer. Ce sont les fameux camées d'Hancarville conçus à l'imitation de l'antique pour illustrer les <em>Monumens de la vie privée des douze césars</em> parus en 1780 - chez Sabellus à Caprée... Assez privées, en effet, que ces <q>anecdotes satyriques</q> ! Jugeons-en par le camée n° 22 : il nous concerne tout particulièrement car la pose du couple présente de si troublantes similitudes avec la planche XII d'Avril qu'elle ne peut que lui avoir servi de modèle. Galant homme, ce dernier a tout de même substitué au raide fauteuil un lit plus moelleux, de même qu'il a jugé à propos de masquer les plus âpres saillies du modèle. Face à ces pudeurs, l'auteur du dessin, quant à lui, n'a pas hésité à rendre à la scène la viride ardeur du camée ! La posture plus verticale des protagonistes dans le format dicté par la chaise, la présence physique de l'homme, pour ne pas dire sa belle vigueur : l'esprit du dessin est celui du camée quand les détails sont d'Avril.
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Calamiste_5.jpg" title="Calamiste - le Frontispisce"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Calamiste_5_m.jpg" title="Le marchand d'habits" style="width:85%" /></a><center>Frontispice du <em>Calamiste Alizé</em> de Gonzague-Frick, illustré par Brouet. vers 1933.<br /></center></div>
<h2>Bonnel a-t-il édité le <em>Calamiste</em> ?</h2>
<p>Mais c'est en en comparant la composition au frontispice du <em>Calamiste</em>, gravé comme on le sait par Brouet, que le dessin prend tout son relief. La disposition des personnages est identique, même si l'obligeant barbu a cédé sa place à une jeune femme. Très légèrement vêtue, elle ne porte qu'une robe défaite, ceinte en désordre autour de ses reins, et qui, dans sa posture de suppliante, laisse découvrir un fessier dodu. Le galbe de ses jambes est mis en valeur par un artifice de dessin, qui, rejetant en arrière le jarret de la belle alanguie, l'abandonne à un équilibre encore moins vraisemblable. Quant au jeune homme, désormais entièrement nu, il s'est rapproché de sa partenaire et rehaussé - Dieu sait comment - de plusieurs poignées de centimètres<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> , si bien qu'il peut désormais se prêter sans trop d'exagération anatomique à un commerce buccal.</p>
<p>Ce rapprochement avec la gravure suggère un auteur pour le dessin<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup>, et on y retrouve en effet plusieurs traits caractéristiques de Brouet : la discipline des hachures du modelé, les visages aux traits appuyés, aux regards fuyants, un certain laisser-aller dans la représentation anatomique, et tout particulièrement des bras et des jambes<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> . Marque sans doute du peu d'éducation artistique qu'il avait reçu, Brouet était en effet assez indifférent à l'anatomie - celle du dessin, s'entend - ce qui le conduisait à admettre de fréquentes distorsions dans le rendu de la figure humaine. Parlant de la <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/426.htm"><em>Tireuse de carte</em></a>, Pawlowski avait su les évoquer avec élégance<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup> en professant son admiration pour</p>
<blockquote><p>cette femme d'une ligne si pure de l'école de Fontainebleau...</p>
</blockquote>
<p>Est-ce d'ailleurs cette maladresse assumée dans le dessin anatomique qui conduisit Brouet à vêtir les protagonistes mâles, selon certains exemples pris dans les camées ?</p>
<p>Quoi qu'il en soit, si l'illustration du <em>Calamiste</em>, tracée d'un crayon leste, visait, comme je l'ai dit <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/Le-Calamiste-Aliz%C3%A9-I">précédemment</a>, à la spontanéité du manuscrit enrichi de croquis rapides, le dessin du <em>Manuel</em> est lui d'un travail beaucoup plus fouillé, notablement plus léché que le frontispice : peut-être est-ce la commande d'un amateur un peu frustré par la <em>nudité</em> du texte de Forberg... Et cette synthèse d'Avril et des
camées, à laquelle nous voyons Brouet s'essayer, ouvre une voie que nous explorerons un peu plus dans une prochaine note,
consacrée à l'<em>Eté à la Campagne</em>. </p>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] Loys Delteil, Manuel de l'amateur d'estampes des XIXe et XXe siècles, Paris, 1924, p. 374.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] Controverse dont on pourra lire <a href="http://digital.onb.ac.at/OnbViewer/viewer.faces?doc=ABO_%2BZ182601707">ici</a> quelques éléments avec force profit (<q>Religion
ist nicht anders als ein pracktischer Glaube an eine moralische
Weltregierung: oder [...] ein lebendiger Glauben an das Reich Gottes,
welches kommen wird auf die Erde.</q>).</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] La traduction est due à Alcide Bonneau, et fut éditée par un certain <a href="http://scissors-and-paste.net/pdf/Liseux.pdf">Isidore Liseux</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] Que soit ici remerciée la directrice d'institution muséale qui, après
étude minutieuse de l’œuvre, a porté à ma connaissance plusieurs observations érudites, dont ce curieux glissement.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] L'attribution du dessin du <em>Manuel</em> à Brouet rapproche aussi un peu plus le <em>Calamiste</em> de Bonnel, à qui on en attribue souvent l'édition. En effet, selon Brécourt-Villars (revue de la Bibliothèque nationale de France, 2001) et Dutel, Bonnel édita le Calamiste. Cette hypothèse est cependant <a href="http://scissors-and-paste.net/pdf/Rene_Bonnel.pdf">rejetée</a> par Kearney invoquant l'autorité de Pia. Peut-être l'oeuvre n'était-elle simplement pas destinée à la publication. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] 19/9/19 - J'avais écrit "membres", mais certains esprits mal tournés se sont mépris, m'assurant qu'on ne découvrait là rien d'exceptionnel, que tel acteur de films "légers" pouvait se prévaloir d'états de service bien plus impressionnants etc etc... J'ai corrigé mon texte.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] Dans <em>Le Journal</em>, 20 mars 1922.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/11/26/Les-illustrations-%C3%A9rotiques#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/59La Vie d'Artiste (II) - Léon Daxurn:md5:bbb3cef7a3a3ee81b8a8aa4dbe98be802019-03-22T22:26:00+00:002019-03-28T21:48:38+00:00Etienne Barthel<p>De 1895 à 1900 environ, un artiste signant Léon Dax est actif à Paris. Nous menons l'enquête pour savoir quel artiste, encore non identifié à ce jour, se cache sous ce pseudonyme.</p> <div class="illustration droite"><a href="http://parismuseescollections.paris.fr/sites/default/files/styles/pm_diaporama_zoom/public/atoms/images/CAR/51983-4.jpg?itok=8O8oO6bP"><img src="http://parismuseescollections.paris.fr/sites/default/files/styles/pm_diaporama/public/atoms/images/CAR/lpdp_79263-11.jpg?itok=3Bkn00k0" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Léon Dax, la loge" /></a><center><a href="http://parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/la-loge-0">La loge</a>, dessin de Léon Dax,<br />Musée Carnavalet, vers 1895.</center></div>
<p>
De la production de Léon Dax, on a surtout vu passer en vente ces derniers temps d'assez grandes aquarelles représentant des cocottes, jeunes femmes altières vêtues avec quelqu'ostentation, et beaucoup de frou-frou, accompagnées de messieurs un peu grisonnants, des gens "bien", en manteaux et chapeaux, qui les escortent et/ou les reluquent. Plusieurs de ces dessins, souvent dans des tons bleus, jaunes et bruns, parfois un peu crépusculaires, ont été proposés aux enchères ces dernières années<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> et l'on en trouve même un, très élaboré et tout à fait représentatif, dans les collections du Musée Carnavalet (figure). </p>
<p>Il se trouve qu'une aquarelle, représentant l'une de ces lorettes s'affichant avec l'inévitable ombre haut-de-forme-monocle, est passée en vente en Suisse il y a quelque temps<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> : elle portait en pied un cartel étrangement libellé "Brouet, dit Léon Dax, Montmartre 1898". Affirmation fort surprenante, car il n'y a d'évidence aucun trait commun entre les engeôlantes amazones de Léon Dax, avec leurs robes à volant couleur parme, leurs coiffures improbables et les fragrances capiteuses qu'elles suggèrent, et les prolétaires bancroches aux macérations aigres qui firent le succès en noir et blanc de Brouet, le peintre-graveur bien connu.</p>
<p>Une brève enquête révèlera assez vite que Léon Dax n'est... personne. Nulle biographie, pas de date de naissance, encore moins d'annonce de décès ; aucun article de presse, ni de liste d’œuvres répertoriées, rien du tout dans les archives. Seule trace écrite : dans un catalogue de vente, le 18 mars 1911 à Paris, à Drouot, qui nous le place entre un éventail-aquarelle figurant une jeune femme à la campagne de Georges Clairin et un Pont-Neuf d'Edouard Dufeu<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> ; et un autre, en 1914, qui nous laisse deviner une Andalouse<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> . Pour ce qui est de l'art officiel, on ne trouvera rien de plus.</p>
<div class="illustration gauche"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/La_Caricature_Leon_Dax.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.La_Caricature_Leon_Dax_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Léon Dax, la loge" /></a><center>A l'étalage,<br />dessin de couverture<br />de <em>la Caricature</em>,<br />par Léon Dax,<br />19 décembre 1896.</center></div>
<p>Par contre émergent bientôt d'autres œuvres, d'un genre un peu inférieur. Une première variation sur le thème de la cocotte paraît dans quelques journaux satyriques de l'époque. Dans <em>la Caricature</em> on trouve ainsi deux dessins signés Léon Dax. Le premier, dans le numéro
du 19 décembre 1896 est intitulé <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57042330/f1"><em>A l'étalage</em></a>, : deux coquettes patientent à une table, dans un café, la main serrant qui le pommeau d'une canne, qui le pied d'un verre à liqueur. Plusieurs soucoupes forment une petite pile au centre de la table et trahissent l'état des finances de la paire. Au second plan, des messieurs en habit, le dos tourné, penchés autour d'une table, comme captivés par le cours d'une partie. La légende ? "On demande des bailleurs de fonds". Le second paraît dans le numéro du 6 février 1897 : intitulé "<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5707057n/f7"><em>Méfiance"</em></a>, comme une suite du précédent, il laisse entendre que ce sont les fonds du bailleur qui sont épuisés... Enfin dans le n° 24 de <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63642h/f479">"la Lanterne de Bruant"</a> (1897), toujours signé Léon Dax, un duo identique apparaît, mais le piquant de la situation est tout autre: <q>Mais qu'as-tu donc ?</q> s'impatiente la belle ; <q>J'ai soixante ans !</q> réplique le vieux, en plein désarrois...</p>
<div class="illustration droite"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Carte_Leon_Dax_recto.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Carte_Leon_Dax_recto_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Léon Dax, la loge" /></a><center>Carte postale de la série<br />des danseuses légères<br />par Léon Dax,<br />vers 1902.</center></div>
<p>
Les années 1900 coïncident aussi avec l'apparition de la carte postale, objet d'un immense succès populaire. Léon Dax fit également des cartes postales, et même en grand nombre, entre 1900 et 1905 environ. Une première série thématique propose des scènes de carnaval, faites au lavis d'aquarelle. Pastichant Willette et son monde de Pierrots et de Colombines, ces compositions parfois complexes mettent en scène jusqu'à une dizaine de personnages. Une autre série, dans un format vertical, est dessinée à l'imitation de la gravure : elle prolonge le thème des courtisanes. Le dessin, tracé d'une pointe rapide, est moins fouillé. Le modelé est rendu par une accumulation un peu hâtive de traits de pointe-sèche. La demi-mondaine est au premier plan, en manteau de fourrure et chapeau très orné, ou bien en robe de soirée un peu tapageuse. Derrière elle, au second plan, un homme en frac, un peu âgé, assiste ou simplement regarde. Parfois c'est un monocle, ou juste la silhouette d'un haut de forme... Celles-ci se rencontrent parfois colorisées. Une troisième série exploite le même thème, dans un format horizontal. Dans une autre série encore, gravée elle aussi, de jeunes danseuses en robes légères rivalisent de gracieuses extravagances. La série semble compter neuf accortes créatures : une parodie des Muses ?</p>
<div class="illustration gauche"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Carte_Leon_Dax_verso.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Carte_Leon_Dax_verso_t.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Léon Dax, la loge" /></a><center>Verso de la même carte.</center></div>
<p>Toutes ces cartes postales, tant en noir qu'en couleur, semblent avoir rencontré un certain succès : la vogue s'étend jusqu'en 1905 environ. Tout un roman de petites préoccupations populaires se déroule ainsi sous nos yeux à la lectures de ces correspondances lapidaires, parfois cryptiques. L'une de ces cartes, adressée en 1902 à un certain Corea, sergent fourrier à Avignon, transmet le message suivant :</p>
<blockquote><p>Lyon le 2 juillet</p>
<p>Cher Fourrier</p>
<p>je me permet (sic) de vous envoyé (sic) ses (sic) deux mots pour vous dire que j'ai fait votre comission (sic). Je fini (sic) ma lettre en vous serant (sic) la main.</p>
<p>Votre ami qui vous [illisible].</p>
<p>Cornil</p>
</blockquote>
<div class="illustration droite"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Carte_Leon_Dax_2.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Carte_Leon_Dax_2_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Léon Dax, carte postale" /></a><center>Carte postale de la série<br />de cocottes (format horizontal)<br /> de Léon Dax, vers 1900.</center></div>
<p>A vrai dire, d'autres artistes de l'époque, et non des moindres, donnent eux
aussi dans la carte postale. Ainsi les cartes postales <em>peplum</em> de Richard Ranft, dont le succès se construit sur la vogue du <em>Quo Vadis</em> de Zienkiewicz, récent succès littéraire. On se souvient d'ailleurs que Ranft et Brouet <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/10/15/La-gravure-de-reproduction-chez-Brouet">collaborèrent pour réaliser des gravures de reproduction</a>
en couleur. Et Richard Ranft, qui fut édité par Hessèle, vit lui aussi ses œuvres originales en couleur listées dans l'<em>Estampe et l'Affiche</em>, tout comme <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne">Eychenne</a>, probable ami, à cette époque, de Brouet. Et aussi, pourquoi ne pas placer, en effet, quelques dessins à la <em>Lanterne de Bruant</em>, puisqu'y contribue le célèbre <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/10/31/La-conversion-d-Alceste">Courteline, pour lequel travailla Brouet</a>, et dont on nous dit également qu'il fut l'ami<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup> ? Qui plus est, si les thèmes - ou plutôt le thème - des oeuvres de Léon Dax n'évoquent en rien le Brouet que nous connaissons, ce dessin ou gravure par griffonnis
accumulés de la deuxième série des cocottes, bien loin de la maîtrise de l'aquafortiste des années 1910, se rapproche assez de la technique, et même du dessin, de la première <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/3.htm">carte pour
Delâtre</a>, qui semble dater des premiers essais de Brouet, précisément à l'orée de ces années 1900.</p>
<div class="illustration gauche"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Carte_Leon_Dax_2.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Leon_Dax_signature_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Léon Dax, carte postale" /><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Matinee4_2_signature_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Léon Dax, carte postale" /></a><center>signature de Léon Dax, vers 1900,<br />et de Brouet vers 1922.<br /></center></div>
<p> Et à vrai dire, le dessin même de Léon Dax ne paraît pas complètement étranger à celui de Brouet : on retrouve certaine manière de faire dans quelques visages d'homme, et jusqu'à ses gaucheries évidentes dans le dessin des corps féminins. A tel point d'ailleurs, que la comparaison de la graphie même de leurs signatures achève de jeter le trouble : n'y retrouve-t-on pas les mêmes fioritures, et dans celle de Léon Dax, et dans celle d'Auguste Brouet, vingt ans après, autant en pied de l'initiale qu'au début et à la fin du nom ? Un peu comme s'il nous adressait un discret signe de reconnaissance... Léon Dax fut-il pour Brouet un des degrés de cette <q>longue hiérarchie des misères que l'artiste pauvre [...] doit remonter</q>, selon l'élégante expression de Jean Guiffrey<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> ? En tout cas, quand bien même le jeune Brouet n'aurait pas été Léon Dax, il aurait tout à fait pu l'être ! </p>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] voir par exemple Kahn et Dumousset, vente du jeudi 1er décembre 2011, lots <a href="http://www.kahnetassocies.com/html/fiche.jsp?id=2184316&np=3&lng=fr&npp=150&ordre=&aff=1&r=">330</a> et <a href="http://www.kahnetassocies.com/html/fiche.jsp?id=2184317&np=3&lng=fr&npp=150&ordre=&aff=1&r=">331</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] vente Zofingen, 17 juin 2017, lot n° <a href="https://www.auction.fr/_fr/lot/le-dernier-cri-pariser-chic-jugendstil-aquarell-um-1900-unten-rechts-signiert-12070609#.XJVHWKRCdPY">926</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] voir ce catalogue <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1249268t/f24.image.r=%22Dax,%20L%C3%A9on%22?rk=128756;0">ici</a>...</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] et <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1248019b/f11.image.r=%22Dax,%20L%C3%A9on%22">celui-ci</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] voir cette <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/10/31/La-conversion-d-Alceste">page</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] voir cette précédente <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/07/05/Un-polichinelle">note</a>.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/06/11/L%C3%A9on-Dax#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/51Excellente année 2019 !urn:md5:b840bfd031ce6f0f7547915ae11482d72019-01-01T00:00:00+00:002019-01-01T00:00:00+00:00Etienne Barthel <center>Le site Auguste Brouet vous présente ses meilleurs vœux pour l'année 2019. Cette année, la carte rappelle cette récente découverte : l'<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet">estampe mystérieuse</a>, que rien ne laissait attendre, mais que l'on devine datant des premiers temps de la carrière du peintre-graveur.</center>
<p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/carte_2019.png" title="carte_2019.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.carte_2019_m.png" alt="carte_2019.png" style="margin: 0 auto; display: block;" title="carte_2019.png, déc. 2018" /></a></p>
<p>Elle salue également une petite mise à jour technique<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Bonne-ann%C3%A9e-2019-%21-/-Happy-new-year#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> du <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/MakeIndexDate1.htm">catalogue</a>, avec une grosse dizaine de reproductions ajoutées : la plupart m'ont été envoyées par un <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/04/21/L-amateur">amateur enthousiaste</a> que je salue tout particulièrement ici !</p>
<p>Les développements en préparation pour cette année nous feront découvrir :</p>
<ul><li>Léon Dax</li>
<li>quand, comment et pourquoi découper une planche de cuivre en morceaux ?</li>
<li>et peut-être les collections de peintures et de sculptures de notre vieil ami <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/06/15/Grignard">Georges Grignard</a>, que nous déjà rencontré à plusieurs reprises depuis... juin 2014 !</li>
</ul>
<blockquote><p>Excellente année 2019 à tous les amateurs !</p>
</blockquote>
<div class="footnotes">
<h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Bonne-ann%C3%A9e-2019-%21-/-Happy-new-year#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] cette mise à jour sera sans doute la dernière avant un changement significatif de plateforme. Actuellement la base de donnée est sous <a href="https://www.openoffice.org/product/base.html">OpenOffice Base</a>, mais l'application, quoique satisfaisante <em>une fois configurée sous la forme d'une <a href="https://wiki.openoffice.org/wiki/FAQ_%28Base%29#How_do_I_setup_support_for_.27split.27_HSQL_databases_in_Base.3F">base séparée</a></em>, reste un peu fruste : la nécessité de recourir aux macros en langage Basic limite les développements et surtout l'évolution vers une plus grande simplicité d'utilisation, qui serait particulièrement désirable pour simplifier l'exportation vers le site web et vers le format papier du catalogue. La nouvelle implémentation vise à intégrer l'ensemble dans une configuration unique et robuste à partir d'un langage plus évolué.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/06/Bonne-ann%C3%A9e-2019-%21-/-Happy-new-year#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/70Happy New Year !urn:md5:51dca6ad1933d82446981c12d1f1d31c2019-01-01T00:00:00+00:002019-01-04T20:45:59+00:00Etienne Barthel <center>The Brouet web site wishes you a happy new year.
<p>Our greetings card features the most unexpected discovery of the year 2019: a completely <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet">undocumented print</a> which happens to compound most favourite Brouet themes.</p>
</center>
<p><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/carte_2019.png" title="carte_2019.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.carte_2019_m.png" alt="carte_2019.png" style="margin: 0 auto; display: block;" title="carte_2019.png, déc. 2018" /></a></p>
<p>In stock for 2019 :</p>
<ul><li><em>Léon Dax</em></li>
<li>the transmogriphications of Brouet's plates</li>
<li>... and maybe <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/06/15/Grignard">Grignard</a>'s collection of artworks</li>
</ul>
<div>And this year, you can also learn more about <em>Hubert</em>, another practioner of color etching, along with <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/07/02/Auguste-Brouet-graveur-de-reproduction">Brouet</a>, <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne">Gaston Ey'chenne</a>, <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos">Michaël Samanos</a> and many others, but with quite a different style, and a different carreer path. Just follow the halting quest of which he was the hero <a href="http://chasinghubert.blogspot.com/2009/10/is-there-anyone-out-there-who-knows-my.html">here!</a></div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/12/15/Happy-New-Year-%21#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/72La Vie d'Artiste (I) - Michaël Samanosurn:md5:f36937a866254abdb20373832e289b882018-11-15T20:00:00+00:002018-11-20T17:36:00+00:00Etienne BarthelAprès la découverte inopinée d'une eau-forte en couleur d'un dessinateur et aquafortiste peu connu, Michaël Samanos, dans un lot d'estampes, je retrace brièvement sa carrière ici, pour la rapprocher de celle de Brouet, son contemporain, dans un billet ultérieur.<br /> <div class="illustration droite" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Le_Frou-Frou_1904_Samanos.jpg" title="Le_Frou-Frou_1904_Samanos.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Le_Frou-Frou_1904_Samanos_m.jpg" alt="Le_Frou-Frou_1904_Samanos.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Le_Frou-Frou_1904_Samanos.jpg, nov. 2018" /></a><center>Dessin de presse de M. Samanos, dans <em>Frou-Frou</em>, 1904<br />BNF - Gallica.fr.<br /></center></div>
<p>Michaël Samanos est né en 1876 à Paris<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> , de parents aisés d'origine bordelaise. On semble avoir hésité à ajouter son second prénom à l'état civil où ne figure qu'un "A" barré. André est pourtant le prénom qui sera seul utilisé dans la famille<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> , quand bien même l'état-civil et l'administration ne connaissent que l'autre...</p>
<p>Les circonstances difficiles de la jeunesse de Samanos sont retracées en détail dans les pages biographiques qui lui ont récemment été consacrées<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> . Le père, Albert Samanos, jeune avocat, est prodigue des biens de son épouse, d'où séparation ; il se lance dans une carrière d'homme de lettres, avec un certain succès – deux romans et un recueil de nouvelles – mais son état mental peu à peu s'altère. C'est Maupassant devenu le sujet d'une de ses propres œuvres<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> . La jeune mère élève donc seule ses deux fils, mais meurt bientôt : les enfants sont alors confiés – ils ont une dizaine d'années – à la tutelle d'un oncle, un brave homme, juge de paix, qui avec son épouse, "arriviste, intéressée et sans coeur", en assurera difficilement l'éducation. Pour Michaël, jeune homme sensible, la situation est pénible, et les jours ne se passent pas sans révoltes. L'émancipation sera d'autant plus longue qu'à sa majorité – il est au service militaire – on craint, non sans quelques raisons, semble-t-il, qu'il n'imite les fâcheuse dispositions de son père et ne dilapide les capitaux dont il a hérité et qui lui procurent une certaine aisance. On lui colle donc
encore un conseil judiciaire<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup> , qui ne prendra fin qu'en 1904<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> — il a alors presque trente ans !</p>
<p>Quelles que furent les circonstances, il réussit
tout de même à faire valoir sa vocation d'artiste. Une probable
première mention de ses activités apparaît dans le <em>Gil Blas</em>
en 1898<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup> : on annonce un envoi au Salon d'un certain A. Samanos, <em>sculpteur</em>. Ce buste ne
figure cependant pas au catalogue, et aurait donc pu être refusé.
Ensuite, on rencontre de nombreux dessins de presse, à partir de 1900,
dans divers périodiques illustrés, dont <em>Le Frou-Frou</em> (illustration) et <em>La Caricature</em>. On se souviendra qu'un des
thèmes les plus en vogue, chez les dessinateurs et humoristes de la Belle-Epoque, ce sont les relations entre femmes du demi-monde
et rentiers... Cette veine marque une bonne partie de ce que l'on peut
apercevoir de sa production. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il
illustrera, vers 1910, une réédition en format bon marché, dans la toute nouvelle collection <em>Le Roman Succès</em>, chez Albin Michel, d'un nouvelle signée Willy, <em>Un Vilain Monsieur !</em><sup> [<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-8" id="rev-pnote-8">8</a>]</sup> , qui fut écrite (par Jean de Tinan...) en 1898. Le dessin <em>so 1900</em> de Michaël Samanos fera merveille pour l'illustration d'un tel ouvrage !</p>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/samanos-rue-du-mont-cenis-n_4.jpg" title="samanos-rue-du-mont-cenis-n°4.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.samanos-rue-du-mont-cenis-n_4_m.jpg" alt="samanos-rue-du-mont-cenis-n°4.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="samanos-rue-du-mont-cenis-n°4.jpg, nov. 2018" /></a><center>Rue du Mont-Cenis,<br />eau-forte en couleur de M. Samanos,<br />(vers 1905 ?)<br /><a href="http://www.estampesmartinez.fr/">Estampes D. Martinez</a></center></div>
Puis, à partir de 1905, Samanos s'attache à une autre pratique artistique en vogue au début du siècle : l'estampe originale en couleur<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-9" id="rev-pnote-9">9</a>]</sup> . Il participe ainsi au deuxième <em>Salon annuel de la gravure en couleur</em><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-10" id="rev-pnote-10">10</a>]</sup> . On rencontrere par ailleurs ses œuvres dans plusieurs expositions collectives au cours de ces années<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-11" id="rev-pnote-11">11</a>]</sup> . Une de ses eaux-fortes originales en couleur identifiées, la <em>Rue du Mont-Cenis</em> (illustration), participe de ces thèmes montmartrois qui, outre les paysages champêtres les plus sages, font florès auprès des pratiquants de cet art, et... de leurs clients. On trouve d'ailleurs une autre trace de sa participation à cette "Ecole Georges Petit", dont <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne">Octave Bernard</a> fut l'infatigable animateur, dans un catalogue américain de reproductions datant de 1923, édité par Taber et Prang<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-12" id="rev-pnote-12">12</a>]</sup> . On y propose une reproduction d'un <em>Lavoir à Verdun</em> de M. Samanos, parmi d'autres estampes en couleur signées Lafitte, Jourdain, Brouet<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-13" id="rev-pnote-13">13</a>]</sup> ... Il poursuit également son exploration de l'eau-forte à travers son thème de prédilection, la Parisienne, et donne une série d'oeuvres en couleur de grand format dans le style 1900, sous sa déclinaison "boudoir", qui furent éditées chez Pierrefort<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-14" id="rev-pnote-14">14</a>]</sup> .<div>Quoiqu'en parallèle de cette activité dans l'eau-forte, il continue très activement ses contributions à la presse illustrée humoristique, il semble que ces dessins ne suffisent pas à subvenir à ses besoins. En 1914, il formule une demande de secours auprès du Ministère de l'Instruction publique<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-15" id="rev-pnote-15">15</a>]</sup> . On envoie un homme de confiance pour le rencontrer et examiner ses oeuvres. Le rapport d'Eugène Morand souligne bien la précarité de l'état des artistes-peintres de la Belle-Epoque face à la rapide évolution des goûts et des demandes du public :</div><div><blockquote><p>M. Samanos, qui s'est partiellement consacré à l'illustration, m'a soumis divers états de lithographies et d'eaux-fortes qui ne sont pas sans mérite. Malheureusement les ouvrages de ce genre, quand ils ne se signalent pas à l'attention des amateurs par des qualités exceptionnelles n'ont aucune chance de vente et leur auteur doit renoncer à vivre de sa production.</p>
</blockquote>Le secours est accordé. Puis arrive la guerre, que Michaël Samanos passera sous les drapeaux. Il dessine beaucoup et ses dessins sont heureusement conservés. Après la guerre, on trouve quelques aquarelles dans une exposition, et toujours des dessins dans la presse. Il meurt dans le dénuement, en juillet 1924 à Paris VI<sup>ème</sup>, après une douloureuse maladie<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#pnote-16" id="rev-pnote-16">16</a>]</sup> . Il n'avait même pas atteint ses cinquante ans. </div><div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] le 4 janvier, au 36 de la cossue rue de Pentièvre, dans le VIII<sup>ème</sup>. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] Les Samanos du XVIe au XXe siècle, Jean-Alain Jachiet, éditions Bamertal, 2016 (ISBN 978-99959-0-221-6), p. 87.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] ibidem.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] Jachiet 2016, p. 79.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] Archives commerciales de la France, 3 août 1898 (<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5593214b/f10.image.r=SAMANOS">Loiret</a>).</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] Archives commerciales de la France, 17 février 1904 (<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5664758z/f4.item">Mainlevée de conseil judiciaire</a>).</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] à la rubrique <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75270077/f3.item.r=Samanos.zoom">"Envois au salon"</a></p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-8" id="pnote-8">8</a>] la collection voit le jour en 1909 avec <em>La maîtresse du Prince Jean</em>, de Willy, et arrive à son terme en 1930 avec <em>Flot d'amour</em>, de Scheffer. Pour plus de détails sur l'éditeur et la collection, voir <a href="http://litteraturepopulaire.winnerbb.net/t3556-5coll-roman-succs-albin-michel">cette page</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-9" id="pnote-9">9</a>] Concernant l'eau-forte en couleur, voir <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/11/29/Auguste-Brouet-and-America">ce billet</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-10" id="pnote-10">10</a>] à la galerie Georges Petit : on en trouvera un compte-rendu <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5864957q/f124.image.r=Samanos?rk=3154522;0">ici</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-11" id="pnote-11">11</a>] aux <a href="https://www.retronews.fr/journal/la-republique-francaise/26-mars-1905/655/1708069/2?from=%2Fsearch%23allTerms%3DSamanos%26sort%3Dscore%26publishedStart%3D1900-01-01%26publishedEnd%3D1909-12-31%26page%3D2%26searchIn%3Dall%26total%3D32&index=21">Indépendants</a> et au <a href="https://archive.org/stream/cataloguedesouvr1905salo#page/152/mode/2up/search/Samanos">Salon d'automne</a> en 1905, au <a href="https://www.retronews.fr/journal/la-republique-francaise/26-janvier-1906/655/2671411/2?from=%2Fsearch%23allTerms%3DSamanos%26sort%3Dscore%26publishedStart%3D1900-01-01%26publishedEnd%3D1909-12-31%26page%3D2%26searchIn%3Dall%26total%3D32&index=20">Salon de l'Ecole française</a> en 1906 et chez <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k785462s/f1.item.r=Samanos.zoom|Les Cygnes">Deplanche</a> en 1909.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-12" id="pnote-12">12</a>] catalogue qu'on peut feuilleter <a href="https://archive.org/details/taberprangartcom00unse/page/200">ici</a>. Outre les artistes de la galerie Georges Petit, on y trouve également des reproductions d'oeuvres de <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2015/02/05/Trowbridge-and-Brouet">Vaughan Trowbridge</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-13" id="pnote-13">13</a>] parfois dénommé, dans ce catalogue,... Bronet.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-14" id="pnote-14">14</a>] voir une <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6127677s/f6.image.r=Samanos?rk=1008588;4">reproduction</a> ici. Il semble s'agir d'une suite d'au moins quatre planches, qu'on rencontre parfois en salles de vente.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-15" id="pnote-15">15</a>] aux Archives Nationales (F/21/4153).</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#rev-pnote-16" id="pnote-16">16</a>] voir cet <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75996926/f3.item.r=Samanos.zoom">entrefilet</a>.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Andr%C3%A9-Samanos#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/63En mode humoururn:md5:a2ad6c4fc12760cdc2349c4f8b4244432018-09-15T20:00:00+01:002018-09-16T16:22:54+01:00Etienne Barthel<p>Quelques réflexions sur une intrigante estampe de Brouet.</p> <div class="illustration droite" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Brouet_Dobbelaere_300dpi.png" title="Brouet_Dobbelaere_300dpi.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Brouet_Dobbelaere_300dpi_m.png" alt="Brouet_Dobbelaere_300dpi.png" style="width:85%" title="Brouet_Dobbelaere_300dpi.png" /></a><center>Carte portant le nom et l'adresse de la firme Dobbelaere - vers 1930 ?<br />Eau-forte d'Auguste Brouet, imprimée par Vernant - 2ème état (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/285.htm">EB 285</a>).</center></div><div>
L'estampe n° <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/285.htm">285</a>
du catalogue, intitulée <em>Le Fripier</em>, n'est mentionnée dans aucune source, si l'on excepte une simple inscription dans le fichier du marchand H. Petiet. C'est une eau-forte en hauteur, qui représente un marchand de rue, fort dépenaillé, campé devant une entrée de cour. La tête tournée vers la gauche, il scrute le lointain : vient-il d'apercevoir un chaland, une affaire est-elle en vue ? Un visage aux traits forts, la moustache hirsute, il porte un fort ballot sur l'épaule et quelques manteaux jetés sur le bras gauche, ainsi que deux chapeaux. Il a lui-même revêtu un pardessus rapiécé, et s'est coiffé d'un chapeau boule passablement défoncé. La cour qu'on devine derrière lui dessert une petite fabrique, ou bien un commerce : on y découvre un
artisan dans son échoppe, motif si fréquent chez Brouet, et quelques sacs
entreposés dans un coin. On est sans doute vers Clichy ou Saint-Ouen.</div><div>La silhouette du marchand de rue est dominée par une large enseigne qui coiffe le portail menant à la cour. Dans l'état connu jusqu'à présent, celui-là même que Petiet a décrit, ce panneau est vierge de toute inscription. D'ailleurs la planche porte une tablette également dénuée de toute lettre.
Dans un second état qui vient de réapparaître (Figure), cette tablette a été coupée, et on a gravé en pied les noms du graveur, Brouet, et de l'imprimeur, Vernant. Et le panneau du portail arbore désormais en une grosse police ostensiblement gothique gravée d'un burin appliqué, un nom, une adresse et cette invitation :
</div><blockquote><h3>R.R. Dobbelaere</h3>
<p>serait honoré de votre visite</p>
<h5>30 avenue de l'Opéra</h5>
</blockquote>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Retif_Dobbelaere_300dpi.png" title="Retif_Dobbelaere_300dpi.png"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Retif_Dobbelaere_300dpi_m.png" alt="Retif_Dobbelaere_300dpi.png" style="width:85%" title="Retif_Dobbelaere_300dpi.png" /> </a><center>Carte pour le tailleur Dobbelaere - vers 1925 ?<br />Eau-forte de Maurice Rétif.</center></div>
<p>Le choix de la police fut il inspiré par l'assonance nordique du nom ? Et d'ailleurs, qui est Dobbelaere ? Une autre carte, d'un tout autre style, nous l'indique. Elle représente, dans un intérieur sobre mais opulent - on notera par exemple le riche travail des croisillons de la fenêtre - un jeune homme qui plastronne dans un frac cossu, devant les yeux aussi approbateurs que satisfaits d'admirateurs de tous âges qui ne peuvent guère être que ses proches. Cette complaisance a une raison, qui est donnée par la légende : <q>son premier costume vient de chez Dobbelaere</q>, ce couturier chic qui habille le tout Paris de l'entre-deux-guerres. Cette seconde planche est due au crayon, ou plutôt la pointe, de l'intéressant dessinateur Maurice Rétif (1887-1966<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/08/18/L-humour-est-tailleur#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup>). Issu d'une famille d'industriels du Cher, fabricants de voitures d'abord hippo- puis automobiles, bien de luxe s'il en était, Rétif était à même de faire valoir la distinction et l'élégance d'un tailleur chic.</p>
<p>On doit donc certainement voir en la planche de Brouet un canular amusant. S'agit-il du réemploi d'un cuivre abandonné, ce qui expliquerait le soin d'abord apporté à cette planche, dont une épreuve de premier état nous suggère qu'elle fut aciérée ? S'agit-il d'une planche-gag exécutée sur commande ? L'origine de ce trait d'humour risque fort de nous rester longtemps inconnue. Mais on y verra sans difficulté un éclair de cette malice que Thomé se plut à rapporter<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/08/18/L-humour-est-tailleur#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> lorsqu'il nous fit le portrait de l'artiste, tout comme il apporte une touche supplémentaire au tableau des camaraderies d'artistes auxquelles on devine Brouet participer volontiers, et que nous décrirons dans un autre billet.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/08/18/L-humour-est-tailleur#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] Rétif décèdera à l'abbaye d'En Calcat sous le nom de Frère Luc. On trouvera une brève biographie de l'artiste <a href="http://www.academie-sabl-dijon.org/celebration/deces-de-maurice-retif-peintre/">ici</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/08/18/L-humour-est-tailleur#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] dans son article dans la revue d'art <em>Atalante</em> (1942), dont on trouvera le texte <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?pages/Auguste-Brouet-%281872-1941%29">ici</a>.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/08/18/L-humour-est-tailleur#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/67Gaston Eychenneurn:md5:238b8237208da834c965b701117b53492018-07-15T20:00:00+01:002018-09-16T16:36:12+01:00Etienne Bartheleau-forteetchingEy chenneEychenneGaston<p>"But he [Brouet] had some friends, notably Georges Godin and Gaston Ey’chenne, both of
whom died prematurely. They were engravers, the latter of great
delicacy."</p>
<p>Clément-Janin, in <em>Print Connoisseur</em>, vol. 5, janvier 1925.</p> <p>La phrase de Clément-Janin, anodine, m'a longtemps laissé perplexe. Qui est Gaston Ey'chenne ? On ne le trouve guère dans les dictionnaires d'artistes, à l'exception de l'IFF<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> avec cette note laconique :</p>
<blockquote><p>Ey'chenne (Gaston) : peintre graveur qui a travaillé pour l'éditeur Hessèle. Il a exposé au Salon vers 1900 des eaux-fortes en couleur intéressantes.</p>
<p>Adresse d'Hessele - Les Petites Legrand, non terminé, 1902.</p>
</blockquote>
<p>Si l'on ajoute une courte notice de Bourcard, qui, en traçant son panorama <em>A travers Cinq Siècles de Gravures</em><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> , précisément publié en 1903, passe d'Ensor à Fantin-Latour en s'arrêtant un instant sur l'eau-forte d'Ey'chenne <em>Le papillon jaune</em> — <q>une habileté de main exceptionnelle et des effets de coloration absolument délicieux</q> — on aura parcouru l'ensemble de ce que les ouvrages de référence disent de cet artiste. </p>
<div class="illustration droite" style="width:50%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Papillon_jaune_Eychenne.JPG" title="Papillon jaune Eychenne"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Papillon_jaune_Eychenne_s.jpg" alt="estampe avec un papillon" style="width:85%" title="Eychenne papillon jaune" /></a><center>Le papillon jaune - 1902.<br />Eau-forte en couleurs, avec métallisation et gaufrage,<br />de Gaston Ey'chenne.<br />BNF, Paris.<br /></center></div>
<p>Et Bourcard d'ajouter :</p>
<blockquote><p>L’artiste est mort à Germain-en-Laye le 13 mai 1902 d’une angine de poitrine, en pleine jeunesse, il avait à peine 25 ans [en fait 29] !</p>
</blockquote>
<p>Ey'chenne disparut ainsi pendant que se tenait le Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup>, qui présentait justement deux de ses eaux-fortes, <em>Petite panthère</em> et précisément ce<em> Papillon jaune - gaufré et reflets métalliques</em>. Ce n'était que sa deuxième participation ! L'année précédente<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> , il avait exposé une <em>Jeune fille, vêtue de noir</em>, une eau-forte... en couleur, naturellement, ainsi qu'une <em>Marchande de pommes de terre (Audierne)</em>, en trois planches repérées, gaufrée et argentée.</p>
<br /><div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Les_petites_Legrand_Eychenne.JPG" title="Charlet"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Les_petites_Legrand_Eychenne_s.jpg" alt="harlet scène d'enfants" style="width:85%" title="Charlet scènes d'enfants" /></a><center>Les petites Legrand - 1902.<br />Eau-forte en couleur de Gaston Ey'chenne.<br />BNF, Paris.</center></div>
<p>A titre posthume, <em>Les petites Legrand</em>, eau-forte non terminée, donc, furent exposées au <em>Premier salon de l'estampe originale en couleur</em><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup> , en 1904, et acquis par l'Etat<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup>. Puis le nom d'Ey'chenne disparut rapidement. En regardant cette grande eau-forte, son sujet ; en songeant aux recherches chromatiques de l'artiste, et à sa disparition si précoce, on ressent de lointaines résonances avec l’œuvre et le destin d'Henri Evenpoel<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup> .</p>
<p>Si Clément-Janin évoque Ey'chenne en 1925, c'est peut-être à cause de la récente disparition de Godin lui-même, en 1917. On ne décrira pas la carrière de Godin ici, qui, d'une toute autre nature, mériterait une étude en propre. Il jouissait d'une fortune personnelle assez considérable et apparaît plus comme un littérateur engagé que comme un artiste abouti. Mais pour cette raison même que nombre de ses amis étaient critiques d'art ou publicistes, le Godin artiste fut en son temps l'objet d'une littérature assez abondante, alors même que de ses oeuvres ne subsistent plus que quelques reproductions dans les revues d'art du début du siècle.</p>
<p>Nous nous intéresserons ici un peu plus à ces relations d'art, et tout particulièrement à ce groupe, à Saint-Germain-en-Laye, <em>l'Esthétique</em>, qu'il fonda et anima quelques temps<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-8" id="rev-pnote-8">8</a>]</sup> . Leur mot d'ordre ? libérer l'Art des carcans académiques, le rendre accessible à tous, toutes idées qui semblent procéder du <em>Aesthetic movement</em> britannique. Godin milite ainsi pour l'estampe en couleur, l'éducation artistique, la décentralisation de l'art, et fonde une revue, intitulée... <em>Le Mouvement Esthétique</em><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-9" id="rev-pnote-9">9</a>]</sup>.</p>
<p>Qui sont les membres de ce groupe ? On rencontre Gabriel Mourey, qui collabore à <em>Studio (Londres)</em> — les noms de Godin, et quelquefois d'Ey'chenne, apparaissent à plusieurs reprises dans cette revue sous la plume de Mourey — et André Mellerio, l'auteur de <em>La lithographie originale en couleur</em> et co-éditeur de l'<em>Estampe et l'affiche</em>, avec... Clément-Janin. Le nom de Maurice Denis apparaît également parmi les proches.</p>
<p>Donc quand Clément-Janin mentionne Ey'chenne et Godin, on doit supposer que c'est d'artistes qu'il a directement connus qu'il parle, et on doit considérer ses affirmations avec sérieux quand il précise<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-10" id="rev-pnote-10">10</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>At this time he [Brouet] lived at Saint-Germain[-en-Laye], in the same house with
the painter, Maurice Denis. He lived on the proceeds from the sale of
his paintings, and occasional commissions for commercial work. But he
had some friends, notably Georges Godin and Gaston Ey’chenne [...] It was thus easy for his two friends to influence Brouet to take up the needle and acid.</p>
</blockquote>
On a déjà constaté par ailleurs l'intérêt des détails que Clément-Janin apporte, et leur crédibilité. Dans le même temps, cet article présente quelques difficultés — le texte anglais a été établi à partir d'un original français par un traducteur ignorant de son contenu, et qui semble avoir travaillé à partir d'un manuscrit peu lisible, d'où corruption de certains passages<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-11" id="rev-pnote-11">11</a>]</sup>...
<p>S'il n'a pas été possible de démontrer que Brouet ait jamais habité à Saint-Germain-en-Laye — et quelles traces pourrait laisser un artiste inconnu, jeune, et pauvre ? — par contre on trouve que la dernière adresse de Ey'chenne, en 1902<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#pnote-12" id="rev-pnote-12">12</a>]</sup> est le 3 rue de Fourqueux, adresse où résida longtemps le jeune Maurice Denis. Cette observation fait donc assez directement écho à l'affirmation de Clément-Janin. Quant à la suite, elle s'accorde assez avec la chronologie que l'on devine par ailleurs : peintre et dessinateur jusqu'à ses 25 ans, Brouet passe à l'eau-forte — en couleur — vers 1897-1898, comme Ey'chenne, et les premiers ensembles de planches aboutis apparaissent vers 1902.</p>
<p>A l'aune de ce qu'on peut deviner d'Ey'chenne et Godin, la remarque de Clément-Janin est donc une notation intéressante, et qui paraît cohérente avec ce qu'on devine par ailleurs de cette période plutôt obscure de la biographie de Brouet. Peut-être des éléments nouveaux pourront un jour la confirmer...</p>
<em>Pour une biographie un peu plus complète d'Ey'chenne, on pourra consulter cette <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?pages/Life-and-work-of-Gaston-Eychenne-%281873-1902%29">page</a>.</em>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] que l'on peut lire <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5489211f/f399.image">ici</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] consultable <a href="https://archive.org/stream/traverscinqsiecl02bour#page/416">ici</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] voir <a href="https://archive.org/stream/catalogueillust1901soci">ce catalogue</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] et <a href="https://archive.org/stream/catalogueillust1902soci">celui-ci</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] à la galerie Georges Petit, sous la présidence de Raffaëlli.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] plus exactement, la famille en fit don (Archives nationales F/21/6972, année 1904).</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] qui ironiquement se trouve <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5489211f/f398.image">juste avant lui</a> à l'IFF.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-8" id="pnote-8">8</a>] sur le groupe l'Esthétique, de Saint-Germain en Laye, voir par exemple cet <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546344k/f6.image">entrefilet</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-9" id="pnote-9">9</a>] que l'on peut lire <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11797313/f3.image">ici</a>. La revue semble n'avoir publié que trois numéros, en 1902.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-10" id="pnote-10">10</a>] Clément-Janin, in <em>Print Connoisseur</em>, vol. 5, janvier 1925.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-11" id="pnote-11">11</a>] voir <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2014/07/25/Toussaint-Brouet%2C-p%C3%A8re-d-Auguste">ce billet</a> antérieur.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#rev-pnote-12" id="pnote-12">12</a>] voir note 4.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/02/06/Gaston-Eychenne#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/64Octave Bernard et l'autre (face de l')Estampe Moderne - IIurn:md5:5d6c2309a24eb325609d94f921bb9bbd2018-05-15T20:00:00+01:002018-05-15T20:00:00+01:00Etienne Barthel<p>En 1929, notre éditeur d'art et auteur dramatique amateur est définitivement admis comme membre de la goguette -
pardon, la Société Artistique et Littéraire - <em>Le Cornet</em>, occasion d'évoquer une autre facette de sa personnalité.</p> <h3>Deuxième partie</h3>
<p>Car la Société <em>Le Cornet</em>, par l'esprit qui y règne<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup>, paraît tant ressembler à notre éditeur qu'elle vaut bien qu'on en parle ! Fondée par Courteline et trois amis au retour de l'enterrement d'un camarade, la goguette se donne comme vocation d'organiser de fréquents dîners<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> où l'on rivalise de drôlerie, d'humour et d'agilité d'esprit, pour le plus grand amusement des camarades. Les dessinateurs et peintres donnent des illustrations pour les menus des dîners, ou bien imaginent pour le bulletin de spirituelles caricatures de leurs camarades. Quelques auteurs en verve brosseront les comptes-rendus de ces charmantes réunions dans la gazette de la société, tandis que poètes, hommes de théâtre ou lettrés, professionnels ou amateurs, déclameront des vers de leur composition. L'organisation des divertissements de cette joyeuse cohorte demande un certain soin, et c'est le rôle du président, régulièrement tiré au sort - aux dés, d'où le nom de la société.</p>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/Cornet_menu.jpg" title="Menu du Cornet, mars 1929"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Documents/.Cornet_menu_m.jpg" alt="Menu du Cornet, mars 1929" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Menu du Cornet, mars 1929, mar. 2018" /></a><center>Menu du Cornet, mars 1929, par Georges Villa. D'après le site <a href="http://parisian-artdiscovery.com/georges-villa.html">Parisian Art Discovery</a>.<br /></center></div>
<p>Ces dîners sont le règne d'un certain intellectualisme bourgeois. Outres des artistes arrivés, les membres sont médecins, commissaires de police<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup> ,... dont beaucoup sont des artistes amateurs. Les poètes et chansonniers du <em>Cornet</em> ne se fendent pas de recherches modernistes, et la forme classique est aussi privilégiée pour le dessin, qui restera longtemps dans la veine de l'humoriste début-de-siècle. Mais rien de politique n'émerge dans cette société-là. C'est la femme qui concentre l'attention un peu voyeuse de nos membres, tous masculins. Car c'est peu dire que le société ne respire pas le féminisme. Nonobstant les œuvres graphiques ou poétique, peu ambigües, voire carrément pâteuse, la présence des épouses aux dîners finit par être admise, mais seulement assez tard dans le siècle, et de façon intermittente. Concernant la participation des strip-teaseuses, cependant, les règles étaient toutes autres... Au delà de la légitime, c'est un autre aspect de la femme que cultivent les membres du <em>Cornet</em>, bien et souvent évoqué par les illustrations qui fleurirent dans les années 20 et 30 en frontispice des menus. Mais nos modernes Gavarni auront détroussé la grisette de cette candeur qui lui tenait lieu de grâce : l'illustration jointe, l'une des plus montrables, en témoigne éloquemment ... Etat d'esprit qu'il est utile de se remémorer pour mieux percevoir certaines finesses de notre société actuelles et la permanence de certains combats...</p>
<div class="illustration droite" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/Tshistovsky.jpg" title="Tshistovsky.jpg"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Autres_artistes/.Tshistovsky_s.jpg" alt="Tshistovsky.jpg" style="width:85%" title="Tshistovsky.jpg, déc. 2017" /></a><center>Lev Tchistovsky - vers 1930 ? - nu féminin - d'une <a href="https://www.auction.fr/_fr/lot/tchistovsky-lev-1902-1969-belles-au-lit-nbsp-1572586#.WiHDqzTjKsw%20?">paire</a>.<br /></center></div><p>Poète ronflant, dramaturge prolifique quoiqu'amateur, et par profession éditeur d’œuvres d'art d'un prix modéré mais de facture solide, partout irrémédiablement classique dans ses choix, pour ne pas dire conformiste, Octave Bernard est parfaitement au diapason de l'institution du <em>Cornet</em>. L'accord est même poussé un peu plus loin... Y avait-il un salon particulier au 14 rue Richelieu ? Car au delà des marines de Lafitte et des <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne">enfants sages de Charlet</a>, d'autres estampes sont publiées par notre chevalier de la légion
d'honneur, qui n'auraient pas déparé à un dîner du <em>Cornet</em>. Et l'"extase mystique" de notre homme<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup> semble plus que jamais proche de celle qu'évoque le président de Brosses lorgnant la Sainte-Thérèse du Bernin... Cette représentation, par exemple, d'une brune créature dénudée, mollement allongée dans un abandon lascif, porte, en haut à droite, l'inscription - un peu narcissique - "Octave Bernard, directeur de l’Estampe Moderne, 14 rue de Richelieu, Paris", outre la signature de l'artiste, Lev Tchistovsky dont les oeuvres d'un érotisme trouble, presque morbide, semblent rencontrer un succès certain. En tout cas, voici un traitement du sujet qui revigore, après les belles langoureusement affalées dans les frou-frou pastels d'Antoine Calbet (1860-1942), qui, arborant la même marque fièrement affichée d'Octave Bernard - directeur - et tirée également à 350, semblent avoir été éditées à la même époque.</p>
<p>C'est d'ailleurs dans un bulletin du <em>Cornet<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> </em> que nous apprenons, en 1934, qu'Octave Bernard est devenu directeur <em>propriétaire</em> de la firme dont il était jusqu'ici directeur administrateur, cette société de l'<em>Estampe Moderne</em> qui, en fait de modernité, s'était faite doubler en trombe, et tant par la droite que par la gauche, au cours des vingt dernières années. Mais, reflet de sa peu commune "force de caractère", rien n'arrêtera la ténacité promotionnelle d'Octave Bernard puisqu'encore en mars
1953, allant vers ses 84 ans, relevant d'une opération récente,
il n'oublie pas de suggérer qu'on indique dans l'annuaire de l'ordre de la Légion d'Honneur<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> qu'il se fera volontiers le "fournisseur éventuel
de ses éditions artistiques et de ses livres de luxe
illustrés". Quelle santé !</p>
Notes:<div class="footnotes">
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] voir par exemple ce <a href="http://blogotobo.blogspot.fr/2014/04/de-neumont-au-cornet-2.html">site</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] voir par exemple l'assistance de <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76523338/f1.item.r=%22Le%20Cornet%22d%C3%AEner.zoom">ce dîner</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] pour plus de détails, on consultera <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6200748x/f10.item.r=%22Le%20Cornet%22d%C3%AEner.zoom">cet article</a> de 1934.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] dans un post-scriptum au <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/[http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH348/PG/FRDAFAN84_O19800035v2804483.htm]">récépissé</a> de paiement des frais d'officier de la Légion d'Honneur. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] voir notre <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne">précédent billet</a>. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] bulletin daté avril 1934. </p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/60Une eau-forte nouvelle d'Auguste Broueturn:md5:6201b06f61307546a816841d8da1343f2018-03-15T20:00:00+00:002018-04-08T20:55:10+01:00Etienne Barthel<p>Événement rare : non pas (seulement) une victoire du Quinze de France, mais, encore plus insolite, une estampe inédite de Brouet. Jusqu'ici parfaitement inconnue, elle vient de refaire surface il y a quelques semaines, à Tours.</p> <div class="illustration gauche" style="width:75%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Marchande_des_Quatre_Saisons.JPG" title="Marchande des quatre-saisons"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Marchande_des_Quatre_Saisons_m.jpg" alt="Marchande" style="width:85%" title="Marchande des quatre-saisons" /></a><center>Un marché de rue - vers 1905 ?<br />Eau-forte d'Auguste Brouet (Ba 62)<br /></center></div>
<p>
Mesurant 250×168 mm, c'est une eau-forte signée, mais non numérotée. Elle est tirée avec soin, sur un vergé de qualité et avec une belle finesse d'encrage. Elle représente une petite longueur de rue commerçante, par une matinée animée. A gauche, la devanture d'un commerce, avec son auvent massif, décoré de victuailles peintes, dans l'ombre duquel on découvre tout un bric-à-brac de quincaillerie - ou bien est-ce un charcutier ? Jouxtant ce magasin, l'entrée sévère d'un immeuble, en pierre de taille, ou plutôt avec ces moulures qui l'imitent. Sous le linteau, zébré d'une méchante fissure, la porte est décorée de panneaux de verre à motifs de palmettes. L'un des battants, ouvert, laisse entrevoir un profond corridor, que l’œil parcourt jusqu'au plein jour de la cour intérieure.</p>
<p>
Un chien en raccourci, au premier plan, ainsi que l'enfilade du corridor mènent l’œil au plan de la scène. Les personnages qui le peuplent forment comme un condensé des motifs favoris de Brouet. Un joueur d'orgue, son instrument sur le dos, entre par la gauche. Sa silhouette n'est pas sans évoquer le <em>Marchand d'habits (2ème planche)</em> (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/19.htm">Ba 19</a>, 1904), Son chemin va contourner une marchande des quatre-saisons et sa carriole à auvent, bigarrée comme un patchwork de sacs et de paniers, qui tour à tour offrent au regard les efflorescences d'une marchandise qui déborde ou les valeurs contrastées de surfaces détourée d'une pointe sûre, aux textures modulées avec art. La marchande sert une cliente à moitié masquée par la voiture, dont elle clôt le motif de sa figure massive. Une seconde marchande, qui fait affaire près de sa carriole, referme à droite cette enfilade. Au premier plan, une jeune fille guide avec précaution les pas d'un tout jeune enfant, qui observe d'un œil circonspect le passage du chien, tandis qu'à l'arrière-plan, on devine la silhouette d'un autre joueur d'orgue, assis au sol et moulinant un air d'une main fatiguée.
</p>
<div class="illustration droite" style="width:60%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Gravures_couleur/Marchand_de_Gui.jpg" title="Marchand de gui"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Gravures_couleur/.Marchand_de_Gui_m.jpg" alt="Marchand de gui" style="width:85%" title="Marchand de gui" /></a><center>Marchand de gui - vers 1907<br />Eau-forte originale en couleur d'Auguste Brouet</center></div>
<p>
Quoiqu'elle paraisse très familière par son thème, cette planche présente de nombreuses singularités. Si on y trouve tous ces personnages populaires de Montmartre qui donnent leur animation si particulière aux planches en noir de Brouet, dès les années 1904-1914, et encore bien plus tard, leur association en si grand nombre dans une seule composition <em>en noir</em> est inhabituelle chez lui. On a l'impression d'avoir <em>deux</em> planches de Brouet en une, comme si on avait voulu combiner, par exemple, le <em>Joueur d'Orgue</em> (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/247.htm">Ba 247</a>) et la <em>Place Blanche</em> (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/52.htm">Ba 52</a>). En fait, la construction de cette planche nous renvoie plutôt au <em>Marchand de Gui</em>, cette estampe originale en couleur de l'année 1907 <sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> dont la composition est très semblable, dans la disposition de la rue, des personnages, du chien<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup>. La taille de cette dernière planche est certes beaucoup plus importante (558×478 mm), mais elle ne fait que souligner les dimensions déjà remarquables de celle-ci, si on la compare aux petites estampes originales en noir de la même période. Dernière caractéristique insolite, le trait est du plus grand lâché. La matière est bien celle de Brouet, mais par une observation détaillée, on retire une impression de travail rapide, de construction moins précise des masses que dans d'autres travaux.</p>
<div class="illustration gauche" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/Marchande_des_Quatre_Saisons_zoom1.JPG" title="Marchande des quatre-saisons"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Brouet/.Marchande_des_Quatre_Saisons_zoom1_m.jpg" alt="Marchande" style="width:85%" title="Marchande des quatre-saisons" /></a><center>Un marché de rue (détail) - vers 1905 ?<br />Eau-forte d'Auguste Brouet</center></div>
<p>
Il n'y a aucune indication, ni apparente sur l'épreuve, ni dans la littérature sur cette œuvre, dont on trouve reproduite ici l'unique épreuve connue. Que peut-on en dire ? Peut-être un essai à taille réduite pour une planche en couleur, une première pensée pour la grande planche en couleur du <em>Marchand de Gui</em> ? En comparaison de la nôtre, la composition de cette dernière, qui accueille un nombre bien plus grand encore de personnages, est en effet enrichie d'une large tache biscornue d'ombre portée, sur le pavé à gauche. Cette ombre, ainsi que la figure du marchand, et encore plus la brassée de gui qu'il transporte<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> , matérialisant le premier plan à droite, brisent la régularité d'une composition plane et frontale, que Brouet a peut-être voulu dynamiser par ces choix. Ou à l'inverse, s'agit-il d'un premier essai de planche en noir ? Est-ce par exemple un précurseur de <em>La Boucherie</em> (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/16.htm">Ba 16</a>), qui présente de nombreux éléments communs, mais dont les volumes apparaissent tout autres grâce à l'utilisation de la perspective diagonale ? Avant que le métier ne s'affirme et que le travail ne condense la planche et le dessin en ces petites pièces, ces groupes de marchands et ces petites scènes d'artisans au travail, qui nous si familiers ? Impossible de l'affirmer avec certitude en l'absence d'éléments supplémentaires : tout au plus cette planche nous permet-elle de pousser un peu plus loin la réflexion sur le travail de l'artiste et son développement<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup> .</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] Catalogue de l'Exposition de la Gravure originale en couleur, galerie Georges Petit, 1907.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] Pour un intéressant jeu des différences, cherchez, dans un ordre de difficulté croissant : le chien, le joueur d'orgue, l'enfant et sa sœur, la voiture des quatre-saisons et sa marchande, le second joueur d'orgue. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] Pour ce personnage, voir la planche en noir <em>Le Marchand de gui</em> (<a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/12.htm">Ba 12</a>) qui suscite des questions analogues. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] Dans la logique du catalogue, on lui aurait attribué quelque chose comme le numéro <a href="http://www.auguste-brouet.org/Catalogue/Pages/17.htm">Ba,
17,5</a>, mais le premier <em>entier</em> disponible étant plus loin, elle portera
le numéro Ba 62. </p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2018/03/10/Une-nouvelle-eau-forte-de-Brouet#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/65Octave Bernard et l'autre Estampe Moderne - Iurn:md5:a294ebf569b91aed6211b07a2a9fca092018-01-15T07:46:00+00:002023-08-13T15:26:02+01:00Etienne Barthel<p>Samedi 3 juillet 1926 - il y a un banquet au Vieux
Logis, 33 rue Lepic, au coin de la rue de Maistre. On y fête un évènement de première importance : la nomination au grade de Chevalier
de la Légion d'Honneur de l'administrateur-directeur de la Société
l'<em>Estampe Moderne</em>, Octave Bernard.</p> <p>En plein Montmartre, la salle du restaurant " le Vieux Logis", deux fois centenaire, est empreinte d'un confort bourgeois, quoiqu'aménagée dans un style... d'auberge paysanne ; chaleureuse, avec ses poutres apparentes, tout comme les spécialités maison, le foie gras « l'Alzou », le filet de sole « Mimi Pinson » ou l'escalope « Vieux Logis ». Avant les desserts et les « Gourmandises des Abbesses », Le Garrec, un peu échauffé par les vieux Bourgogne, fit une allocution de circonstance et félicita le nouveau chevalier, qui lui donna en retour du "Mon Cher Président !"...</p>
Les Bernard sont des Alsaciens et c'est à Haguenau que naquit Octave, le 5 avril 1869 au foyer d'Adolphe Bernard, agent voyer, originaire de Strasbourg. Mais à peine un an plus tard, l'Alsace est envahie puis annexée et la famille émigre. Installés d'abord à Mortain, dans la Manche, où ils optent pour la nationalité française, on les retrouve à Paris en 1889. De novembre 1890 à février 1893, il fait son service militaire. Son grade de dragon de seconde classe au 30<sup>ème</sup> régiment, alors en garnison à Saint-Etienne, ne semble pas lui avoir insufflé la passion des armes. Mais il mit plus tard à profit ses souvenirs de régiment, comme dans une scènette parue dans le <em>Pêle-Mêle</em> du 25 avril 1897, où l'on voit comment, chez les militaires, une jeune recrue peut se mettre dans de beaux draps... au sens "propre"<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#pnote-1" id="rev-pnote-1">1</a>]</sup> ! Une version de poche du <em>Sous-Off</em> de Descaves, paru lui en 1889, en quelque sorte.
<p>Car dès son jeune âge Octave Bernard aima la littérature, et n'aura de cesse d'écrire des pièces de théâtre. Ce sont de petites oeuvres légères, le plus souvent en un acte. D'ailleurs, sa première pièce identifiée, intitulée <em>Amour et gendarmerie</em> , fut créée au Grand-Théâtre de Saint-Etienne, sa ville de garnison<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#pnote-2" id="rev-pnote-2">2</a>]</sup>, le 28 janvier 1893<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#pnote-3" id="rev-pnote-3">3</a>]</sup> , c'est-à-dire quelques jours avant son congé du service. La même année, il écrit <em>Maîtresse à quatre !!</em>, comédie-bouffe en trois actes, en collaboration avec un certain Eugène Blaringhem. On ne peut que regretter que la pièce semble n'avoir jamais connu le jour<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#pnote-4" id="rev-pnote-4">4</a>]</sup>, car le titre invitait à en connaître mieux la teneur ! Mais on se rattrapera avec ce petit poème en prose, qui paraît sous sa plume le mois suivant dans <em>L'Echo des Jeunes</em><sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#pnote-5" id="rev-pnote-5">5</a>]</sup></p>
<blockquote><p>L'AIMEE NOUVELLE<br />Jamais nuit blanche ne fut pour moi plus délicieuse !<br />Tandis que vaguement, j'entendais se succéder, dans leur monotonie, les heures, l'avenir m'apparaissait radieux sous l'enchantement divin d'un rêve.<br />Après ces quelques instants bénis où je l'avais revue, — ô combien vite passés, hélas! — j'étais heureux de me retracer leur agréable souvenir dans un peu de solitude.<br />Solitude charmante dans laquelle il me semblait n'avoir jamais été moins seul!<br />Ma pensée tout entière n'était-elle pas vers elle! Un indéfinissable frisson de plaisir parcourait tout mon être... Je la voyais près de moi, souriante, et la contemplais comme en une extase mystique.<br />[...]<br />Involontairement alors, je murmurais en moi, en une harmonie chantante, ce vers du Passant :<br />Que l'amour soit béni, je puis pleurer encore !<br />OCTAVE BERNARD. </p>
</blockquote>
<p>Peu de temps après, ce "sympathique collaborateur" devient également secrétaire de rédaction<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#pnote-6" id="rev-pnote-6">6</a>]</sup> de cette publication littéraire peu sourcilleuse<sup>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/#pnote-7" id="rev-pnote-7">7</a>]</sup>, qui rassemble poètes, écrivains et chansonniers dans un esprit léger, laissant la part belle à une plaisante camaraderie.</p>
<p>Mais ce n'est pas par ses pièces ou ses vers qu'Octave Bernard subvient à ses besoins. Pour s'assurer des ressources suffisantes, il occupe un emploi de bureau. Entré chez Goupil, l'éditeur d'estampe, notre dynamique jeune homme ne tarde pas à être promu chef de service. Ainsi établi, il épouse en 1899 la jeune Marguerite, qui ne semble pas avoir été rebutée par le lyrisme un peu ampoulé de son soupirant. A Asnière où le couple s'installe naîtront deux fils en 1901 et 1904, Jean et Jacques : pour les prénoms aussi, on est très classique chez les Bernard.</p>
<p>C'est à cette époque qu'Octave Bernard change de patron sans changer de commerce et rejoint la galerie Georges Petit, où il prend la responsabilité du service des estampes. A partir de 1904, on trouve les traces de son action vigoureuse en faveur de l'estampe en couleur au sein de la Galerie Georges Petit. En particulier il signe plusieurs préfaces aux catalogues des <em>Expositions de la Gravure Originale en Couleur</em>, une des principales entreprises de promotion de la technique, avec Raffaelli en porte drapeau et Octave Bernard en éminence grise. A eux deux, ils sont certainement parmi les principaux responsables de l'essor de l'eau-forte en couleur à cette époque.</p>
<div class="illustration droite" style="width:40%"><a href="http://rep.auguste-brouet.org/public/Gravures_couleur/scene-d-enfants.jpg" title="Charlet"><img src="http://rep.auguste-brouet.org/public/Gravures_couleur/.scene-d-enfants_s.jpg" alt="harlet scène d'enfants" style="width:85%" title="Charlet scènes d'enfants" /></a><center>Les enfants - vers 1920<br />Eau-forte en couleurs de Frantz Charlet (440 × 335 mm)<br />éditée par l'<em>Estampe Moderne</em>.<br /></center></div>
<p>Comme on le sait, la guerre est propice au commerce. La galerie Georges Petit se sépare, à partir de 1917 de ses activités "estampes", qui prennent leur autonomie sous la forme d'une société par action dont Octave Bernard est directeur. On voit également apparaître différentes personnalités de l'estampe dans le rôle de président. Quelles arrières-pensées présidèrent au choix de la raison sociale l'<em>Estampe Moderne</em> ? Il est difficile de le deviner. Si les liens stylistiques avec la publication fin-de-siècle homonyme, due à Piazza et Masson sont peu évidents, par contre la filiation avec la galerie <em>Georges Petit</em> est elle très ouvertement revendiquée.</p>
Les articles de périodiques et les catalogues de l'<em>Estampe Moderne</em> nous permettent d'explorer les œuvres commercialisées par la galerie. Le style de la maison oscille entre des paysages épanouis, jardinés avec la manière par ces artistes emblématiques que sont Latenay, Luigini - lui aussi un temps président de la société -, Henri Jourdain et quelques autres, les scènes de genre intimistes, arrangées avec délicatesse par Frantz Charlet et ses émules et enfin des œuvres destinées à la décoration du boudoir, gravures acidulées qui qui offrirent un plein succès à la veine Art Déco de Icart, Grellet, et tant d'autres. Certes, les sujets et la forme sont rarement d'un modernisme aventureux, mais on doit convenir qu'à regarder ces estampes en détail, on se surprend a les trouver souvent d'excellente facture, nombre d'entre elles démontrant de réelles qualités esthétiques. Bien sûr, la vocation décorative de ces productions est patente, et les œuvres n'échappent pas au soupçon de conformisme, ainsi avec Lafitte amateur de sujets "bateau", sans même parler de Chabanian et quelques autres... Mais elles rencontre un succès évident, et après presqu'un quart de siècle d'effort pour assurer l'essor puis animer le marché de
l'eau-forte en couleur, Octave Bernard est récompensé par une médaille d'or à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925, qui lui vaudra sa nomination au grade de chevalier de la légion d'honneur, sur proposition du ministère de l'industrie.<br />Dans cet espace de coloris joyeux et de thèmes primesautiers, la galerie conserve à son catalogue un artiste adepte de l'estampe en noir, avec laquelle il traite de sujets populaires : Brouet. Pourquoi cette exception ? Nous en traiterons à l'occasion.<br /><br /><em>On donnera la non moins intéressante suite de l'histoire de l'</em>Estampe Moderne<em> et d'Octave Bernard dans un <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2017/12/24/Octave-Bernard-et-l-autre-Estampe-Moderne-II">prochain billet</a>.</em><br /><div class="footnotes"><h4>Notes:</h4>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#rev-pnote-1" id="pnote-1">1</a>] <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5514461s/f3.item.r=%22octave%20Bernard%22.zoom">Pêle-Mêle du 25 avril 1897</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#rev-pnote-2" id="pnote-2">2</a>] voir ce <a href="http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/doc/ALOES/2305931/30eme-regiment-de-dragons-st-etienne-1904">recueil de photographies</a> un peu plus tardif.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#rev-pnote-3" id="pnote-3">3</a>] selon <a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/[http://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000635686?highlight=Createur:%20%22Bernard,%20Octave%22&posInPage=0&bookmark=e48e3cc7-2eb1-4096-992f-bc14a5a68392&queryid=5e14d70b-cecd-40e0-8286-20e15556a921&searchType=]">cette édition</a>.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#rev-pnote-4" id="pnote-4">4</a>] annoncée dans cette <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54879273/f6.image.r=Octave%20Bernard?rk=171674;4">feuille</a>, on n'en trouve plus trace par la suite.</p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#rev-pnote-5" id="pnote-5">5</a>] numéro du 15 mars 1894. </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#rev-pnote-6" id="pnote-6">6</a>] <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5487947v/f1.image.r=Octave%20Bernard?rk=643780;0">numéro du 1er novembre 1894.</a> </p>
<p>[<a href="http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#rev-pnote-7" id="pnote-7">7</a>] Moyennant 5 centimes la ligne, elle insère <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5487947v/f8.image.r=Octave%20Bernard">"toutes les pièces correctes, prose ou vers, qui lui sont adressées"</a>.</p>
</div>http://rep.auguste-brouet.org/index.php?post/2016/11/05/Octave-Bernard-et-l-Estampe-Moderne#comment-formhttp://rep.auguste-brouet.org/index.php?feed/atom/comments/15